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Saga Grizzlies (#3) – L’anti-Orlando

Dernier volet de notre trilogie rétro sur le basket dans le grand Nord-Ouest avec l’histoire, brève mais mouvementée, des Grizzlies à Vancouver. Aujourd’hui, on se penche sur l’écosystème défavorable qui a pourri l’existence des Grizz.

Ça se passe entre 1995 et 2001. Six saisons courtes et longues à la fois dans la cité canadienne de Vancouver. Sortis de leur tanière à la surprise générale en 1995, à la suite de leurs compatriotes Raptors, les Grizzlies n’ont malheureusement pas pu s’installer durablement dans le paysage de la Grande Ligue. Un hiver sans fin. Un hiver sans hibernation…

1ère partie : La genèse d’une franchise sortie de nulle part

2e partie : Une première saison à oublier

L’anti-Orlando

« Ne sélectionnez pas Steve, il ne veut pas jouer ici ! ». Le message de Jeff Fried, l’avocat du joueur, était pourtant clair comme de l’eau de roche… mais Stu Jackson n’a pas pu s’en empêcher.

« Avec le 2e choix de la Draft 1999, les Vancouver Grizzlies sélectionnent Steve Francis, de l’Université du Maryland… »

Se prenant la tête entre les mains, Steve Francis avance lentement vers l’estrade, le regard dans le vague, avant de serrer la main de David Stern qui lui glissa à l’oreille : « Ne t’inquiète pas, il y aura des joueurs meilleurs, tu vas avoir une belle carrière ».

Meneur hyper spectaculaire, Francis aurait pu être le Vince Carter de Vancouver, à savoir cette jeune superstar qui attire les foules et les sponsors au nord de la frontière. Mais il n’en a rien été… En ce soir de 30 juin 1999, les Grizzlies ont déjà mis un pied dans la tombe.

Une bonne grosse déprime

Après leur première saison à 15 victoires terminée sur les chapeaux de roue, à savoir une série de 2 victoires de rang qui leur permettent de partager le pire bilan initial pour une franchise d’expansion (ce record est incroyablement tenu par 5 franchises : les San Diego Rockets en 1967-68, les Cleveland Cavaliers en 1970-71, les Dallas Mavericks en 1980-81 et le Miami Heat en 1988-89), les Grizzlies n’ont cependant guère de motifs d’optimisme à l’orée de leur deuxième campagne.

Ils viennent certes de drafter Shareef Abdur-Rahim en 3e choix de la draft 1996 (et également Roy Rogers – en 22e choix, ainsi que Chris Robinson en 51e), mais Vancouver ne va parvenir à récolter que 3 victoires seulement sur les 20 premiers matchs de sa seconde campagne en NBA. De quoi déprimer sévère… ou pas !

« En faisant mes recherches, j’ai vraiment été surprise de constater qu’on avait de si mauvais résultats, je ne m’en souvenais pas », nous avouait Kat Jayme. « Ça m’a simplement fait rire au final, car gamine, je n’en avais aucune idée. Et ça m’a ramené à mes souvenirs d’enfance, quand on ne pense pas à tous ces autres paramètres. Dans le fond, je suis même contente d’avoir été aussi jeune et de ne pas me soucier de tout ça car beaucoup de gens à Vancouver se sont sentis lésés d’avoir une équipe aussi nulle mais moi, je m’en fichais. »

Il faut bien dire que la première intersaison des Grizzlies les a laissés sur leur faim. Malgré de la marge salariale à investir, aucun joueur ne semble vraiment intéressé, ce qui fait que c’est un échange en provenance des Lakers – alors en train de faire le vide pour accueillir le Shaq – qui fait venir les deux seules recrues : Anthony Peeler et George Lynch.

« C’était difficile de convaincre les joueurs de venir jouer à Vancouver, comme avec Steve Francis évidemment qui n’a même pas voulu essayer », ajoute Jayme. « Personne ne connaissait vraiment Vancouver à l’époque, qui n’avait pas encore établi sa réputation comme maintenant. On essayait simplement de recruter des joueurs qui voulaient défendre nos couleurs. »

A vrai dire, cela représente un défi plus relevé que prévu. De l’effectif originel de 1995, il ne reste plus que 3 joueurs au camp d’entraînement de septembre 1996 : Greg Anthony, Blue Edwards et Bryant Reeves. Un trident qui n’effraie personne dans un effectif qui semble résolument poissard.

Appelé à guider ses jeunes coéquipiers au même titre que Byron Scott, Gerald Wilkins revient alors d’une saison blanche après une rupture du tendon d’Achille quand il débarque à Vancouver. Malgré son enthousiasme du début de saison, l’arrière vétéran doit cependant être rapidement opéré du dos. Après avoir joué seulement 28 matchs à Vancouver pour un rendement indigne (7 points, 2 rebonds), Wilkins disputera 152 des 164 matchs sur les deux saisons suivantes sous le soleil floridien d’Orlando.

Dans le même registre, il y a Kenny Gattison. L’ancien ailier de Charlotte, solide contributeur durant cinq saisons en Caroline du Nord, ne jouera que 25 matchs avec les Grizzlies après une blessure au cou. Il prendra sa retraite en pleine saison…

« On avait un groupe disparate de gars qui n’étaient pas vraiment des joueurs NBA établis, des vétérans qui avaient dépassé leur pic et dont certaines équipes ne voulaient plus », souligne Lionel Hollins. « On a perdu de toutes les manières imaginables. Je me souviens d’être à San Antonio et de perdre de 49 points. »

111 à 62 effectivement, le 8 novembre 1995… Après deux séries de 18 défaites de suite lors de leur première saison, les Grizzlies vont de nouveau se prendre les pieds dans le tapis dès l’hiver 1996. Brian Winters ne le passera pas, limogé fin janvier après 35 défaites et seulement 8 victoires.

En coulisses, le message de coach Winters ne passe plus. Le cycle des défaites a peu à peu sapé le moral des troupes… Même les entraînements des Grizz ne sont pas bons !

« Quand je dis ça, je ne veux pas dire qu’il faut virer Brian ou quoi que ce soit », se justifiait Blue Edwards dans le Chicago Tribune. « Mais peut-être qu’on a besoin d’un changement d’entraîneur parce que, pour une raison ou une autre, Brian ne nous touche plus. On n’est pas motivé. Brian donne 100% de sa personne et lui et son staff font le meilleur boulot qu’ils peuvent pour nous préparer. Mais on n’arrive pas à suivre leur plan. Notre approche de la plupart des matchs a été horrible et notre approche des entraînements a été horrible. »

Sans repères collectifs avec un effectif largement remanié, et tout simplement en manque de talents alors que Bryant Reeves est par exemple arrivé hors de forme, les Grizzlies font peine à voir. Même par la suite, lors de la saison 1998-99 notamment, Vancouver n’arrive pas à trouver le succès sur les planches. L’envie y est, là n’est pas le problème, mais l’expérience et le talent manquent cruellement…

« Je me souviens qu’on était jeune », postulait Mike Bibby pour Sports Illustrated. « On était bien souvent dans le match mais on n’arrivait pas à terminer le travail. Lors de l’année du lockout, on avait commencé avec 4 victoires et 4 défaites avant de terminer à 8-42. C’est difficile pour une nouvelle équipe quand tous les vétérans ont le même âge que les rookies. »

Pour ne rien arranger, les Grizzlies ne produisaient pas vraiment un basket très spectaculaire. C’était plutôt du jeu brut de décoffrage, bien souvent ça passe ou ça casse. « On n’était pas tellement excitant », reconnaît Bibby. « Nos gars jouaient plutôt sous le cercle. Je pense que les fans n’ont pas vraiment été gâtés avec nous. »

Mettre le paquet sur les temps-morts

A défaut de pouvoir faire rêver leur fanbase encore maigrelette, les Grizzlies comprennent rapidement qu’ils doivent mettre le parquet sur les divertissements autour du match. L’identité visuelle de la franchise est alors mise au centre du dispositif, avec la mascotte poilue en guest star.

« Je me souviens simplement de prendre énormément de plaisir. Je sais qu’ils perdaient beaucoup mais j’étais tellement petite que je m’en fichais ! Je ne savais même pas qu’ils étaient si mauvais », nous confiait Jayme en rigolant. « C’est ce que l’on me demande souvent quand j’explique que j’ai fait un film sur les Grizzlies : mais pourquoi ? Ils étaient mauvais. Mais moi, je ne le savais même pas ! Si j’avais été un peu plus âgée, mon expérience aurait sans doute été complètement différente mais comme j’étais si jeune, je ne m’en rendais pas compte et je m’en fichais. Tout ce qui m’intéressait, c’était d’aller au match et de m’amuser. Je les aimais tellement ! »

Kat Jayme n’était évidemment pas la seule dans ce cas. Comme à Toronto où la folie NBA va s’emparer de toute une génération de gamins canadiens, la jeunesse de Vancouver s’éprend soudainement et éperdument de ses Grizzlies… si mauvais soient-ils !

« Quand j’y pense, je me souviens simplement que je m’amusais énormément », narre Robert Sacre l’ancien pivot des Lakers natif de Vancouver – désormais star au Japon – pour SI. « Ça nous donnait un truc en plus à faire et je me rappelle que ça a clairement amené de l’excitation dans la ville. »

Apparus de manière inattendue, les Grizzlies ont tout autant été une aubaine pour les moins de 16 ans qu’une mauvaise blague (pour ne pas aller jusqu’à la malédiction) pour les ados et adultes de Vancouver. Dans ce débat générationnel, une équipe qui représente mal la ville vaut-elle mieux qu’aucune représentation du tout ?

« J’allais pour ainsi dire à tous les matches », soutient Pasha Bains, un joueur star dans un lycée local qui jouera à la fac de Clemson. « Avoir la NBA à Vancouver, c’était une époque bénie quand on était gosse. Ça nous a motivés et a rendu ce rêve plus réaliste. »

A posteriori, les Grizzlies semblent être une des franchises NBA qui a le plus gravité vers son public (très) jeune. Outre l’imagerie cartoon et des couleurs fortes en symbolique locale, Vancouver a également permis à ses fans en culottes courtes de venir à la General Motors Place en pratiquant des prix raisonnables. Surtout en comparaison avec le sport national…

« C’était vraiment bon marché et abordable », nous confirme Jayme. « C’est pour cela que beaucoup de gens pouvaient venir aux matchs. A l’inverse, les places pour les matchs des Canucks étaient bien plus chers. »

Quelle était donc l’ambiance dans la salle des Grizzlies, malgré les défaites qui s’accumulent ? Comment faire pour maintenir l’intérêt des fans quand l’équipe présente des résultats sportifs catastrophiques ? La franchise de Vancouver s’est creusé les méninges et a trouvé plusieurs solutions pour empêcher une baisse inexorable de l’affluence.

« C’est le stéréotype qui circule mais ce n’est pas vrai », corrige la réalisatrice de « Finding Big Country ». « Les matchs étaient plutôt bien suivis, c’était une expérience très amusante. Et parce que l’équipe n’était pas super, la franchise a beaucoup mis l’accent sur les divertissements. Si vous demandez à des gens de Vancouver qui ont assisté à au moins un match des Grizzlies, tout le monde vous dira que c’était un super divertissement. On avait la mascotte Super Grizz qui faisait des sauts périlleux, qui descendait du plafond, qui shootait des T-shirts avec son bazooka. J’ai parlé à des gens qui ont travaillé pour la franchise et ils me disaient que leur objectif était de faire que les matchs soient divertissants d’une manière ou d’une autre, malgré les défaites. Les divertissements lors des matchs étaient vraiment de top niveau. Et les Canucks ont beaucoup appris des Grizzlies. »

Dans les faits, l’affluence a pourtant bel et bien diminué d’année en année, à part pour une réaction brève lors de la saison écourtée en 1998-99. C’est surtout à partir de la saison 1999-00 avec environ 3 000 entrées en moins par match, que les Grizzlies tombent dans les trois dernières places du classement NBA (27e) après avoir été dans le peloton sur leurs quatre premières saisons (14e en 1995-96 par exemple).

« On a fait partie du groupe de bas de classement mais on n’était pas les derniers non plus », argue Jayme. « Dans mon expérience en tout cas, même sur ces dernières années, je n’ai jamais ressenti que la salle était vide. Je me souviens de regarder un match d’Atlanta et il y avait trois pelés et un tondu dans les gradins. Ce n’était pas le cas à Vancouver ! »

Des Grizzlies menottés aux pattes

En coulisses, les Grizzlies ont en fait changé de mains avant même leur saison inaugurale avec John McCaw qui devient officiellement le propriétaire majoritaire le 7 mars 1995 en lieu et place d’Arthur Griffiths qui lui a vendu ses parts. Le géant des communications sans fil vient justement de parapher un contrat pour plusieurs milliards de dollars avec AT&T…

Mais si riche soit le nouveau proprio, les problèmes des Grizzlies demeurent. Et puis, le pauvre « Ursus arctos horribilis » de son petit nom latin, semble un peu pieds et pattes liées avec des restrictions réglementaires qui pèsent lourd. En l’occurrence, ni Vancouver ni Toronto n’ont droit d’accéder aux 3 premiers choix de la draft. Mais ce n’est pas tout…

« Le système était conçu pour menotter les nouvelles équipes d’expansion », précise Noah Croom, l’assistant GM de 1995 à 2000, pour Global News. « Et ça date d’Orlando, qui a obtenu deux premiers choix de la draft, et les autres propriétaires ont été vexés, ou au moins mécontents d’avoir eu à payer leurs dus pendant que des nouvelles équipes connaissaient rapidement le succès. »

Intégré à la NBA en 1990, le Magic a effectivement bénéficié de belles largesses à ses débuts, récupérant coup sur coup Shaquille O’Neal et Anfernee ‘Penny’ Hardaway en 1992 et 1993. Dès la saison suivante, Orlando ira tutoyer les étoiles avec Shaq qui s’invite au All Star Game (et fait un film avec Nick Nolte et son nouveau copain Penny dans Blue Chips, sorti en février 1994) avant de perdre les Finales sur un vilain sweep des Rockets d’Hakeem Olajuwon en juin 1995.

La réaction des propriétaires (les « gouverneurs » dans la nouvelle nomenclature) ne s’était pas fait attendre. David Stern a évidemment eu les oreilles qui ont chauffé, et les Grizz et les Raptors – canadiens en sus – ont payé les pots cassés !

Assujettis au jeu des devises internationales et d’un dollar canadien à la peine, les Grizzlies ne sont pas aidés par la conjoncture. Mais, même avec une marge salariale prête à être investie, comme durant cet été 1996, les Grizzlies n’arrivent pas à recruter.

Le dollar canadien, couplé aux impôts locaux, fait grincer des dents dans les vestiaires. Et, par écho, ça se sait à travers la Ligue… Lionel Hollins se souvient de la première réaction des joueurs au moment de recevoir leur fiche de paye.

« Quand ils ont descendu les premières fiches de paye au vestiaire, les joueurs ont été choqués de voir combien d’argent sortait de leur paye. »

Mais ce n’était là que la partie émergée de l’iceberg. Sous le niveau de la mer, Vancouver était en apnée. Durant les cinq premiers mois de leur existence, les Grizzlies fonctionnaient par exemple sans aucun employé avec de l’expérience en NBA. Il a fallu la nomination de Stu Jackson – accélérée par les bureaux de la Ligue – pour « remédier » à cela.

Plus profondément cela dit, les contrats signés par Vancouver et Toronto contenaient un certain nombre de conditions qu’il fallait accepter ou le deal tombait à l’eau. Certaines d’entre elles étaient particulièrement handicapantes, dont l’interdiction formelle de faire des paris sur tous les matchs NBA. En Colombie Britannique, cela signifiait qu’il fallait retirer tous les jeux de paris, contrôlés par le gouvernement. En 1993, les parieurs ont ainsi déboursé plus de 1,5 million de dollars canadiens sur les matchs NBA, dont une large partie était reversée pour les services sociaux de la province.

Cette intrusion de la NBA dans la réglementation de la province a été très mal perçue d’emblée : comment une ligue professionnelle de sports pouvaient dicter sa politique à un pays étranger, surtout quand cela bénéficiait au plus grand nombre ?

Au final, le premier ministre de la Province, Michael Harcourt, ancien joueur de basket dans sa jeunesse, a fini par trouver un accord avec Griffiths qui s’engageait à verser 500 000 dollars par an (à partir de 1995) pour compenser cette perte. De plus, Griffiths arguait que les Grizzlies allaient rapporter environ 10 millions de dollars en impôts, ce qui alimentera les caisses de la Province et du gouvernement fédéral.

Une autre stipulation problématique était que Vancouver (et Toronto) devait prouver qu’ils avaient déjà sécurisé un paiement à 50% pour 12 5000 billets d’entrée avant le 1er janvier 1995. Une tâche quasi impossible quand on sait que Minnesota ou Orlando avaient éprouvé les pires difficultés à atteindre 10 000 abonnements avant leurs débuts officiels à l’automne 1989. Alors comment voulez-vous que les Grizzlies et les Raptors, dans un pays bercé par le hockey, puissent accomplir une telle mission ? D’autant que les Canucks n’arrivaient même pas à ses 12 500 billets en moyenne !

A 10 000 billets vendus 10 jours avant la date butoir, les Grizzlies s’approchaient du but. Et, au final, ce seuil sera miraculeusement atteint grâce à la participation de la chaine Shoppers Drug Mart qui a acheté 2 500 groupements de tickets (sur toute la saison) pour arriver à 12 624 billets vendus. D’ailleurs, Drug Mart fera le même geste pour les Raptors.

Pour leur première draft en 1995, les Grizzlies comme les Raptors n’avaient pas accès au Top 5, au contraire de leurs congénères de NFL, les Panthères de Caroline et des Jaguars de Jacksonville, qui héritaient des n°1 et n°2 lors de la draft de la même année.

Une autre limite posée au développement immédiat des équipes, là par sécurité, était que l’on ne pouvait pas dépenser plus que 66% de leur masse salariale lors de la première saison.

« On était probablement menotté, mais les propriétaires ont accepté cette donne de départ. Ils voulaient une nouvelle équipe, donc ils ont tout accepté. C’était hors de mon contrôle », explique Brian Winters, le coach durant les deux premières saisons. « Mais ça a compliqué les choses pour construire une franchise. Ça prend du temps. »

Des Grizzlies sans flair

Stu Jackson n’a pourtant pas lésiné pour populariser sa franchise NBA naissante. Ainsi, il a pris sa voiture en août 1995 pour aller présenter un exposé de 3 minutes lors d’un tournoi de basket estival, et ce malgré 3 heures de route : aller et retour !

Ou cette autre sortie, en avion cette fois-ci, pour donner un petit discours à un autre tournoi de 3 contre 3. Ou encore cette session de questions réponses, à Vancouver, durant laquelle Jackson a également tombé la veste pour une petite séance de tirs. Si impliqué qu’il ait pu être dans sa mission de prosélyte, le GM des Grizzlies ne pouvait rien à la cascade de défaites qui a refroidi les ambitions des jeunes ursidés.

Sur une pente (légèrement) ascendante avec l’arrivée de Brian Hill en 1997 (+5 victoires), les Grizzlies sont lourdement retombés durant la saison 1998-99, écourtée par le lockout. Vancouver a certes compté sur une saison record pour Shareef Abdur-Rahim (23 points, 7 rebonds) et une solide campagne de débutant pour Mike Bibby à 13 points et 6 passes. Malheureusement, Bryant Reeves n’a pas tenu le choc, sur le flanc avec une blessure au genou pour 25 matchs. Vancouver terminera avec le pire record de la Ligue à 8 victoires pour 42 défaites.

S’ils étaient bien limités dans leurs mouvements par un règlement trop étriqué, les Grizzlies ont également donné le bâton pour se faire battre. Et par là, on vise directement Stu Jackson, le GM de Vancouver durant les cinq premières saisons de la franchise. Certaines de ses décisions sont pour le moins discutables.

Passé par l’Université d’Oregon où il débutera aussi dans le coaching, Jackson s’est surtout fait connaître en devenant à 33 ans, le deuxième coach le plus jeune de l’histoire, prenant en main les Knicks en 1989. Il n’y fera qu’une saison et demie, éliminé en playoffs par les Pistons en route vers le titre en 1990. Il amènera aussi la fac de Wisconsin au tournoi NCAA en 1994 avant de basculer de l’autre côté de la barrière, dans les bureaux, avec Vancouver en tant que GM.

Pourquoi ne pas avoir choisi Steve Nash ?

Stu Jackson détient une part évidente de responsabilité dans le flop sportif des Grizzlies. L’équipe a connu cinq entraîneurs en six saisons. A cette instabilité chronique, ajoutez des résultats très mitigés à la draft. Et Jackson qui se montre très naïf en signant un contrat de 62 millions de dollars sur 6 ans à Bryant Reeves. Mais revenons sur son bilan à la Draft

Sur les six années de draft de Vancouver, sans compter 2001 qui concernait Memphis, Vancouver a obtenu 5 sélections dans le Top 5 et une autre en 6e position. Si Bryant Reeves peut soulever quelques interrogations, l’idée de bâtir une nouvelle franchise avec un pivot dominant n’est pas une mauvaise idée dans les années 1990. Surtout que le choix n’était pas pléthorique derrière, seuls Damon Stoudamire ou un slasher (mais alors méconnu) comme Michael Finley auraient pu faire des différences et apporter un peu de spectacle. Pas trop de regret en 1995.

Lors de la fameuse draft 1996, les Grizzlies ont encore fait dans la sécurité en prenant Shareef Abdur-Rahim. Stephon Marbury aurait été un choix plus risqué mais aussi plus attractif en termes de spectacle, tout comme Antoine Walker à vrai dire. Ray Allen étant un autre joueur encore disponible, et à la réputation virginale. Outre le cas Kobe Bryant, mais encore aurait-il fallu que les Grizz aient un département de scouting avancé, ce dont on est en droit de douter (et sans leur jeter la pierre), il y a surtout Steve Nash. Le meneur de Santa Clara, local de l’étape, n’avait certes pas la cote la plus brûlante de la draft mais le simple fait qu’il soit un gars du crû en faisait un client potentiel. Mieux, un vecteur de réussite à long terme.

Après la draft, Stu Jackson essaiera pour le coup de rectifier le tir et mettre le grappin sur Nash. Mais les Suns se sont montrés « déraisonnables », demandant trop aux Grizzlies.

« Phoenix avait appelé mais ils se montraient déraisonnables », a commenté Jackson dans le Vancouver Sun, après la draft d’Antonio Daniels en 1997. « Ils ont appelé parce qu’ils se sont aperçus que le gamin n’allait pas jouer. Mais ce qu’ils demandaient était inacceptable pour nous. Si on leur avait donné ce qu’ils voulaient pour Steve Nash, on aurait connu un jour heureux et le reste de la saison en se demandant ce qu’on a fait. »

La Draft 1997 est déjà un premier gâchis avec la sélection d’Antonio Daniels, le début de la fascination de Stu Jackson pour les meneurs. Sans dire que cette cuvée 97 était bien fameuse, il y avait néanmoins de meilleurs choix à faire pour Vancouver, et pourquoi pas tenter le coup osé par Toronto en piquant un certain Tracy McGrady en fin de 1er tour ou encore les plus renommés Ron Mercer, Tim Thomas ou Derek Anderson – choisi encore plus bas, pas forcément des titans mais des joueurs talentueux et spectaculaires.

En 1998, le choix de Mike Bibby est loin d’être une erreur. C’est même en quelque sorte une belle correction de l’erreur de l’année précédente. Bibby sera un des meilleurs Grizzlies à Vancouver. Non, simplement, il y avait d’autres joueurs à considérer : au premier chef desquels, les deux Tar Heels Antawn Jamison et Vince Carter. Ce dernier changera l’histoire des Raptors. A lui seul, il parviendra à modifier l’évolution de la franchise de l’Ontario, la propulsant non seulement en playoffs mais sur la carte de la NBA à force d’envolées interstellaires et de dunks ahurissants.

Le flop Felipe

Plus rageant encore que de rater un Jason Williams (qui portera la tunique des Grizz, mais du côté de Memphis, juste après le déménagement) qui aurait pu attirer les foules, les Grizzlies ont surtout manqué de flair pour débusquer des joueurs en fin de draft, comme les Al Harrington et Rashard Lewis. A l’époque où les lycéens étaient en vogue, Vancouver a jeté son dévolu sur Felipe Lopez, l’ancienne vedette des lycées new yorkais… nouveau couac !

« La Draft est toujours un pari, il n’y a aucune garantie que le joueur choisi sera un grand joueur », tempérait Kat Jayme lors de notre conversation. « Mais je trouve qu’on a choisi de bons joueurs avec Reef, Bibby et Country. C’étaient des joueurs incroyables, mais pour une raison ou une autre, on n’a pas trouvé la bonne alchimie. La mayonnaise n’a pas pris et une des raisons invoquées est souvent la jeunesse du groupe ; on n’avait pas vraiment de joueurs avec beaucoup d’expérience. »

Mais cela n’est rien comparé au camouflet de la Draft 1999. Pourtant prévenu qu’il n’avait aucune intention de s’installer en Colombie Britannique, le directoire mené par Jackson choisit Steve Francis en deuxième position. Une décision difficilement compréhensible quand on sait que le camp du joueur avait été sans équivoque sur son refus de venir à Vancouver.

En fin de compte, cette soirée de Draft symbolise parfaitement l’inadéquation de la franchise de Colombie Britannique en NBA à ce moment-là. Sans pouvoir d’attraction et sans capacité financière supérieure, les Grizzlies ont alors transpercé la couche de glace de plus en plus fine sur laquelle ils avançaient laborieusement.

Dans cette malheureuse d’histoire de Steve, Francis a sonné le tocsin quand Nash aurait pu tout changer…

Prochain épisode : Des Grizzlies en voie de disparition

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