Après quatre saisons à Gonzaga et après avoir raté le titre universitaire d’un cheveu, Joël Ayayi a décidé de s’inscrire à la Draft NBA, le 29 juillet prochain. Le natif de Bordeaux revient sur la fin de son aventure en NCAA, et se projette sur les prochains mois, cruciaux pour son avenir. Entretien.
Joël Ayayi, c’est la fin de votre carrière universitaire après quatre ans passés à Spokane. Quel bilan dressez-vous de votre cursus universitaire ?
C’est la fin de mon histoire avec Gonzaga, après quatre années durant lesquelles l’apprentissage aura été intense et très constructif. Je suis vraiment super content d’être venu ici, d’avoir appris tellement, et d’avoir joué avec des gars avec lesquels j’ai appris et avec le staff qui a toujours poussé pour qu’on soit les plus compétitifs possible. C’est une page qui se tourne pour moi maintenant, et je garde beaucoup de supers souvenirs de mes années universitaires, des matches, de la vie étudiante mais aussi d’avoir joué face aux meilleurs jeunes du pays. C’était une expérience incroyable, mais la boucle est bouclée et je me concentre maintenant sur ce qui viendra ensuite, à savoir la Draft NBA. Je regarde vers l’avenir.
Votre passage à Gonzaga aurait pu se terminer sur une note exceptionnelle, avec la « March Madness » et un titre universitaire, mais Baylor a balayé ce rêve….
Cela aurait pu se terminer autrement, mais l’histoire en a voulu autrement. On a réalisé une saison sensationnelle, on a gagné vraiment un grand nombre de matches et on a battu aussi de belles équipes, mais on a échoué sur la dernière marche. C’est la vie, c’est comme ça. On a été très déçu, mais Baylor a aussi fait un match énorme en finale, et on n’a pas réalisé notre meilleure prestation de la saison. Je pense malgré tout que notre saison aura été énorme, et qu’on ne doit pas nous juger simplement sur le dernier match. Terminer une saison invaincue, mais perdre seulement en finale, ça reste un fait d’armes quasi historique. Peu d’équipes ont réussi à faire cela, et on n’oubliera jamais ce que l’on a fait durant toute la saison. On a tous grandi de cette expérience, et on en sera que meilleur par la suite de nos carrières.
« On a raté le coche »
On a vu beaucoup de gens vous attendre sur les bords de route et dans les rues de Spokane au retour d’Indianapolis. Comment avez-vous ressenti cette preuve d’amour, de soutien du peuple Zags ?
C’était touchant, vraiment touchant, mais pour être honnête j’avais encore un léger goût amer dans la bouche car on n’a pas réussi à le faire pour nous, et pour eux. Toute la ville était derrière nous, et on voulait aussi gagner ce titre pour les remercier de leur soutien permanent, mais le fait de perdre a enlevé aussi une magie à ce moment. On les a quand même rendus heureux, et fiers, mais c’est vrai que la victoire en finale nous aurait rendu bien plus joyeux, c’est certain. Ils ne nous en voudront jamais d’avoir perdu ce match, mais dans ma tête, ça a été un dur retour à la réalité, un moment de plus où on s’est dit « on a raté » le coche, entre guillemets.
Vous auriez pu rester une saison de plus pour terminer votre cursus et effectuer votre saison senior. Qu’est-ce qui vous a motivé à vous inscrire pour la Draft dès cette année après avoir « testé » la saison passée ?
J’ai senti durant la saison, et ce, à plusieurs reprises, que je me voyais un peu passer à autre chose, que j’avais un peu fait le tour des choses à ce niveau et que je voulais un nouveau challenge. Ça m’est arrivé plusieurs fois dans la saison, et je savais que cette saison serait la dernière à l’université. Je pense que j’ai progressé durant mes quatre ans à Spokane, chaque année un peu plus, et que je suis prêt à devenir professionnel, et à mettre la vie d’étudiant derrière moi. Je veux vivre de nouvelles expériences, aller au niveau supérieur et réaliser mon rêve d’enfant, à savoir jouer dans la meilleure ligue du monde, la NBA. J’ai fait beaucoup de sacrifices pour en arriver là, et j’en fais encore beaucoup, mais ça vaut le coup car je suis, si tout se passe pour le mieux, à quelques mois de jouer et de réaliser ce rêve. Je sens que je suis prêt, que je suis prêt à concrétiser une partie de mes objectifs de carrière.
Certains passent par d’autres chemins (Pro A, autres championnats Européens) pour arriver en NBA, d’autres viennent aux États-Unis, par la case NCAA, pour atteindre ce rêve. Pensez-vous que cette expérience aura été, pour vous, le meilleur parcours possible pour passer à l’étage au-dessus ?
Oui, je suis convaincu que cela aura été le meilleur parcours possible dans mon cas. Après, il est certain que chacun doit vivre son expérience, tracer son chemin pour arriver à ses objectifs, mais dans mon cas, la NCAA a été le meilleur apprentissage possible. Jouer en université, c’est quand même quelque chose de génial, et tu gagnes une expérience énorme à plusieurs niveaux. On est plongé dans la vie américaine, sur la culture sportive et sur le degré d’exigence qui est énorme ici. Je pense que la transition vers la NBA n’en sera que plus simple sur de nombreux points. J’ai appris énormément de choses ici qui vont m’aider à faire une transition plus facile vers le niveau au-dessus, je n’en doute pas. Sur la manière d’être sportif de très haut niveau, sur la préparation physique, sur la mentalité mais aussi sur l’aspect mental, qui est central dans la vie d’un athlète de très haut niveau. Je ne regrette absolument pas mon choix, et je suis heureux d’être où j’en suis aujourd’hui, car je sens que j’ai énormément progressé depuis que j’ai traversé l’Atlantique.
« On va me donner deux mois pour travailler à fond »
Vous avez encore quasiment trois mois avant la Draft, comment anticipez-vous ces semaines de travail intense qui vont démarrer, pour vous, le 1er mai à Los Angeles ?
Mon seul sentiment maintenant, c’est de continuer à travailler, encore et toujours. Dans ma carrière, j’ai eu des moments, des périodes où j’ai vraiment progressé, et ce de manière assez rapide, grâce au travail intensif. C’est le genre de période que j’adore, que j’apprécie énormément. Car on va me donner deux mois pour travailler à fond, pour tout donner vraiment, il n’y aura pas de match donc il n’y aura pas d’excuse de fatigue. On peut tout donner, on doit aller à fond, et c’est le genre de période que j’adore car c’est là, depuis le début de ma carrière, que j’ai senti que je progressais le plus durant mes deux premières années en université. Je suis vraiment super excité à l’idée de commencer ma préparation pour la Draft.
Si vous deviez passer un entretien avec un GM NBA maintenant, que lui diriez-vous ? Quels seraient les points sur lesquels vous pensez marquer des points ?
Je pense qu’un premier élément, et je remercie mes parents pour cela, c’est la manière dont j’ai été éduqué. J’ai reçu une super éducation et mes parents, ma famille me soutiennent beaucoup et tout le temps. Je pense que j’ai une belle culture basket, une belle mémoire de jeu, une intelligence de jeu que je travaille tout le temps. Je me rappelle d’un très grand nombre d’actions, de systèmes de jeu, avec ou sans ballon. Mon cerveau est une sorte de « database » de basket où j’enregistre et accumule tout ce que je peux sur le jeu. Je pense que les scouts et les GM NBA vont apprécier plusieurs choses, dont celles-ci à mon avis. L’intelligence de jeu, c’est vraiment ultra important.
« La palette de mon jeu est assez large »
Vous n’avez jamais vraiment eux les projecteurs braqués sur vous durant vos années en NCAA, même après vos bons matches durant la March Madness. Pensez-vous que le fait de ne pas être autant scruté de près que vos coéquipiers Jalen Suggs et Corey Kispert, qui sont annoncés comme des « lottery pick », joue en votre faveur ?
Je pense effectivement que cela joue en ma faveur. Les équipes NBA ont regardé les matches durant la saison NCAA, mais c’est aussi maintenant que les scouts et les GM vont regarder à nouveau ce qui a été fait durant la saison, de plus près peut-être, observer les progressions, les évolutions de chacun et la manière dont on a été régulier, performant… ou pas. J’ai fait de belles choses cette saison, ça va être une espèce de « fact checking » pour les recruteurs et les franchises NBA dans les prochaines semaines, en approfondissant leurs recherches en plus des entretiens et des workouts qui vont se réaliser.
Vous avez aussi prouvé que vous étiez un arrière complet, auteur d’ailleurs du premier triple-double de l’histoire de l’université…
J’essaye de montrer que je peux faire beaucoup de choses sur le terrain. Le fait d’avoir prouvé je pouvais faire beaucoup de choses, marquer, défendre, prendre des rebonds, jouer avec ou sans ballon, sont des aspects, des points positifs pour moi. On analyse le jeu dans son ensemble, et la palette de mon jeu est assez large, et j’ai montré cette saison que je pouvais avoir un impact sur le jeu dans plusieurs domaines.
Quel est votre programme à venir ?
Je pars le 1er mai à Los Angeles dans le centre d’entrainement de l’agence avec laquelle je travaille pour commencer à me préparer pour la Draft. Je vais faire une grosse préparation physique et mettre tout en œuvre pour me préparer au mieux le process de la Draft NBA, pour les entretiens avec les équipes, les entrainements privés avec celles-ci afin de me montrer sous mon meilleur visage. Mais avant cela, je suis encore à Spokane pour déménager et profiter des derniers temps dans la peau d’un étudiant (rires). Quelques diners et moments avec des amis et des personnes qui m’ont aidé durant ces quatre ans ici, afin de dire au revoir à plusieurs personnes que j’ai rencontrées. Ça m’a fait beaucoup de bien de couper un peu avec le basket depuis la fin de la « March Madness », pour recharger les batteries, mais c’est pour aussi mieux reprendre, et à fond dès le 1er mai pour être au top et ainsi tirer le maximum de ce processus de la Draft NBA. Je suis super enthousiaste, car c’est tout ce que j’attendais.