Depuis maintenant plus d’une décennie, Basket USA vous propose (presque) chaque mardi son Top 5 des candidats au trophée de « Most Valuable Player (MVP) ». Après deux semaines de pause, dues au All-Star Break, reprise de nos bonnes habitudes pour cette dernière ligne droite de la saison, alors qu’il ne reste (déjà) plus qu’un petit mois de saison régulière.
Pour l’heure, c’est Nikola Jokic qui semble tenir la corde et qui fonce tranquillement vers un nouveau sacre, pour ce qui serait ni plus ni moins que son troisième titre de MVP consécutif ! Un exploit que seuls Bill Russell (1961, 1962, 1963), Wilt Chamberlain (1966, 1967, 1968) et Larry Bird (1984, 1985, 1986) ont accompli par le passé.
Pourtant, avant que le « Joker » des Nuggets ne vienne installer son hégémonie sur le nouveau « Michael Jordan Trophy », neuf autres joueurs ont eu la possibilité de réaliser ce rarissime triplé : Kareem Abdul-Jabbar, Moses Malone, Magic Johnson, Michael Jordan, Tim Duncan, Steve Nash, LeBron James, Stephen Curry et enfin Giannis Antetokounmpo.
Les anomalies Kareem Abdul-Jabbar et Michael Jordan ?
Récompensé en 1971 et 1972 avec les Bucks, puis en 1976 et 1977 avec les Lakers, Kareem Abdul-Jabbar a, par deux fois, échoué à ajouter une troisième statuette de suite à son palmarès. Lui, le recordman de trophées de MVP (six), s’est d’abord heurté à Dave Cowens en 1973, puis à Bill Walton en 1978. Mais c’est bien en 1973 que « KAJ » a été le plus proche de boucler le triplé, grâce à ses prouesses individuelles et collectives, sauf que les votants lui ont préféré l’impact de « Big Red » sur les résultats de Boston…
Autre intérieur dominateur des années 1970/1980, Moses Malone a de son côté triomphé en 1982 puis 1983, à chaque fois au nez et à la barbe de Larry Bird, mais c’est ensuite ce même « Larry Legend » qui l’a privé d’un troisième titre consécutif. Un triplé que l’ailier des Celtics n’a d’ailleurs pas manqué de réaliser, une fois qu’il a mis la main sur cette prestigieuse récompense.
Pour Magic Johnson, rival historique de Larry Bird, sacré en 1989 puis 1990, c’est l’ascension d’un Michael Jordan lancé vers sa première bague qui l’a empêché de réussir la passe de trois en 1991, pour ce qui restera comme sa dernière saison au plus haut niveau (séropositivité oblige). Celle-ci se sera achevée au stade des Finals, sur une défaite face aux Bulls de « MJ », véritable cauchemar de « Magic » en 1990/91…
Un Michael Jordan qui, étonnamment et malgré la retraite anticipée du meneur du « Showtime », n’est pas non plus parvenu à accomplir le « Three-Peat », pour ce qui est du trophée de MVP. La faute en est à son (ancien) grand ami Charles Barkley, auteur d’un magnifique (premier) exercice 1992/93 avec les Suns, malheureusement terni par un échec lors des Finals, contre… Chicago. La preuve que « His Airness » sait toujours comment obtenir sa revanche.
LeBron James victime de la lassitude (et de ses choix) ?
Il faudra ensuite attendre dix ans pour revoir un doublé et il est l’œuvre de Tim Duncan, en 2002 puis 2003. Leader indiscuté des Spurs, malgré la présence d’un David Robinson au crépuscule de sa carrière dans l’effectif, il avait pour lui d’être, chaque année, un candidat sérieux au titre. Mais Kevin Garnett était tellement étincelant en 2003/04 que « Timmy » ne pouvait que s’incliner et oublier ses rêves de triplé.
Pour Steve Nash, peut-être auteur du « Re-Peat » le plus contesté de l’histoire en 2005 puis 2006, ce n’est autre que son ancien coéquipier Dirk Nowitzki, rayonnant avec les Mavericks (avant de sortir par la petite porte au premier tour des playoffs…), qui l’a privé d’un troisième sacre de rang en 2007. À une époque où l’impérialisme américain commençait à être remis en cause par un Allemand (Nowitzki), un Canadien (Nash), un Français (Tony Parker), voire un Espagnol (Pau Gasol).
C’était sans compter sur LeBron James qui, par deux fois en 2009 et 2010 puis 2012 et 2013, a ajouté son nom au palmarès du MVP. Performant chaque saison, avec Cleveland ou Miami, il prétendait constamment à la récompense individuelle suprême, mais cela a aussi fait naître une forme de lassitude chez les votants. D’autant que le changement d’équipe du « King » n’a pas non plus joué en sa faveur en 2011, face à Derrick Rose. En 2014, il était en revanche difficile de passer outre les exploits de Kevin Durant avec le Thunder.
Des exploits, Stephen Curry en deviendrait également un spécialiste à partir du milieu des années 2010, ce qui lui vaudrait de triompher en 2015, puis surtout en 2016 (premier MVP élu à l’unanimité, à l’issue d’une saison régulière record en 73-9). Sauf que l’arrivée d’un certain Kevin Durant chez les Warriors à l’été 2016 allait avoir raison des chances de triplé du meneur en 2017, qui aurait de toute manière difficilement pu lutter avec le triple-double de moyenne d’un Russell Westbrook héroïque (et orphelin de… Durant).
Nikola Jokic pour l’histoire ?
C’est alors que les joueurs internationaux ont décidé de hausser le ton. À commencer par Giannis Antetokounmpo qui, en 2019 puis 2020, a décroché le « Michael Jordan Trophy » avec les Bucks. Tel un LeBron James avant lui, le « Greek Freak » est l’excellence et la régularité incarnées, mais ses prestations sont aujourd’hui banalisées.
Ce qui profite à des joueurs eux aussi performants, comme Nikola Jokic. En 2021, celui-ci mettait la main sur le titre pour briser l’hégémonie de Giannis Antetokounmpo, puis en 2022, il se montrait tellement « valuable » que même la 6e place à l’Ouest n’était guère problématique pour les votants.
Reste que la meilleure version du Serbe, un phénomène unique en son genre et pour son poste, est bien celle que l’on observe au cours de cet exercice 2022/23. Enfin entouré comme il se doit et en triple-double de moyenne, dans son rôle de « point center », il guide surtout Denver au sommet de sa conférence et le meilleur bilan de la ligue est désormais à portée de main.
Dans ces conditions, peut-on réellement imaginer un scénario où Nikola Jokic ne remporte pas un troisième trophée de MVP consécutif ? Rejoignant par conséquent Bill Russell, Wilt Chamberlain et Larry Bird dans le cercle ultra fermé des triples vainqueurs de cette prestigieuse distinction…
COURSE AU MVP 2023 : NOTRE TOP 5
1 – Nikola Jokic (Nuggets)
Bilan : 46 victoires, 19 défaites – 1er à l’Ouest.
Matchs : 57 disputés sur 65 possibles.
Stats : 24.4 pts, 11.8 reb, 10.0 pds, 1.2 int, 0.7 ctr et 3.5 pdb en 34 min.
Pourcentages : 63% aux tirs, 40% à 3-pts et 82% aux lancers.
2 – Giannis Antetokounmpo (Bucks)
Bilan : 46 victoires, 18 défaites – 1er à l’Est.
Matchs : 52 disputés sur 64 possibles.
Stats : 31.2 pts, 11.9 reb, 5.5 pds, 0.7 int, 0.8 ctr et 3.9 pdb en 33 min.
Pourcentages : 54% aux tirs, 28% à 3-pts et 65% aux lancers.
3 – Joel Embiid (Sixers)
Bilan : 42 victoires, 22 défaites – 3e à l’Est.
Matchs : 51 disputés sur 64 possibles.
Stats : 33.2 pts, 10.2 reb, 4.1 pds, 1.1 int, 1.5 ctr et 3.5 pdb en 35 min.
Pourcentages : 54% aux tirs, 35% à 3-pts et 86% aux lancers.
4 – Jayson Tatum (Celtics)
Bilan : 45 victoires, 21 défaites – 2e à l’Est.
Matchs : 61 disputés sur 66 possibles.
Stats : 30.3 pts, 8.9 reb, 4.8 pds, 1.0 int, 0.8 ctr et 3.0 pdb en 38 min.
Pourcentages : 46% aux tirs, 35% à 3-pts et 86% aux lancers.
5 – Luka Doncic (Mavericks)
Bilan : 33 victoires, 32 défaites – 7e à l’Ouest.
Matchs : 55 disputés sur 65 possibles.
Stats : 33.4 pts, 8.7 reb, 8.1 pds, 1.5 int, 0.5 ctr et 3.7 pdb en 37 min.
Pourcentages : 50% aux tirs, 35% à 3-pts et 74% aux lancers.
Mentions : Domantas Sabonis (Kings), Ja Morant (Grizzlies), Julius Randle (Knicks)…