Entre Michael et Phil, il n’y a pas que le patronyme qui rassemble. Le nom de leur dernier spectacle également: this is it ! MJ aurait dû baisser le rideau à Londres, PJ prévoyait Los Angeles, ça sera finalement Dallas. L’un ne sera finalement qu’un film, l’autre un dernier récital manqué.
Le maître zen trahi par ses troubadours, le Montana lui tend-t-il les bras ?
« Je n’ai aucune indication qui me laisse croire le contraire », lançait dimanche soir Mitch Kupchak.
L’heure de la retraite semble avoir vraiment sonné pour le sexagénaire aux 11 bagues, aspirant à la quiétude de son chalet.
« Si on perd, ça sera mon dernier match », lançait-il dimanche quelques heures avant la débâcle du Game 4.
11 titres, 13 Finals en 20 ans
The show must go on chantait Freddie Mercury, le GM angelino aspire au calme avant de décider du futur de la franchise. L’ironie a toujours été le meilleur allié médiatique de coach Phil, sa dernière sortie évitera l’épice de l’ambiguïté : « On sait tous que les Lakers se relèvent toujours. Ils survivent tout le temps. »
« On s’est parlé brièvement, je l’ai remercié pour tout ce qu’il a fait pour la franchise. C’était un plaisir de travailler avec lui. Chaque coach dans cette ligue bosse jour et nuit, je ne dirai pas qu’il travaillait plus, mais au moins autant ça oui. Mais il avait quelque chose de spécial, l’instinct.«
Kupchak ne s’est pas encore lancé dans l’hagiographie du gourou aux trois Threepeat, mais voilà qui ressemble fort à un hommage d’adieu. Devant ses cinq enfants, venus à Dallas pour une occasion a priori spéciale, Jackson en prend 36 dans les gencives pour un coup de balai ponctuant 20 saisons de coaching en NBA, pour 11 titres et 13 Finals. Son plus grand regret immédiat ?
« Je m’en vais sur une amende de 35 000 dollars de la NBA, ce n’est pas plaisant d’avoir ce sentiment d’être poursuivi jusqu’au bout de l’autoroute. Mais comme disait Nixon, « vous ne serez plus capable de me taper dessus« . »
Kobe Bryant se sent orphelin
Le message est clair, le Mavsgate sera l’ultime note, et unique grosse tâche, du père fondateur de deux mythes, sa Majesté et Kobe.
« C’est dur de mettre des mots sur ce qu’il a fait pour moi, ce qu’il m’a apporté. J’ai grandi avec lui, ma perception et mon approche du basket et de la vie en général sont très inspirées des siennes, j’ai passé tellement de temps avec lui. Donc là, ça me fait bizarre de penser à la saison prochaine sans qu’il soit là« , commente le MVP des Finals 2009 et 2010.
Fisher : « on ne pourra jamais lui rendre ce qu’il nous a apporté »
Si certains comme Ron Artest (« je ne le croirai que quand je le constaterai de visu, car avec lui on ne sait jamais« ) ou Rick Carlisle (« il va se retirer un temps mais finira par s’ennuyer à fumer du peyote et méditer dans le Montana ») ne sont pas encore convaincus du retrait définitif du plus grand coach de l’histoire de la ligue avec Red Auerbach, Derek Fisher amorce déjà une lente et difficile digestion.« Quand le groupe va réaliser dans les prochaines 12, 24 ou 36 heures qu’on vient peut-être de jouer le dernier match avec le meilleur coach de tous les temps, pour certains ça va être compliqué à avaler. Jamais je ne pourrai le payer en retour pour tout ce qu’il a fait pour moi, la ville et la franchise. Il n’y aura jamais un autre Phil Jackson et quel que soit son successeur, il va nous manquer. Mais il mérite de penser à lui et une retraite dorée, on ne veut que son bonheur. Nous lui sommes reconnaissants. »
Le meneur de 37 ans ne sait pas encore s’il sera un Laker la saison prochaine, donc autant faire la louange à chaud. Celle là est haut de gamme. A l’image de la carrière exceptionnelle de Phil Jackson. On attendra encore un peu pour se lancer dans le roman d’un vie, version Busa. Comme Kupchak va aussi patienter pour penser au futur et se pencher sur le cas de l’après Phil.
« Je ne suis pas encore prêt pour ça.«
Los Angeles non plus.