Certains joueurs ont construit une partie de leur légende à l’université, avant ensuite de confirmer en NBA. On pense bien évidemment à Magic Johnson ou à Michael Jordan, avec son shoot de la gagne en 1982. Chris Webber, lui, est de l’autre côté : parmi les légendes noires.
Son nom est accolé à une action mythique de la NCAA : « The Timeout ». Il restera à jamais le joueur qui a, dans les dernières secondes de la finale universitaire 1993, pris un temps-mort alors que son équipe n’en avait plus, précipitant la victoire de North Carolina contre Michigan. Une erreur qu’il assume.
« Il s’est passé exactement ce que tout le monde a vu », commence Chris Webber, en revenant sur ces quelques instants du 5 avril 1993, pour ESPN. « J’ai pris le rebond, il restait 20 secondes à jouer et j’ai essayé de passer la balle à Jalen Rose. Mais un défenseur était là, donc je me suis dit que j’allais perdre la balle. J’ai dribblé (après avoir fait un énorme marché d’ailleurs…) et j’ai pris ce temps-mort. C’est ma faute. Le banc a-t-il demandé le temps-mort ? Oui. Est-ce que je l’ai entendu ? Je ne sais pas, et si c’est le cas, c’est une fausse excuse. J’étais le leader, c’était mon équipe. Le meilleur joueur est censé prendre les responsabilités. J’ai laissé tomber mes coéquipiers. »
Le talentueux joueur de Michigan, membre capital du légendaire « Fab Five« , est désormais frappé par l’histoire. Malgré ses qualités et son futur prometteur, il sait que personne n’oubliera ce moment.
« Le sport est la chose la plus juste au monde : car c’est injuste avec tout le monde. Tout le monde a sa chance si j’ose dire. Ce jour-là, c’est tombé sur moi. J’étais effondré, sans mon père, je ne sais pas si j’aurais pu avancer. Il faut affronter cela dans la vie. Ça va être énorme, on ne sait pas à quoi ça va ressembler, mais il faut faire face. »
« Je veux que les gens sachent que ce temps-mort ne m’a pas brisé »
Pourtant, bien qu’il soit marqué à vie, Webber avait l’intention de repartir pour une troisième saison en NCAA. En 1992 et 1993, les Wolverines avaient perdu en finale et l’intérieur avait la volonté de continuer.
« Après cette histoire de temps-mort, je voulais clairement faire une saison de plus. Ce sont mes coéquipiers qui m’ont découragé de le faire. Je ne pensais pas à la NBA à l’époque car on restait plus longtemps en NCAA. En 1992, Shaquille O’Neal était le premier choix de la Draft et il avait fait trois saisons à l’université. Et j’étais dans ma seconde saison. Le dernier premier choix de Draft à n’avoir fait que deux années en faculté, c’était Magic Johnson en 1979. Et quand on entend ça, on ne veut pas suivre de tels pas sur un coup de tête. »
Presque 30 ans après ce malheureux épisode, Webber va entrer au Hall of Fame pour récompenser sa carrière et aussi quelque part sa capacité à rebondir après ce raté en université. Certains joueurs aussi talentueux que lui auraient pu exploser, faute d’avoir bien géré une telle déception.
« S’il y a bien un de mes matches que je voudrais que chacun regarde, ce serait celui-là », assure l’ancien All-Star. « Si mon fils ne doit regarder qu’un match de moi, alors celui du temps-mort. Ainsi, il verra que son père s’est relevé d’une telle rencontre et a continué de faire ce qu’il savait faire. Avoir fait ça de ce moment, c’est ce dont je suis fier. Je veux que les gens sachent que ce temps-mort ne m’a pas brisé. Ça m’a fait mal, j’ai pleuré, mais j’avais ma famille et puis la Draft trois mois après. Je me suis relevé et je n’ai pas regardé en arrière. C’était ma motivation. »