Qui aurait pu prédire en début de saison que les Lakers, champions en titre, ne posséderaient pas l’avantage du terrain au premier tour des playoffs ? Très peu de monde, si ce n’est personne. À l’inverse, qui aurait pu imaginer que les Suns se hisseraient dans le Top 2 de la conférence Ouest ? Très peu de monde, si ce n’est personne, là encore.
D’un côté, ce sont essentiellement les blessures d’Anthony Davis puis LeBron James qui en ont décidé autrement. À mi-parcours, voilà donc les « Purple & Gold » obligés de démarrer la défense de leur trophée avec ce statut de septième « meilleure » équipe de l’Ouest. Alors qu’ils se classaient encore à la 2e place de leur conférence à la mi-mars, avant que LeBron James ne se blesse. Un mois, seulement, après qu’Anthony Davis n’avait connu le même sort.
De l’autre, c’est principalement l’arrivée de Chris Paul qui a permis aux Suns de franchir un cap. Des Suns qui avaient déjà entamé leur retour vers les sommets en signant un impressionnant 8-0 dans la « bulle » d’Orlando, l’été dernier. Toujours portée offensivement par Devin Booker, désormais mieux épaulé, la deuxième meilleure équipe de l’Ouest n’a ainsi eu de cesse de déjouer les pronostics, tout au long de cet exercice 2020/21.
Sortis victorieux à l’arraché de leur « play-in » face aux Warriors, grâce à un énorme shoot à 3-points de LeBron James dans la dernière minute, les Lakers ne se trouvent pas dans une situation optimale. Mais la qualité de leur effectif, couplée à leur vécu collectif, semble tout de même leur offrir le costume de favori dans cette série. À condition, bien sûr, de récupérer au plus vite l’avantage du terrain…
PRÉSENTATION DES SUNS
Le cinq de départ : C. Paul, D. Booker, M. Bridges, J. Crowder, D. Ayton.
Le banc : C. Payne, J. Carter, L. Galloway, T. Craig, C. Johnson, D. Saric, F. Kaminsky, J. Smith.
Le coach : M. Williams.
Un cinq majeur on ne peut plus solide, un banc plutôt fourni et un entraîneur de caractère, en course pour le trophée de Coach de l’année. Telle est jusqu’à présent la recette miracle des Suns, emmenés notamment par une doublette de feu Chris Paul – Devin Booker sur leurs lignes arrières. Cet effectif a aidé Phoenix à retrouver les playoffs pour la première fois depuis 2010 et, désormais, la franchise de l’Arizona se devra de confirmer sa belle campagne au plus haut niveau. Face à ce qui se fait de mieux en NBA.
POINTS FORTS
L’expérience de Chris Paul, le talent de Devin Booker. Capable de métamorphoser chacune des équipes au sein desquelles il évolue, Chris Paul sera plus que jamais le leader vocal et technique des Suns, en playoffs. D’autant plus avec son vécu à ce niveau de la compétition. À ses côtés, « CP3 » pourra compter sur un leader d’attaque de choix, en la personne de Devin Booker. À 24 ans, l’arrière ouvre un nouveau chapitre de sa jeune carrière, avec sa première participation aux playoffs. Malgré la pression, son talent devrait lui permettre de l’appréhender au mieux et Phoenix en aura bien besoin pour passer ce premier tour.
Entre efficacité à mi-distance ou sur demi-terrain, et solidité défensive. Parmi les meilleures équipes de la ligue à mi-distance et sur demi-terrain, grâce à toute la maîtrise dans ces domaines de leur paire Chris Paul – Devin Booker, les Suns font également partie des équipes les plus solides de NBA en défense. Là encore, la présence de « CP3 » rassure et stabilise tout un groupe, tandis que l’omniprésence du tentaculaire Mikal Bridges, la dureté de Jae Crowder et l’intimidation de Deandre Ayton font le reste dans ce secteur de jeu. Un groupe impérial (ou presque) des deux côtés du parquet, donc.
POINTS FAIBLES
Le manque d’expérience. Si Chris Paul, Jae Crowder, Torrey Craig ou encore E’Twaun Moore —et à un degré moindre Dario Saric, Frank Kaminsky, Cameron Payne et Langston Galloway— ont déjà participé aux playoffs plus ou moins régulièrement, impossible d’en dire autant des Devin Booker, Deandre Ayton, Mikal Bridges et autres Cam Johnson. N’ayant jamais joué ailleurs qu’à Phoenix, ils découvriront tous les playoffs cette année. Compte tenu de l’importance de ces différents joueurs dans la rotation de Monty Williams, leur inexpérience pourrait faire défaut aux Suns, face à une équipe aussi expérimentée que les Lakers.
L’absence d’un scoreur régulier en sortie de banc. Fort d’un cinq de départ particulièrement solide, les Suns sont un peu moins souverains lorsque leurs remplaçants entrent en jeu. Monty Williams peut pourtant faire appel à différents profils, du puncheur Cameron Payne au malin Dario Saric, en passant par le rugueux Torrey Craig et le shooteur Cam Johnson. Aucun de ces joueurs n’est pourtant capable d’apporter régulièrement 10-15 points par match. Et face au deuxième banc le plus productif de la ligue, cette absence de véritable Sixième homme pourrait coûter cher…
PRÉSENTATION DES LAKERS
Le cinq de départ : D. Schröder, K. Caldwell-Pope, L. James, A. Davis, A. Drummond.
Le banc : A. Caruso, T. Horton-Tucker, B. McLemore, W. Matthews, K. Kuzma, Mark. Morris, M. Harrell, M. Gasol.
Le coach : F. Vogel.
Faite de hauts mais surtout de bas, la saison des Lakers a pris une tournure imprévue, presque chaotique, par rapport au dessein que bon nombre d’observateurs (dont Basket USA) lui prédisaient, l’hiver dernier. Finalement, malgré toutes ces turbulences, les champions en titre sont bel et bien qualifiés pour les playoffs, en dépit d’un classement historiquement annonciateur d’un parcours malheureux. Aucune équipe n’a ainsi été sacrée championne en étant classée en-dessous de la 6e place ! Mais comme toutes les séries touchent à leur fin, les « Purple & Gold » rêvent d’écrire davantage l’histoire de la ligue…
POINTS FORTS
L’axe LeBron James – Anthony Davis. Depuis la constitution de leur duo All-Star à l’été 2019, les Lakers affichent un bilan de 64-22 en saison régulière et de 17-5 en playoffs (ou en « play-in »), lorsque celui-ci est en tenue. Autant dire que les champions en titre ne sont évidemment pas les mêmes lorsque le « King » et « AD » peuvent évoluer ensemble, sans pépin physique majeur. Et s’ils y parviennent lors de cette série face aux Suns, ces derniers auront du souci à se faire car, en pleine possessions de leurs moyens, LeBron James et Anthony Davis font tous les deux partie du Top 10 de la ligue, si ce n’est du Top 5…
L’expérience et le vécu collectif. Auteurs d’un parcours presque parfait dans la « bulle » d’Orlando, malgré un contexte si particulier, les Lakers disposent depuis d’une superbe alchimie collective. Surtout, l’effectif n’a que très peu changé, les recrues se sont parfaitement intégrées au groupe et celui-ci reste mené d’une main de maître par LeBron James, toujours aussi bon pour entraîner ses coéquipiers sur ses épaules. Au coeur d’un parcours de playoffs « traditionnel », fait notamment de déplacements dans des milieux hostiles, le facteur du vécu collectif peut ainsi peser lourd. Idem pour celui de l’expérience.
La défense. Un an après avoir terminé avec la 3e meilleure défense de la ligue (106.1 points encaissés sur 100 possessions), les Lakers ont fait encore mieux cette saison, en terminant N°1 dans ce domaine (106.8 points encaissés sur 100 possessions). Sous la houlette de Frank Vogel, et autour d’Anthony Davis, les « Purple & Gold » sont devenus une véritable référence de ce côté du parquet. Dans les moments chauds, cet atout ne manque d’ailleurs pas de les aider à faire la différence, face à des adversaires généralement moins réguliers qu’eux sur la durée. Bis repetita cette année ?
POINTS FAIBLES
L’absence de rythme. Difficile de savoir ce que le cinq composé de Dennis Schröder, Kentavious Caldwell-Pope, LeBron James, Anthony Davis et Andre Drummond a dans le ventre, tant celui-ci a eu du mal à enchaîner les rencontres jusqu’à présent. Entre les blessures du duo James/Davis et la contamination au Covid-19 de Schröder, ce cinq de départ n’a pu être aligné ensemble que durant 46 petites minutes. Un échantillon bien trop faible pour savoir s’il pourra mener les Lakers suffisamment loin en playoffs, cette année…
Un équilibre à trouver au poste 5. Le match face aux Warriors a démontré que les Lakers avaient toujours du mal à trouver un véritable équilibre dans la raquette, aux côtés d’Anthony Davis. À tour de rôle, Andre Drummond et Montrezl Harrell ont ainsi bridé « AD » contre Golden State, celui-ci ayant enfin pu dominer dès qu’il était utilisé en tant que pivot, avec un poste 4 fuyant pour l’accompagner. Frank Vogel doit donc encore bricoler au poste 5, d’autant plus que Marc Gasol prétend lui aussi à une place dans la rotation californienne. Même si Anthony Davis finira la plupart du temps les rencontres, comme lors des playoffs 2020.
CLÉS DE LA SÉRIE
L’état de forme de LeBron James. En dépit de son triple-double et de son « game-winner » face aux Warriors, le « King » semble encore manquer de rythme, après avoir raté une bonne vingtaine de rencontres entre la mi-mars et la mi-mai. Pour une cheville affaiblie qui ne rassure toujours pas suffisamment. Habitué à arriver à son meilleur niveau au moment des playoffs, LeBron James doit donc lancer la machine et activer son mode « cyborg » avec un peu de retard, sans rechuter pour autant. Ce qui pourrait ainsi profiter aux Suns, collectivement au point depuis des semaines.
L’avantage du terrain. En conférence de presse, Anthony Davis a déclaré que le Game 1 revêtait une importance capitale pour son équipe. Plus globalement, ce sont les deux premiers matchs de cette série, disputés dans l’Arizona, qui seront vraisemblablement déterminants dans le résultat final de ce Suns/Lakers. Car les champions en titre n’ont d’autre choix que d’en arracher au moins un, pour éviter de se retrouver à 0-2 au moment de retourner à Los Angeles. Dans ce cas de figure, les Suns auraient ainsi fait le plein de confiance à domicile, s’avançant dans une position d’autant plus menaçante à l’extérieure…
Le trio Mikal Bridges – Torrey Craig – Jae Crowder. Afin de contenir du mieux possible LeBron James, les Suns pourront s’appuyer sur trois ailiers pour le moins solides en défense. Deux d’entre eux, Torrey Craig et Jae Crowder, ont d’ailleurs croisé la route du « King » lors des derniers playoffs. Autant dire que Phoenix aura de quoi faire travailler le MVP des Finals 2020, qui verra se relayer sur lui trois joueurs en mesure de le titiller physiquement. Le physique, un domaine dans lequel LeBron James ne rassure pas encore et la franchise de l’Arizona a donc tout intérêt à appuyer à ce niveau.
SAISON RÉGULIÈRE
2 mars : Los Angeles – Phoenix (104-114)
21 mars : Phoenix – Los Angeles (111-94)
9 mai : Los Angeles – Phoenix (123-110)
VERDICT
Pour la première fois depuis très longtemps, pour ne pas dire depuis toujours, une série opposant une tête de série N°2 à une tête de série N°7 penche, sur le papier, en faveur de la moins bien classée des deux équipes. Il faut dire que les Lakers, champions en titre, possèdent les armes pour faire chuter les Suns, même sans l’avantage du terrain.
À condition, bien sûr, que LeBron James et Anthony Davis soient enfin épargnés par les blessures, ce qui n’a pas été le cas depuis trois mois. Les chances de Los Angeles dans cette série, et plus globalement dans ces playoffs, reposent sur la santé de leur duo phare, certes affaibli mais plus reposé que jamais grâce à plusieurs semaines de convalescence. Derrière son tandem James/Davis, Frank Vogel va quant à lui devoir trouver les solutions pour permettre aux Dennis Schröder, Andre Drummond, Kyle Kuzma, Marc Gasol et autres Montrezl Harrell de contribuer efficacement, malgré un rôle plus réduit qu’à l’accoutumée.
À l’inverse, les inexpérimentés Suns n’auront pas le droit à l’erreur à domicile, dans le Game 1 puis dans le Game 2, pour espérer faire tomber le champion 2020 dès le premier tour. Sous l’impulsion de Chris Paul et de Devin Booker, les hommes de Monty Williams n’ont rien à perdre, ou presque, dans cette série. Il leur faudra vendre crânement leur peau, sans se mettre la pression du résultat. Car cette pression se trouve bien sur les épaules des « Purple & Gold », … Même si, généralement, ces derniers savent plutôt bien s’en accommoder…
Et c’est justement grâce à la capacité des Lakers à jouer sous pression et se sublimer dans les moments chauds, lorsque leur saison est en jeu, que nous misons sur eux pour se qualifier en demi-finale de conférence. Pour autant, rien ne leur sera donné dans cette affiche et Phoenix ne manquera assurément pas d’embêter jusqu’au bout son voisin californien.
Lakers 4-2
CALENDRIER
Game 1 : à Phoenix, dimanche 23 mai (21h30 en France)
Game 2 : à Phoenix, mardi 25 mai (04h00, dans la nuit de mardi à mercredi en France)
Game 3 : à Los Angeles, jeudi 27 mai (04h00, dans la nuit de jeudi à vendredi en France)
Game 4 : à Los Angeles, dimanche 30 mai (21h30 en France)
Game 5* : à Phoenix, mardi 1er juin (à déterminer)
Game 6* : à Los Angeles, jeudi 3 juin (à déterminer)
Game 7* : à Phoenix, samedi 5 juin (à déterminer)
* Si nécessaire.