« Je n’ai jamais entendu une histoire comme ça, comme la mienne. C’est sidérant. Moi-même, je ne crois pas à mon histoire, pourtant, c’est comme ça. Où j’en suis maintenant, par rapport à il y a un an, c’est incroyable. Peu importe comment les choses vont se finir, je me souviendrai de cette année comme de la meilleure de ma vie. »
Difficile de donner tort à Matt Ryan, quand on sait d’où il vient. Pourtant, l’ailier de Boston n’a pas joué le premier match des Finals contre les Warriors. Il ne peut pas, étant bloqué par son « two-way contract ».
Mais même rester constamment sur le banc pendant le parcours des Celtics en playoffs est une situation plus enviable et agréable que celle qu’il a vécue l’an dernier, où il travaillé dans un cimetière de New York !
En mars 2021, alors que les températures sont négatives et qu’il a besoin de 40 minutes pour se rendre à son travail, il souffre du froid et passe ses premières semaines à retirer les couronnes de Noël des tombes du cimetière de St Joseph. « J’avais huit couches sur moi », raconte-t-il pour The Athletic.
La journée au cimetière, le soir à la salle
Quelques semaines après, quand le temps devient plus clément, ses missions changent. Il tond les pelouses, ramasse des bouts de bois, ratisse les feuilles et dépose de la terre fraîche près des sépultures.
« Pour des branches et des choses très hautes, on faisait venir Matt. Sa taille (2m01) était très utile », se souvient son patron, Frank Dietrich. « Car certains des gars qui travaillent pour moi sont petits, vraiment petits. »
Son patron le voyait au quotidien arriver avec un sac à dos. Après sa journée de travail, quand il n’enchaînait pas avec un autre boulot (UberEats par exemple), Matt Ryan partait à la salle pour jouer au basket pendant quatre heures. Son rêve de devenir professionnel était toujours présent, malgré un contexte difficile.
« Je sortais tout juste de l’université, je n’avais rien. Ces moments étaient compliqués. Je ne peux pas le dire autrement. C’était vraiment, vraiment dur d’aller à la salle sans savoir si j’allais un jour ou l’autre rejouer. »
Comment ce futur joueur NBA a donc pu bien se retrouver à travailler dans un cimetière ? Pour le comprendre, il faut revenir à sa carrière universitaire. Il fait une première année à Notre Dame en 2015/16, puis lors de sa seconde, son temps de jeu est divisé par deux. Face à cette impasse, il est transféré vers Vanderbilt et ne dispute pas la saison 2017/18.
Une carrière universitaire éclatée
Pour sa première année sur les parquets dans sa nouvelle université, en 2018/19 donc, il réalise sa meilleure saison avec 8.1 points de moyenne. Pas de chance : le coach Bryce Drew est viré et il décide de partir également.
« Merde, je dois encore être transféré », regrette-t-il. « Je ne voulais pas, mais avec les circonstances, j’étais obligé. J’ai choisi Chattanooga plutôt que Wisconsin. Je voulais me montrer. »
Il fait le bon choix car c’est le cas. Avec Chattanooga, il marque 15.4 unités par match. Il se fait remarquer avec ses qualités au shoot, même si sa cote pour la NBA est encore faible. Mais nous sommes alors en 2019/20 et, en mars, le monde s’arrête avec la pandémie du Covid-19.
« Notre salle d’entraînement était fermée. Alors qu’ai-je fait ? Je suis allé à Walmart, j’ai acheté un panier d’extérieur, je l’ai installé sur le parking de mon appartement à Chattanooga. Et je suis resté là-bas pendant deux mois. »
La suite de sa carrière s’annonce floue. Matt Ryan avait déjà peu de garanties pour arriver au plus haut niveau mais tout s’écroule avec le confinement et la situation sanitaire. Les workouts avec les équipes NBA sont annulés, la Summer League aussi, alors que c’est un théâtre parfait pour quelqu’un comme lui qui doit faire ses preuves. Même la G-League, avec sa saison raccourcie, lui ferme ses portes malgré ses performances à Chattanooga.
Dos au mur, il pense à commencer sa carrière à l’étranger. « C’était une évidence. »
Des planètes qui s’alignent
Puis, durant l’été 2021, les Cavaliers l’appellent pour disputer la Summer League. C’est la chance de sa vie. Il joue 68 minutes en quatre matches et tourne à 11.3 points de moyenne avec un propre 13/27 à 3-pts. C’est suffisant pour que les Nuggets l’invitent pour le training camp. Finalement, il est coupé avant le début de saison.
Il parvient à rebondir en G-League, avec le Grand Rapids Gold, puis avec Team USA en février pour les qualifications de la Coupe du monde 2023, où il côtoie Joe Johnson notamment. Après la « trade deadline » en NBA, Boston se retrouve avec cinq places libres dans son effectif et comme Sam Hauser signe un vrai contrat, un « two-way contract » se libère. Les Celtics pensent à Matt Ryan et le signent le 28 février.
Il reste de longues semaines sur le banc, avant le dernier match de la saison régulière, contre les Grizzlies. Ce jour-là, il entre en jeu, joue cinq minutes et marque un panier à 3-pts. Un rêve éveillé. « J’ai toujours voulu faire partie des Celtics. Même si je viens de New York, il y a quelque chose chez les Celtics qui m’a toujours attiré. »
Quel parcours pour ce joueur de 25 ans : en un an, il est passé des allées d’un cimetière de New York au vestiaire des finalistes NBA !
« J’ai fait trois universités en cinq ans, j’ai arrêté de jouer pendant un an et demi et je vais peut-être finir avec une bague. C’est dingue. J’étais préparé pour être de l’autre côté de ce monde, à jouer dans une ligue perdue je ne sais où. La façon dont les planètes ont réussi à s’aligner, c’est comme si c’était Dieu qui avait décidé. »
Matt Ryan | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2021-22 | BOS | 1 | 5 | 20.0 | 20.0 | 0.0 | 0.0 | 0.0 | 0.0 | 0.0 | 0.0 | 1.0 | 0.0 | 0.0 | 3.0 |
2022-23 * | All Teams | 34 | 9 | 37.0 | 38.1 | 83.3 | 0.1 | 0.6 | 0.8 | 0.5 | 0.8 | 0.1 | 0.2 | 0.0 | 3.6 |
2022-23 * | MIN | 22 | 8 | 42.4 | 38.8 | 85.7 | 0.1 | 0.5 | 0.5 | 0.5 | 0.6 | 0.1 | 0.2 | 0.0 | 3.4 |
2022-23 * | LAL | 12 | 11 | 30.6 | 37.1 | 80.0 | 0.2 | 1.0 | 1.2 | 0.3 | 1.2 | 0.2 | 0.2 | 0.0 | 3.9 |
2023-24 | NOP | 28 | 14 | 43.4 | 45.1 | 92.9 | 0.2 | 1.2 | 1.4 | 0.6 | 1.1 | 0.2 | 0.7 | 0.0 | 5.4 |
2024-25 | NYK | 19 | 4 | 32.3 | 31.6 | 100.0 | 0.0 | 0.4 | 0.4 | 0.2 | 0.1 | 0.1 | 0.2 | 0.0 | 1.5 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.