Dans la difficulté, les Warriors se découvrent une nouvelle identité

Le retour à la réalité fut plus mouvementé que prévu mais, désormais dénués de toutes attentes, les Warriors semblent avoir trouvé leur voie. Paradoxalement, c’est sans leurs stars que cette prise de conscience a eu lieu. Sans les prouesses extraordinaires et attendues de Stephen Curry, sans Draymond Green à la baguette, et sans les arabesques de D’Angelo Russell, Golden State n’avait plus beaucoup d’alternatives.

Dans une ligue régimentée par le talent de ses joueurs majeurs, un ordre qu’ils ont aidé à créer ces dernières années, les Warriors naviguent désormais à contre-courant. Contre mauvaise fortune, bon cœur en quelque sorte. Avec deux rookies, deux joueurs sous « two-way contract », et une ribambelle de mercenaires à la recherche d’une oasis, Golden State doit jouer avec le cœur. Ils doivent en vouloir plus que leur adversaire et tout laisser sur le parquet. Ironique quand on se souvient que les trois dernières saisons régulières avaient plus des airs de parcours de santé, à l’inverse de ce parcours du combattant de cette année.

« C’est vraiment fun ! » clamait Steve Kerr après la victoire surprise face à Portland. « C’est un groupe qui est vraiment plaisant à coacher parce qu’ils sont jeunes, ils sont affamés et ils se battent comme des fous pendant tous le match. C’est une bonne équipe qu’ils viennent de battre. C’est une super soirée pour nous. »

Tirer parti de la jeunesse et de l’enthousiasme

Déjà samedi, malgré la défaite face aux Hornets, Steve Kerr avait souligné les progrès effectués en défense par des joueurs qui commencent tout juste à comprendre ce que leur entraineur attend d’eux. Cette nuit, face au duo redoutable composé de Damian Lillard et de C.J. McCollum, les Dubs ont peiné en première mi-temps mais ils n’ont jamais baissé les bras, compensant leurs erreurs de jeunesse par une énergie débordante.

En deuxième mi-temps, pour minimiser les dégâts provoqués par la base arrière de l’Oregon, Steve Kerr a opté pour des trappes. Et si Lillard a tout de même trouvé des solutions, cette stratégie a permis aux Warriors de rester à un niveau d’agressivité suffisant.

Mais plus que leur effort et leur envie, c’est un sentiment familier du côté de Golden State qui a fait son retour. Engouffrés dans une spirale bien triste, les hommes de Steve Kerr ont retrouvé la joie si chère à leur entraîneur. « On a vraiment un super groupe de jeunes qui prend du plaisir à jouer ensemble et qui veut jouer dur, » décrivait Eric Paschall, le héros de la soirée.

Un public conquis

Cette joie de jouer est contagieuse. Pour la première fois de la saison, le Chase Center avait en effet l’air d’une antre redoutable, rappelant la réputation de son ancêtre d’Oakland. Les fans qui avaient abandonné les déroutes face aux Clippers et aux Suns dès le troisième quart temps étaient cette fois debout derrière cette nouvelle et jeune équipe qui devient de plus en plus attachante.

Évidemment, la route est encore longue. Naturellement, les Warriors ont sûrement bénéficié de la clémence des Blazers qui se voyaient déjà repartir de la Baie avec une victoire facile en poche malgré l’oubli de leur défense en Oregon. Quoi qu’il en soit, cette victoire, Golden State l’a méritée. Et compte tenu de la ferveur présente dans le vestiaire après la rencontre, les Warriors sont gonflés à bloc pour prouver qu’ils ne sont pas là pour faire de la figuration en attendant le retour des légendes locales.

« C’est un grand moment pour nous, pas seulement pour établir une cohésion collective, mais pour prouver que nous sommes capables de sortir des matchs comme celui-ci chaque soir, » partageait Ky Bowman, l’actuel meneur titulaire qui était à Santa Cruz samedi matin pour prendre part au camp d’entrainement de l’équipe de G-League de Golden State.

Il n’y aura vraisemblablement pas toujours de victoire à la clé. Ce ne sera surement pas toujours beau à voir mais une chose certaine, ces Warriors-là se donneront à fond jusqu’au buzzer final. Et c’est une identité dont ils sont tous extrêmement fiers.

Propos recueillis à San Francisco.