Aujourd’hui âgé de 30 ans, Jan Vesely en est à sa septième saison au sein du Fenerbahçe. Champion d’Europe en 2017 et MVP de la compétition reine en 2019, l’intérieur tchèque s’est bâti une solide carrière sur le Vieux continent. À l’inverse, ça n’avait pas pris en Amérique. L’ancien espoir du Partizan, débarqué chez les pros à 17 ans, a rapidement sauté le pas vers la NBA par la suite. Sixième choix de la Draft 2011, le bondissant Tchèque a déménagé dans la capitale fédérale pour le grand frisson américain.
« Je suis arrivé trois ou quatre semaines après l’histoire du flingue »
Mais point de frisson pour Jan Vesely, seulement des miettes de temps de jeu dans une équipe de Washington en décomposition. Alors pour parler de NBA, il ne se sent pas super bien placé…
« Tu poses la question à la mauvaise personne », rigole-t-il dans l’Eurosteppin’ Podcast. « Je peux quand même comparer [avec l’Euroleague] avec ma période à Denver, dans un meilleur système, un peu plus orienté vers le collectif [rires]. Mais pour revenir sur Washington, ma période là-bas n’a pas été agréable, du tout. »
Versé dans une équipe où Nick Young, le jeune John Wall et Jordan Crawford sont les trois meilleurs scoreurs (et JaVale McGee le quatrième), Jan Vesely avait eu bien du mal à trouver ses repères. Non content de s’adapter à un jeu bien différent, plus physique, et un positionnement encore en question sur le poste 3 sans tir extérieur, il débarquait surtout dans un vestiaire complètement dysfonctionnel.
« Je suis arrivé après l’histoire du flingue [dans les vestiaires, entre Javaris Crittenton et Gilbert Arenas]. Vous pouvez imaginer l’ambiance qu’il y avait par la suite. La situation n’était pas bonne, pour personne : les joueurs, les préparateurs, le staff. Pour moi qui venait du Partizan [Belgrade] où tout était bien cadré, ça n’a pas très bien collé. »
« En NBA, tu essayes déjà de contenir ton adversaire direct »
Et puis, culturellement, Jan Vesely n’a pas vraiment été en adéquation. Les critiques récurrentes à son sujet durant sa courte carrière n’ont évidemment pas aidé mais le joueur a généralement peu apprécié son expérience américaine. Sur le terrain comme en dehors…
« À 21 ans, je suis parti aux États-Unis et ils font tout selon les règles. Je vais vous donner un exemple stupide : quand je demandais à quelqu’un s’il voulait aller prendre un café. Il me disait : ‘Oui, pourquoi pas ? Tu veux faire ça jeudi prochain’. Moi, je demandais pour y aller tout de suite [rires]. Tout doit être prévu à l’avance et organisé. En Serbie, dans les Balkans, ici, on prend le café sans rendez-vous, 15 ou 20 minutes ou une heure, peu importe… »
Utilisé à l’aile à ses débuts au Partizan, dans un duel face à la légende lituanienne Ramunas Siskauskas dont il se souvient encore très précisément, le grand Jan est devenu depuis un pivot, ou en tout cas, un poste 5 moderne qui joue parfaitement le pick & roll et défend l’accès au cercle.
En NBA, c’était une toute autre paire de manches pour le jeune Wizard un peu vert.
« Je ne peux pas dire que le jeu NBA ne peut pas être collectif mais c’est plus centré sur les individualités. En Europe, les règles sont différentes et ça aide à défendre collectivement. On est toujours prêt à aider en défense alors qu’en NBA, tu essayes déjà de contenir ton adversaire direct qui peut couper et partir dans tous les sens. Du coup, tu penses beaucoup moins à aider. Pour moi, c’était ça la plus grosse différence avec l’Europe. »