Consultant pour la télévision locale à Charlotte et ambassadeur des Hornets, Dell Curry est de passage à Paris avec la grande caravane de la NBA. Un symbole pour lui, 26 ans après ce match de présaison qu’il avait dû manquer à cause de la naissance de sa fille.
Un match qui, à l’époque, devait opposer Charlotte aux… Warriors. Sans savoir évidemment que son fils allait y créer une dynastie et changer le visage de la ligue. « Il a changé le basket. Pas avec ses tirs à 3-points, mais ses paniers à 3-points » nuance le père de Stephen dans un salon de l’Hôtel du Collectionneur devant un petit comité de journalistes français.
C’est lui qui en sa qualité de spécialiste du tir – toutes proportions gardées (2.9 tentatives en moyenne en carrière, une pointe à 5.2) – a donné l’envie et les clés à Stephen pour devenir le meilleure de l’histoire en la matière.
« Je suis content pour Toronto. »
« Tout le monde peut shooter, mais il faut les mettre. Il a montré comment cette ligne à 3-points pouvait être importante, afin d’étirer le jeu » poursuit-il sur l’héritage que la famille Curry a laissé derrière la ligne à 3-points. « Mais ce n’est pas arrivé d’un coup, il a travaillé pour, il était là avec moi quand il était petit, il a suivi des joueurs NBA, a vu comment ils travaillaient, et il a compris comment il pouvait changer le jeu. Il l’a fait, pas seulement pour la NBA mais pour les gamins qui apprennent à jouer, ça met un sourire sur mon visage quand j’y pense. »
Il a eu une autre raison de sourire récemment quand une autre boucle s’est bouclée, cette fois-ci au plus grand malheur de Stephen, lorsque Toronto a remporté le titre NBA en juin dernier. Une ville où il a terminé sa carrière en 2002, faisant partie de la première grosse équipe de l’histoire de la franchise autour de Vince Carter, Tracy McGrady, Antonio Davis ou son copain Muggsy Bogues – assis à quelques mètres de lui, à répondre à d’autres confrères. « J’ai passé trois ans à Toronto, j’adore cette ville, j’ai beaucoup d’amis là-bas. C’était fun d’y retourner pour les Finals. »
Déçu pour son fils, il était tout de même content du dénouement de cette finale. « La santé, c’est primordial en fin de saison, il y a tellement de matchs. Si tu n’es pas en bonne santé, les joueurs se blessent, tu as le sentiment de ne pas avoir eu ta chance. Mais Toronto est allé chercher ce titre, ils étaient la meilleure équipe de la ligue quand tout le monde était là, j’étais content pour la ville, pour les gens que je connais qui bossent dans la salle. C’est plaisant d’y retourner. Et ils sont surprenants cette année : Kawhi est parti, les gens ne pensaient pas qu’ils seraient aussi bons. Ils ont Kyle Lowry, Pascal Siakam, pleins de bons « role players ». Je suis content pour Toronto. »
« J’adore ce que je fais maintenant en tant que commentateur et consultant, je reste impliqué. Ça me donne assez de temps libre l’été »
Ses Hornets aussi ont surpris du monde en début de saison dans le sillage d’un Devonte’ Graham qui pourrait succéder à Pascal Siakam justement pour le titre de « Most Improved Player ».
Un motif d’espoir pour la reconstruction totale qui a commencé l’été dernier avec le départ de Kemba Walker, malgré la présence de nombreux cadres dont les contrats vont bientôt expirer. « Je pense que les jeunes emmagasinent énormément d’expérience cette année » se réjouit Dell Curry. « C’était le plan, de se reposer plus sur les jeunes, leur développement. Ils sont dans le clous. C’est dur de changer un roster en NBA. Il faut regarder les contrats dans les livres de comptes. Mitch Kupchak a déjà fait de bons choix à la Draft, et ces contrats vont lui permettre d’être actif. »
Avec précaution mais détermination : « On veut améliorer son équipe mais ça n’arrive pas d’un coup. Il faut avoir son plan, et y rester fidèle. Tu peux dévier un tout petit peu mais pas trop. Les Hornets vont continuer à progresser, avec de l’argent à dépenser pour y arriver. »
À l’entendre parler de ses Hornets, on ne peut s’empêcher de lui demander s’il ne pense pas à intégrer l’organigramme de la franchise, en tant qu’assistant coach, comme il avait failli le faire en 2007 avant de se retirer en présaison pour rester avec ses enfants. « Non » s’amuse-t-il. « J’adore ce que je fais maintenant en tant que commentateur et consultant, je reste impliqué. Ça me donne assez de temps libre l’été. »
Propos recueillis à Paris