Brook Lopez, le métronome des Bucks

Quel meilleur exemple pour mesurer l’importance de Brook Lopez chez les Bucks que sa série face au Heat, au premier tour ?

Avec 15.8 points, 6.8 rebonds et 1.3 contre de moyenne en quatre matchs, à 59% de réussite aux tirs, le pivot de 33 ans a été essentiel des deux côtés du parquet contre Miami, faisant vivre un véritable calvaire à Bam Adebayo, limité à des moyennes de 15.5 points et 9.3 rebonds (à 46% aux tirs), contre 17.2 points et 12.0 rebonds (à 60% aux tirs) dans la « bulle » d’Orlando, contre Milwaukee.

« Brook [Lopez] a été vraiment bon dans cette série », résumait simplement son entraîneur Mike Budenholzer, pour The Athletic, après ce « sweep ».

Dans la lignée d’une saison régulière 2020/21 où il est progressivement monté en puissance (10.8 points par match à 47% aux tirs avant le All-Star Break, contre 13.9 points de moyenne à 54% aux tirs après), Brook Lopez a donc livré un premier tour de qualité face aux joueurs du Heat, ses bourreaux des derniers playoffs, dans l’ombre des Giannis Antetokounmpo, Khris Middleton et autres Jrue Holiday.

De bon augure pour les Bucks, à l’approche de leur affrontement avec les Nets.

La clé de la série face à Brooklyn ?

Les Nets, où Lopez a évolué entre 2008 et 2017 et dont il est encore aujourd’hui le meilleur marqueur en saison régulière (10 444 points). Contre son « ex », l’ancien All-Star (2013) devrait certainement avoir un rôle important à jouer à l’intérieur, près du cercle, Brooklyn n’étant pas l’équipe la mieux armée de la ligue dans la raquette, avec Blake Griffin titulaire au poste 5 et Nicolas Claxton comme seul pivot de métier présent dans la rotation new-yorkaise.

Et pour tenter de punir le « small-ball » des Nets, Brook Lopez pourra capitaliser, d’une part, sur sa série réussie face à Miami et, d’autre part, sur sa deuxième moitié de saison où il s’est évertué à faire évoluer son style de jeu en attaque, délaissant un peu plus le tir à 3-points pour se rapprocher du cercle, comme au « bon vieux temps ».

Passant ainsi de 4.4 tentatives à 3-points avant le « All-Star break » à 3.6 tentatives après.

« Le fait qu’il trouve des moyens d’avoir un impact dans la peinture, c’est quelque chose qui a commencé cette saison et plus particulièrement depuis le All-Star break », notait à ce propos Mike Budenholzer, dans les colonnes du Milwaukee Journal Sentinel. « Je pense qu’il a vraiment cherché à diversifier son jeu sur le plan individuel et c’est une énorme plus-value pour nous. »

Moins de 3-points, plus de jeu intérieur

À l’époque, ce style de jeu convenait d’ailleurs plutôt bien à Brook Lopez, en attestent ses 18.3 points de moyenne (à 51% aux tirs) lors de ses huit premières saisons NBA. Tout simplement sa meilleure période dans la ligue.

« Je me sens à l’aise avec tout », expliquait-il récemment, au sujet du style de jeu offensif qu’il préfère. « Il est simplement question de progression continue tout au long de la saison, pour s’habituer à un nouveau rôle ou au fait d’avoir une attaque légèrement différente. »

Et ses coéquipiers de se réjouir unanimement de la menace supplémentaire que représente Brook Lopez, parmi les intérieurs les plus talentueux en attaque par le passé, lorsqu’il retrouve un rôle plus ancré dans la raquette.

« Ça ajoute simplement une arme supplémentaire à notre jeu », confiait par exemple Giannis Antetokounmpo. « Bien sûr, nous voulons qu’il mette des 3-points, car c’est un excellent shooteur, mais sa présence dans la peinture est quelque chose d’incroyable également, car il a un super toucher près du cercle. C’est notre joueur le plus grand, il peut aller au rebond offensif et il peut poser des problèmes aux autres équipes en allant [dans cette zone]. Il y a aussi des moments où il doit rester derrière la ligne à 3-points, mais s’il ne le fait pas, je pense qu’il doit aller [dans la peinture] pour que nous soyons bons. Il doit poser des problèmes [à la défense] sur chaque possession. »

« Ça rend les choses plus compliquées [pour nos adversaires] si nous pouvons l’utiliser [différemment] », estimait de son côté Jrue Holiday. « Ça reste un joueur de 2m13. Il possède toujours un super toucher, il peut tenter des ‘fadeaway’ et des petits ‘hook’. Mais il peut aussi vous dunker dessus. C’est un super joueur de ‘pick-and-roll’ et de ‘pick-and-pop’. Il est vraiment très polyvalent. Donc je pense que ça complique la tâche des autres équipes quand il varie son jeu. Quand il roule vers le cercle, il apporte de la pression près du panier et j’ai la sensation que c’est lorsque nous faisons ça que nous devenons vraiment bons. »

À Milwaukee : la défense comme mot d’ordre

À partir de l’exercice 2016/17, après n’avoir tenté que 31 tirs à 3-points entre 2008 et 2016, Brook Lopez a ensuite totalement modifié sa façon de jouer. Pour sa dernière année à Brooklyn, il a ainsi pris la bagatelle de 387 tentatives derrière l’arc (pour 134 réussites) !

Plus shooteur que jamais, le jumeau de Robin Lopez a continué sur sa lancée chez les Lakers, en 2017/18, avant de rejoindre les Bucks à l’été 2018, où il est passé dans une autre dimension. Tant offensivement que défensivement.

« J’étais vraiment emballé par sa qualité de shoot, les espaces qu’il pouvait créer et son incroyable talent offensif. Mais je n’avais aucune idée du genre de défenseur qu’il était, de l’impact défensif qu’il allait avoir sur notre équipe », se souvenait Mike Budenholzer, concernant la signature du pivot dans le Wisconsin.

Sous les ordres de Mike Budenholzer, avec qui il s’entend à merveille, Brook Lopez a donc franchi un nouveau cap dans sa carrière. Non pas en attaque, même s’il a encore augmenté son nombre de tentatives à 3-points (une pointe à 6.3 par rencontre, en 2018/19), mais plutôt en défense, où il s’est imposé comme l’un des meilleurs protecteurs de cercle de la ligue.

Alors qu’il était, autrefois, considéré comme l’un des pires défenseurs intérieurs de NBA. « Il est incroyable », s’enflammait d’ailleurs son coach, à ce propos. « J’apprécie tellement ce qu’il réalise en défense, c’est juste fou de voir à quel point il est bon. Je lui dis parfois, mais pas trop souvent, car je ne veux pas qu’il le sache. »

Un protecteur de cercle hors pair

C’est simple : depuis son arrivée à Milwaukee, Brook Lopez est tout simplement le joueur qui conteste chaque saison le plus de tirs par match, devant Rudy Gobert : 19.3 en 2018/19, 19.0 en 2019/20 et 17.0 en 2020/21.

Dans le sillage de leur poste 5, membre du deuxième meilleur cinq défensif en 2020 et bien aidé par le bon travail de Giannis Antetokounmpo, Khris Middleton ou encore Eric Bledsoe (puis Jrue Holiday), les Bucks sont ainsi devenus la meilleure défense de la ligue, avec un « defensive rating » de 104.9 en 2018/19 puis de 102.5 en 2019/20. Avant, certes, de chuter à 110.7 (le 9e de NBA) en 2020/21.

Mais en playoffs, la franchise du Wisconsin a retrouvé son niveau dans le secteur défensif, n’encaissant que 95.4 points sur 100 possessions face au Heat, au premier tour. Et l’impact de Brook Lopez, parfait pour gêner Bam Adebayo, en l’obligeant à faire la différence loin du cercle et en le coupant du reste de ses coéquipiers, n’est pas étranger au redressement dans ce domaine de Milwaukee, qui trouve son rythme de croisière au meilleur des moments.

Désormais, il lui faudra reproduire ce genre de performance en demi-finale de conférence, en espérant que les Kevin Durant, James Harden et autres Kyrie Irving ne mettent pas trop en lumière les difficultés de déplacement latéral de Brook Lopez, lorsqu’il lui faut notamment changer sur les écrans.

L’avantage étant que, si jamais les Nets se régalent face à lui, les Bucks peuvent maintenant faire appel à P.J. Tucker, leur nouvelle recrue, pour évoluer au poste de pivot, dans un cinq plus « small-ball ».

Defensive rating : estimation du nombre de points encaissés par un joueur, ou une équipe, sur 100 possessions.

Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.