L’alchimie des Clippers saute aux yeux, sur et hors du terrain

En lettres roses sur fond noir, le nouveau surnom de Kawhi Leonard, « Fun Guy » saute aux yeux. L’inscription est apposée sur un t-shirt New Balance, la marque dont l’ancien Raptor est devenu l’égérie l’année dernière, mais ce dernier est encore sous la douche. Le t-shirt en question est propriété de Lou Williams. Le sixième homme vient de se balader dans la défense des Warriors, comme il y a deux jours face à celle des Lakers, et s’apprête à sortir du vestiaire visiteur du Chase Center.

À sa gauche, séparé par Ivica Zubac, Landry Shamet, et JaMychal Green, se trouve Montrezl Harrell, son compère du deuxième cinq. L’intérieur, qui réalise un début de saison convaincant, porte lui aussi un t-shirt noir mais d’un style différent. Sur le devant, se trouve imprimée la couverture du numéro 223 de Slam Magazine avec… Lou Williams torse nu et le titre « Underground Goat ».

Doc Rivers sur Kawhi Leonard : « Vous pouvez voir qu’il a mis l’accent sur ça cet été, devenir un meilleur créateur »

Ces détails en disent long sur les liens tissés par les joueurs présents dans ce vestiaire. Si les arrivées de Kawhi Leonard et de Paul George ont fait les gros titres, il ne faut pas oublier que le noyau dur de cette équipe est stable, forgeant une identité qui a permis à Lawrence Frank et Doc Rivers de recruter les deux All-Stars.

« On est tout le temps ensemble, » explique d’ailleurs l’intérieur. « Que ce soit sur le terrain pendant l’été, ou en dehors du terrain. On sort ensemble, on était à une fête d’anniversaire récemment qui avait Halloween comme thème et tout le monde était déguisé. On fait beaucoup d’activités hors du terrain pour être encore plus soudés. »

Kawhi Leonard confirme d’ailleurs que l’intégration des nouveaux venus, dont il fait partie, a commencé fin août avec un mini camp d’entraînement. « Être ensemble, aller au resto, jouer, nous a appris à nous connaitre et je pense que ça se traduit sur le terrain, » décrit-il. Face à Golden State, les Clippers ont en effet délivré 27 passes décisives et leur entente sur le terrain ne ressemble en rien à une équipe qui vient d’ajouter une superstar et qui n’a joué que deux matchs ensemble. Doc Rivers en est lui même surpris et se réjouit de cet altruisme.

« Les gars ne sont pas égoïstes et ça a commencé bien avec le camp d’entraînement, » explique-t-il. « Ils ont évoqué le fait d’être altruistes et ça se voit dans notre façon de jouer. Ce soir la balle a bougé et on a mis dedans. Quand vous avez ces deux aspects, vous pouvez réaliser quelque chose de spécial dans cette ligue. »

Ce partage commence avec Kawhi Leonard et Lou Williams. Les deux scoreurs ne forcent rien. Au contraire, ils font confiance à leurs coéquipiers et n’hésitent pas à lâcher le ballon. La nuit dernière, l’arrière a délivré huit offrandes alors que l’ailier a même égalé son record de passes décisives sur un match, avec neuf caviars. Si Doc Rivers avait aperçu cet aspect du jeu de son nouveau joueur pendant les derniers playoffs, il n’en reste pas moins impressionné.

« Ce qu’il fait avec nous est à un niveau supérieur, » lance-t-il. « Vous pouvez voir qu’il a mis l’accent sur ça cet été, devenir un meilleur créateur. Sa qualité de passe est incroyable. »

Patrick Beverley : « On fait peur, on fait peur »

La richesse de l’effectif des Clippers le met également dans un environnement propice à faire plus de passes décisives que par le passé. « Vu le nombre de shooteurs qu’on a, nos intérieurs qui peuvent s’ouvrir vers le cercle, nos postes 4 peuvent tirer comme des arrières, ça lui donne l’embarras du choix, » fait remarquer Patrick Beverley.

Cette alchimie se retrouve également sur le plan défensif. Face à Stephen Curry et D’Angelo Russell, les Clippers ont été rigoureux et ont appliqué leur plan de jeu à lettre. Patrick Beverley, Landry Shamet, et Moe Harkless ont fait un super boulot sur le porteur alors que les intérieurs sont venus trapper à hauteur des écrans pour forcer les deux arrières à lâcher le ballon.

« Nous avons de nombreux défenseurs avec des long segments, on a aussi des gars qui veulent défendre et qui sont prêts à se sacrifier pour le bien de l’équipe, » décrit Kawhi Leonard. « Les mecs provoquent des passages en force, sacrifient leurs corps, et on sait que ça passera par ce genre d’effort si on veut atteindre notre objectif. »

Symbole de cette défense, Patrick Beverley salivait rien qu’en pensant au potentiel de son équipe de ce côté du terrain avec l’addition de Paul George. « On fait peur, on fait peur, » s’exclamait-t-il le regard perdu dans le vide. « On fait vraiment peur ! »

Les Clippers savent qu’ils ont l’opportunité de réaliser quelque chose de grand cette saison. Et après 72 heures dans cette nouvelle saison NBA, ils portent fièrement leur ambition. Le reste de la ligue est prévenue.

Propos recueillis à San Francisco.