Vivre à Manhattan Beach ne permet pas seulement d’être voisin de Blake Griffin, Ettore Messina et Pau Gasol. Cela permet aussi quand on est le correspondant de Busa de se goinfrer de Staples Center.
L’heure de la mi-saison a sonné, on a déjà fait notre Top 16 collectif mais expertise du terrain aidant, on s’est dit qu’un petit bilan individuel des deux formations angelinos aurait sa place. A priori on retrouvera les deux en playoffs.
Place aux Clippers pour commencer, leaders de la Pacific division et 3ème à l’Ouest.
Blake Griffin (21,4 pts, 11,4 rbds, 53,9% aux tirs mais aussi aux LF)
Il est intronisé en dernier par le speaker, est encore le plus applaudi et également leader des ventes de maillots de la franchise. Blake reste l’attraction n°1 des Clippers. Il incarne Lob Angeles. Attendue comme la saison de la confirmation, la campagne post lock-out du All Star se révèle être une complète réussite pour l’instant. Le plus prolifique et spectaculaire dunkeur de la ligue a bossé l’été dernier. Son jeu dos au panier est plus varié, son fade away avec la planche démontre des fondamentaux insoupçonnés jusque-là et son shoot à 5 m est devenu fiable. Son arsenal fait aujourd’hui dire à Gregg Popovich qu’une fois « qu’il aura encore plus bosser son tir, il sera impossible à défendre. Rien ne l’arrêtera.» Seul gros hic, ses vendanges aux lancers. Sa maladresse a coûté la victoire à Dallas et l’empêche d’être une option dans les dernières possessions cruciales.
Chris Paul (19,2 pts, 8,6 assitsts, 2,3 steals, 44% à trois points)
Pour ses comparses étoilés, il est le meilleur meneur de la ligue. Son dribble et sa capacité de fixer sont sans équivalent, son shoot primé est une vraie menace et sa vision du jeu est intelligente. CP3, c’est la classe. Sur et en dehors du parquet. Mais. Car évidemment il y a « mais » après une salve de compliments. Sans son grand frère Chauncey Billups, l’ex-Frelon est trop seul dans les moments bouillants. Blake incapable de faire 2/2 sur la ligne de réparation et Caron Butler bien plus efficace en première mi-temps qu’en seconde (merci les six mois sur le flanc), le leader de l’équipe pleure Mr Big Shoot. Car le constat est là, il n’est pas irréprochable dans le money-time. Quand le bateau coule, il n’est pas tout le temps le premier à le relever. CP3 dirige, mène, ordonne mais ne commande pas. Pas encore.
Caron Butler (14,3 pts, 4 rbds, 43% aux shoots en 32 minutes)
Ses stats reflètent mal son impact et l’impression de facilité que son shoot soyeux infuse. Gravement blessé la saison passée, l’ancien All Star des Wizards a retrouvé son niveau et c’est déjà une belle victoire. Car quand le front office des Clippers a sorti le chéquier pour lui, les railleries dubitatives fusaient. L’ailier fait encore partie des plus techniques et esthétiques de la NBA : son shoot en sortie d’écran est d’école. Il a une caravane aux fesses sur son premier pas, mais sans lui les Clippers n’auraient pas leur bilan actuel. Quand il passe à côté, comme mardi soir contre les Wolves, l’escouade entière patine. Condition physique encore imparfaite aidant, il a une fâcheuse tendance à s’écrouler en seconde période.
Mo Williams (13,5 pts, 3,3 assists, 43% aux shoots)
Mo peut encore rêver du trophée de meilleur 6e homme. Joueur de série et de rythme, Williams est capable de tuer un match à lui seul. Shooteur dans l’âme, il se contente de quelques lobs pour gonfler ses stats à la passe. Soliste, il est le plus isolé des gros noms dans le vestiaire. Et de loin. Mais malgré sa défense en bois, son apport est essentiel à l’équipe. Les Clippers ont besoin de ses points et de son drive.
Randy Foye (8,4 pts, 34% aux tirs et 2,4 assists en 23 minutes)
Vinny Del Negro l’adore. A la blessure de Billups, il n’a pas hésité une seconde à le mettre dans le cinq majeur. Pitbull explosif, gros défenseur et coéquipier idoine, Foye justifie la confiance de son coach. Au moins dans le cadre de ce qu’il lui demande. Pour la première fois de sa carrière NBA, l’ex-Wolf a de vraies responsabilités dans une équipe du top 4 de sa conférence. Irréprochable dans l’envie, il affiche cependant de grosses lacunes : son shoot est faible, il provoque peu de fautes et son jeu de passe est trop médiocre pour un starter d’un prétendant à la finale de conférence. Honnêtement, nous ne sommes pas convaincus.
DeAndre Jordan (8 pts, 9 rbds, 2,6 contres, 48,2% aux LF)
Son contrat risque de remettre sur le parquet le sempiternel débat sur sa valeur ajoutée. Vaut-il ses 10 millions par saison ? DJ a ses fans, y compris parmi nos confrères. Bon défenseur, impeccable en deuxième rideau, il a progressé au rebond et tutoie la barre des 10 prises de moyenne, son objectif à l’aune de la saison. Spectaculaire, il sied à Lob City et sa mentalité est un vrai bonheur au quotidien pour ses coéquipiers. Seulement voilà, Jordan a les mains carrés et le toucher d’un bûcheron. Nullissime aux lancers (ça frôle la faute professionnelle) il est rarement décisif. Les Clippers sont fournis en scoreurs, mais sa faiblesse à la passe prive Del Negro d’une option au poste bas comme fixation. Pour nous, DJ ne sera jamais un pivot « dominant » comme son voisin de vestiaire Andrew Bynum par exemple.
Kenyon Martin (5 pts, 4 rbds et 43,8% aux LF en 21 minutes)
Le Chinois a du mal depuis son come-back. L’empire du milieu ne l’a pas rendu plus solide aux shoots, le mal éternel de cet énorme défenseur-rebondeur. Plus les matchs passent et plus il est transparent après des débuts prometteurs. Son tir à mi-distance est une blague et aux lancers, c’est de mal en pis. Pas vraiment complémentaire de Reggie Evans, K-Mart doit apporter plus et il le sait. Le peut-il ? On attend encore un peu avant de répondre à la question.
Trey Thompkins (3,3 pts à 36,4%)
Dur, dur pour le rookie de se faire une place au soleil. Quand K-Mart a signé, il a pris la place de Billups dans le vestiaire et devinez qui en a fait les frais ? Le bleu évidemment. Ses deux matches de pré saison ne furent qu’un leurre, il cire le banc et sans entraînement, difficile pour lui de progresser. Il devra attendre le training camp de l’automne prochain. Le talent, il l’a. La caboche est solide et l’éthique impeccable. Ce n’est donc qu’une question de temps.
Ryan Gomes (2,6 pts, 14,8% à trois points, 14 minutes)
La grosse déception de la saison jusque-là. Titulaire la saison passée, il est réduit au rang de faire valoir. Pourtant avec Butler, c’est le seul véritable ailier pur de l’effectif. La confiance le fuit, les doutes polluent son jeu et comme quand il a eu sa chance, il s’est troué. Le potentiel est là. Mais dans cet effectif désormais construit pour les sommets, il va lutter pour retrouver un statut.
Reggie Evans (5,5 rbds, 1,8 point en 15 minutes)
Le souriant Reggie aux dents de fermier septuagénaire est devenu le chouchou du Staples. Des « Reggie, Reggie » saluent ses sorties, il faut dire que le rebondeur en donne pour son argent à ses admirateurs. Impérial au rebond offensif, il est inexistant en attaque mais Del Negro s’en moque. En playoffs, il sera essentiel.
Brian Cook (2,1 pts, 18% à trois points)
Lors de la conférence de presse de présentation de CP3, Del Negro prévenait : « On a des options sur le banc, même si on cherche à se renforcer. Brian depuis le début du camp d’entraînement est énome, il ne rate pas un shoot ». Il a dû épuiser son quota car depuis il enfile les briques.
Eric Bledsoe (0,7 pt en 6 minutes)
On a mal au coeur pour lui. De retour de blessure, il galère et ça se voit. Hors de rythme et de confiance, il est l’ombre du joueur convaincant de la saison passée. Comme Gomes, il devrait quitter les Clippers cet été s’il ne veut pas reperdre un an. Derrière CP3 et Mo, la minutes vaut cher.
Solomon Jones (parti aux Hornets), Courtney Fortson (coupé) et Travis Leslie ne méritent rien d’autre qu’un Nota Bene « oui au fait, ils sont aussi dans l’effectif ».
Chauncey Billups, si précieux, n’est plus là…