Alors que la NBA se félicitait de finir la saison passée avec 90 % de ses joueurs vaccinés, la WNBA peut elle se vanter d’afficher un chiffre presque parfait : 99 % ! Le tout sans pourtant obliger les joueuses à se faire vacciner. Comment la ligue féminine a-t-elle réussi à ainsi atteindre un tel niveau ?
En n’imposant rien justement. L’hiver dernier, la patronne de la ligue, Cathy Engelbert, a discuté avec la présidente du syndicat des joueuses, Terri Jackson, du vaccin. Ce dernier allait être mis à la disposition de tous et pour préparer la saison à venir, un certain taux de vaccination serait une priorité pour que l’exercice 2021 se passe le mieux possible.
L’objectif étant d’éviter les petits soucis observés en NBA, avec les cas positifs et cas contacts qui se multipliaient et des matches qui étaient par conséquent reportés.
La WNBA s’est mise en retrait
Cathy Engelbert se pose donc la question de la meilleure méthode à adopter pour la WNBA afin de vacciner le plus grand nombre. Et la réponse de Terri Jackson est aussi simple que courte : ne rien faire. Cette dernière veut avant tout miser sur la confiance, et elle pense que les discussions entre joueuses seront plus efficaces pour convaincre les sceptiques qu’une injonction de la ligue ou des franchises.
« J’ai dit à Cathy : laisse-moi faire », se souvient Jackson pour Sports Illustrated. « On savait ce qu’il fallait faire. On savait qu’il fallait que ça vienne du syndicat des joueuses, car on est les joueuses, elles ont confiance en nous. »
Terri Jackson a ses idées, notamment parler avec les joueuses, les laisser poser leurs questions, les mettre en relation avec des professionnels de santé qui peuvent y répondre, et en échange, Cathy Engelbert lui laisse l’espace nécessaire pour travailler. La WNBA décide donc de ne pas intervenir dans ce processus.
Un espace de confiance pour les joueuses qui avaient des questions
Le résultat est saisissant : en juin dernier, 99 % des joueuses sont vaccinées et seule l’obligation aurait permis d’atteindre les 100 %. La WNBA est la première ligue à obtenir un tel pourcentage. Même si les effectifs sont moins importants qu’en MLB (encore des franchises sous les 85 %) ou en NFL (93 % de vaccination en août dernier), ce qui facilite un peu les choses, ce constat reste remarquable.
« Je pense que ça nous a mis à l’aise », commente Elizabeth Williams des Atlanta Dreams. « Si la ligue avait imposé la vaccination et qu’on n’avait pas eu assez d’informations, on n’aurait pas eu autant de vaccinées. On a laissé aux joueuses l’opportunité de poser des questions et de ne pas en avoir honte. On n’a pas ressenti de pression, donc on était à l’aise. »
Et la réussite du syndicat des joueuses, c’est aussi d’avoir pris les devants. Tout ce travail de confiance et de pédagogie a été entamé en hiver, dès novembre-décembre 2020, alors que les vaccins Pfizer et Moderna n’étaient pas encore sur le marché. Des conférences sur Zoom étaient organisées, même enregistrées pour que les joueuses, dont certaines évoluaient alors à l’étranger, puissent les revoir, et toutes les questions étaient acceptées.
« Comme on est une ligue de femmes, la question de la fertilité s’est posée, et comment cela pouvait nous affecter sur le long terme », précise Williams. « Il y a plusieurs questions sur nous en tant qu’athlètes aussi. Est-ce que cela pouvait ou allait nous toucher différemment ? »
« Ce sont ces conversations avec les médecins qui m’ont aidé à franchir le pas »
Parmi les joueuses qui n’étaient pas aux États-Unis à cet instant-là, on retrouve Alysha Clark, qui évolue actuellement avec les Washington Mystics. Elle était en France, portait le maillot de l’Asvel et avait des réticences autour du vaccin. L’espace de discussions a été capital dans sa décision.
« Je ne vais pas mentir, j’étais hésitante. Je voulais tout savoir avant de me mettre quelque chose dans le corps, et je n’étais pas à l’aise avec toutes les informations et fausses informations qui circulaient. Le fait d’avoir vu le syndicat atténuer les craintes et les peurs en contactant des médecins indépendants, ça a permis d’avoir un peu plus de confiance. Ce sont ces conversations avec les médecins qui m’ont aidé à franchir le pas. »
Ce 99 % est même plus qu’une réussite pour la WNBA, c’est un triomphe, sur le fond comme sur la forme.
« Quand on a commencé les sessions sur Zoom, qu’on a entendu les questions et qu’on a eu les retours de tous, on s’est dit qu’on allait réussir notre campagne, et pas qu’un peu », analyse Terri Jackson, qui espérait, dans un premier temps, un taux de 80 % de vaccinés. « Car 99 %, ce n’était pas un objectif. Le but, c’était de permettre aux gens d’obtenir des informations. Et au fur et à mesure que les informations sont sorties et que les joueuses ont été vaccinées, on s’est avancé vers ce chiffre. »