Le terme de « boycott » est très rare dans le monde sportif, et le plus célèbre exemple concerne les Jeux olympiques, lorsque les Etats-Unis et l’URSS avaient mutuellement décidé de ne pas envoyer leurs sportifs respectifs en 1980 à Moscou et 1984 à Los Angeles. On était alors en pleine guerre froide, et les sportifs subissaient alors les décisions de dirigeants politiques.
En NBA, c’est la toute première fois que des matches sont reportés en raison du « boycott » d’une équipe. En l’occurrence des Bucks, imités ensuite par le Thunder et les Rockets. Dans une position particulièrement inconfortable et pour reprendre la main, la NBA a préféré reporter les matches plutôt que de considérer que les rencontres étaient annulées ou de déclarer un vainqueur.
Une « grève » décisive pour l’histoire de la NBA
Cependant, ce n’est pas la première fois que des joueurs NBA se font remarquer par un « boycott », terme qu’il faut différencier du « lockout ». Dans un « lockout », ce sont les propriétaires qui ferment la boutique en raison d’un désaccord sur la convention collective. Dans le cadre d’un « boycott », ou même plutôt d’une « grève » puisqu’il y avait des revendications, ce sont les joueurs qui menacent de ne pas jouer, et ce fut le cas en 1964, le 14 janvier précisément. Et c’était à un moment très particulier puisque c’était le jour même du All-Star Game, et pas n’importe lequel puisque c’était le premier télévisé !
Si les joueurs avaient décidé de frapper un grand coup, c’est parce que cela faisait des années qu’ils essayaient de légitimer leur syndicat, et ils avaient déjà prévenu, en début de saison, qu’ils étaient prêts à faire grève. Sans jamais être pris au sérieux… Pendant des années, les propriétaires ont refusé de reconnaître l’union des joueurs, et de leur accorder des droits, notamment un pouvoir de décision. À l’époque, les joueurs se battent pour la mise en place d’une pension pour les anciens joueurs, le remboursement des repas ou encore un calendrier plus souple.
En 1964, la NBA ne tient pas compte de l’avis des joueurs, et les propriétaires ne veulent pas négocier avec un syndicat. C’est dans cette ambiance que les plus grandes stars de l’époque, dont Jerry West, Bill Russell et Oscar Robertson, décident de boycotter le All-Star Game, et ils refusent tout simplement de sortir du vestiaire à quelques minutes de l’entre-deux. Dans son livre « Breaks of the Game », David Halberstam raconte qu’il y a eu un vote dans le vestiaire, et que le boycott a été adopté à 11 voix contre 9 ! Il n’y avait pas d’unanimité, et par exemple, Wilt Chamberlain était opposé à ce blocage. Ce qui motivera encore plus Bill Russell pendant le match…
Le patron des Lakers menace ses joueurs !
Le message est simple : tant que les propriétaires ne reconnaîtront pas l’union des joueurs, ils ne joueront plus. C’est un ultimatum, et c’est le commissionner de l’époque, James Kennedy, qui se retrouve en première ligne pour négocier car les propriétaires sont furax. Certains veulent entrer dans le vestiaire, et ils menacent même de mettre fin aux contrats de leurs joueurs s’ils ne vont pas sur le terrain !
« J’étais jeune, et j’essayais de penser à ma carrière » se souvient Jerry West. « Le propriétaire des Lakers nous a dit, de manière très menaçante : « Si vous ne jouez pas ce match, vous ne jouerez sans doute plus jamais ». J’ai alors répondu : « Je ne jouerai pas un match. » J’étais dans le défi. »
Même attitude menaçante chez le légendaire Red Auerbach qui en veut à Tom Heinsohn, son joueur vedette aux Celtics, président de ce syndicat des joueurs.
Face aux menaces des propriétaires et parce que les joueurs restent inflexibles, James Kennedy se rend dans le vestiaire des joueurs, et il fait la proposition suivante aux joueurs : s’ils disputent le All-Star Game, il leur promet désormais une place à la table des discussions avec les propriétaires. Les joueurs discutent entre eux, obtiennent des garanties, et acceptent d’aller sur le terrain. On était alors à 15 minutes de l’entre-deux…
Pour la NBA, c’est un immense soulagement puisque ce All-Star Game avait valeur de test auprès de la chaîne ABC. À l’époque, la ligue n’avait aucun contrat TV, et ce match faisait office de vitrine pour séduire les diffuseurs. Pour la petite histoire, on retiendra que depuis ce All-Star Game, Boston n’a plus jamais accueilli l’événement…