Classé n°3 dans le classement ESPN des free agents les plus intéressants de l’intersaison, Christian Wood a connu un parcours des plus tortueux avant de connaître le succès en NBA.
Effondré après ne pas avoir été drafté en 2015 à sa sortie d’UNLV car il n’avait pas la réputation d’être un bosseur, Christian Wood a dû emprunter les chemins de traverse avant de pouvoir rallier les hauts plateaux. Le garçon a pour le coup dû travailler plus souvent qu’à son tour… pour enfin signer un gros contrat dans les mois à venir ?
Quatre années entre la NBA et la G-League…
En l’occurrence, Christian Wood a passé ses quatre premières saisons professionnelles à alterner entre la G-League et la NBA. À vrai dire, d’abord signé par les Sixers après une ligue d’été au sein des Rockets, il va plutôt fréquenter les Delaware 87ers que Philly et les Sixers.
Et il en sera de même l’année suivante, entre les Hornets et le Greensboro Swarm. Puis encore en 2018-19 avec les Bucks et le Wisconsin Herd, et ce après une année complète avec les Delaware 87ers… Durant tout ce temps, Christian Wood fait pourtant le travail, passant de 17 points, 9 rebonds sa première saison à 19 points et 10 rebonds la deuxième et 23 points, 10 rebonds et 2 passes durant la troisième.
En 2019, il est récompensé de sa patience. Après avoir affolé les compteurs à 29 points, 14 rebonds et 2 passes avec le Herd, il a enfin sa chance du côté de La Nouvelle-Orléans. Anthony Davis sur le départ et Nikola Mirotic déjà parti (à Milwaukee justement), il a pu obtenir du temps de jeu en Louisiane dans une fin de saison en roue libre.
Dès son deuxième match, il cumule 23 points et 9 rebonds et fait encore mieux pour sa troisième sortie avec 25 points et 9 rebonds. Auteur de 17 points et 7 rebonds de moyenne (sur 8 matchs) sous la tunique des Pelicans, Christian Wood a enfin gagné son sésame vers la NBA.
« Parfois, il faut savoir se créer ses propres opportunités », affirmait Alvin Gentry en décembre dernier. « Une des manières de le faire est de montrer ton niveau technique et les équipes vont le voir et t’offrir une opportunité de briller. Certains joueurs ont besoin de bouger plusieurs fois avant de comprendre comment ça marche. On l’aimait bien quand il était avec nous. On avait évidemment vu qu’il avait du talent mais il avait encore besoin de temps pour s’imposer et savoir ce que c’est d’être un vrai pro. Je pense qu’il est à ce stade maintenant. »
Un poste 4 idéal pour le « small ball »
Après quatre années à devoir faire les allers – retours dans l’antichambre de la NBA, Christian Wood se voit offrir une chance chez les Pistons… et encore !
Il doit attendre la toute fin du camp d’entraînement pour que le staff penche en sa faveur plutôt que pour le vétéran Joe Johnson, alors blessé. Detroit reprend simplement le contrat déjà signé par l’intérieur à NOLA (à hauteur de 1,6 million de dollars la saison).
« Je suis encore sur un contrat non-garanti », expliquait alors Christian Wood pour le Detroit Free Press. « Je veux me faire payer. Mon objectif est de jouer et de me donner à 100%, comme je le faisais avant. Ça ne va pas s’arrêter maintenant. »
Ce sera encore en ramassant les miettes, en profitant du départ d’Andre Drummond vers Cleveland, que Christian Wood va passer un nouveau cap. Sur les 15 derniers matchs de la saison des Pistons (sans bulle donc), il a tourné à 22 points et plus de 9 rebonds de moyenne en 34 minutes de jeu (le tout à 56% de réussite aux tirs dont un excellent 41% à 3-points pour un intérieur).
Dans un article pour NBA Canada, on constate notamment que Christian Wood est finalement tout aussi performant, voire plus encore, que le sixième Homme de l’année, Montrezl Harrell. Bon rebondeur et protecteur du cercle, il a trouvé la clé de son jeu en progressant constamment sur son tir extérieur et en effaçant ses scories défensives (entre inattention et mauvais placement).
Capable de finir aussi bien près du cercle sur du pick & roll ou à l’extérieur sur du pick & pop, Christian Wood est l’intérieur idéal pour le jeu moderne. De plus, à 25 ans, il entre tout juste dans ses meilleures années basket avec un parcours qui lui a inévitablement enseigné l’humilité et le travail.
« Je joue à Detroit, donc je dois amener cette grinta de Detroit et je dois l’amener à chaque match », déclarait Christian Wood en mars dernier. « Je l’ai fait lors de notre dernière rencontre et je vais continuer à le faire à chaque match que je dispute. »
Le dernier obstacle en date a été de passer le test Dwane Casey à Detroit. Mécontent de ses prestations défensives en début de saison, le coach a remis Christian Wood sur le banc et ce dernier a bien compris le message. Il a fini la saison en boulet de canon, mais il a surtout changé de mentalité, se montrant beaucoup plus agressif, offensivement bien sûr, mais aussi défensivement.
« La chose dont il a le plus besoin est la maturité, comprendre la vie », lançait Dwane Casey cette saison. « Mais il n’a pas eu le moindre problème non plus cette année. »
Vers un contrat à 10 millions la saison
Un poil léger dans la raquette avec ses 98kg (pour 2m08), Christian Wood dispose de la vitesse et de la hauteur pour punir les pivots plus costauds, et il a semble-t-il acquis la dureté nécessaire pour tenir le choc face à la plupart des intérieurs de la Ligue. Mais il ne peut clairement pas faire le poids face aux Joel Embiid, Nikola Jokic voire Anthony Davis qui sont bien trop puissants pour lui…
Capable de gros dunks en fin de système, Christian Wood a aussi montré cette saison qu’il était même capable de poser plusieurs dribbles sûrs avant de finir lui-même ses actions les deux mains dans l’arceau. Dans le même registre d’idées, il peut tout à fait soulager son meneur dans l’organisation du jeu, en faisant de bonnes transitions à la passe ou en initiant lui-même l’attaque depuis le poste haut.
« Il est vraiment bon », s’enthousiasme Bruce Brown. « Il est très longiligne, et il dunke tout ce qu’on lui envoie près du cercle. J’essaie de le trouver dès que je veux une passe décisive car je sais qu’il va envoyer. »
Pour la première fois depuis bien longtemps, les Pistons ont enfin un peu de marge financière, avec 30 millions de dollars de « cap space ». Selon certaines estimations et sa production en pleine progression l’année passée (mais ça reste un petit échantillon), Christian Wood pourrait obtenir un salaire proche des 10 millions la saison, ce qui équivaudrait à la « mid-level exception ».
Selon l’ancien GM NBA John Hollinger, les Pistons devraient s’arrêter à la barre des 15 ou 16 millions maximum car il ne faudrait pas non plus faire de Christian Wood un intouchable dans un éventuel transfert futur. Car, bien difficile de savoir si l’intérieur va se reposer sur ses lauriers une fois ce contrat signé ou s’il va continuer à progresser et, pourquoi pas, atteindre un niveau All-Star.
« Ça va être difficile car les 30 équipes de la ligue me suivent. Je dois rester concentré sur mes objectifs, jouer dur et essayer de gagner des matchs pour l’équipe. Quand le temps viendra, on verra. Je n’y prête pas attention, je veux juste jouer au basket. Pour la première fois de ma carrière, je ne pense qu’au basket et je suis heureux. J’ai une chance avec un bon coach, de bons dirigeants qui aiment mon profil. Je suis heureux d’être ici. »
Un refrain qui pourrait changer avec les offres qui ne devraient pas manquer d’arriver aux oreilles de l’intérieur…
Christian Wood | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2015-16 | PHL | 17 | 9 | 41.5 | 36.4 | 61.9 | 0.8 | 1.5 | 2.2 | 0.2 | 0.7 | 0.3 | 0.1 | 0.4 | 3.6 |
2016-17 | CHA | 13 | 8 | 52.2 | 0.0 | 73.3 | 1.1 | 1.2 | 2.2 | 0.2 | 0.9 | 0.2 | 0.5 | 0.5 | 2.7 |
2018-19 * | All Teams | 21 | 12 | 52.1 | 34.6 | 73.2 | 0.8 | 3.1 | 4.0 | 0.4 | 0.8 | 0.3 | 0.8 | 0.5 | 8.2 |
2018-19 * | MIL | 13 | 5 | 48.0 | 60.0 | 66.7 | 0.3 | 1.2 | 1.5 | 0.2 | 0.2 | 0.0 | 0.2 | 0.0 | 2.9 |
2018-19 * | NOP | 8 | 24 | 53.3 | 28.6 | 75.6 | 1.6 | 6.3 | 7.9 | 0.8 | 1.8 | 0.9 | 1.8 | 1.3 | 16.9 |
2019-20 | DET | 62 | 21 | 56.7 | 38.6 | 74.4 | 1.7 | 4.6 | 6.3 | 1.0 | 1.6 | 0.6 | 1.4 | 0.9 | 13.1 |
2020-21 | HOU | 41 | 32 | 51.4 | 37.4 | 63.1 | 1.9 | 7.8 | 9.6 | 1.7 | 2.2 | 0.8 | 2.0 | 1.2 | 21.0 |
2021-22 | HOU | 68 | 31 | 50.1 | 39.0 | 62.3 | 1.6 | 8.5 | 10.1 | 2.3 | 2.5 | 0.8 | 1.9 | 1.0 | 17.9 |
2022-23 | DAL | 67 | 26 | 51.5 | 37.6 | 77.2 | 1.3 | 6.0 | 7.3 | 1.8 | 2.5 | 0.5 | 1.8 | 1.1 | 16.6 |
2023-24 | LAL | 50 | 17 | 46.6 | 30.7 | 70.2 | 0.8 | 4.3 | 5.1 | 1.0 | 1.4 | 0.3 | 1.0 | 0.7 | 6.9 |
Total | 339 | 23 | 51.4 | 37.2 | 69.4 | 1.4 | 5.6 | 7.0 | 1.4 | 1.9 | 0.5 | 1.4 | 0.9 | 13.6 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.