Déterminé, comme à son habitude, le nouveau pivot du Bayern Munich souhaite tout donner sur le terrain. Toujours très bon quand il porte le maillot bleu, il forme avec Rudy Gobert et Vincent Poirier une triplette très complémentaire sur le poste 5. Si les trois sont en forme, les cercles n’ont pas fini de trembler !
Mathias, vous voilà enfin de retour à l’entrainement après avoir manqué les deux premiers matchs à cause d’une petite entorse. Vous devez être impatient de commencer enfin votre préparation ?
J’ai vraiment hâte d’y être. Ce n’est pas facile d’être sur le côté et de voir les autres jouer. Aujourd’hui, je suis prêt, je ne sais pas encore si je vais jouer (ndlr : il sera bien parmi les 12 joueurs en tenue contre le Monténégro, ce soir, à partir de 20h30 sur RMC Sport 2) car Vincent Collet n’a pas encore fait le choix des 12 et que quatre joueurs ne vont pas être alignés mais j’ai envie d’être sur le terrain et de tout donner pour gagner.
« Ce sera à nous de jouer en équipe, mais sur le papier l’équipe est très forte »
Vous arrivez en pleine forme et vous vous blessez. Est-ce que le doute s’installe, surtout quand on sait qu’il faut tout donner pour gagner sa place ?
Non, c’est comme ça, ce n’est pas une grosse blessure. Je savais que ce n’était pas grave, même le staff ne s’est pas affolé. Le coach m’a dit qu’il n’y avait pas d’urgence. Que je n’avais pas besoin de me précipiter pour montrer quoi que ce soit. Il voulait plutôt que je prenne mon temps de me soigner, d’attendre que ma cheville soit prête et dès que je me sentais bien, de tout donner sur cette préparation. Aujourd’hui c’est le cas.
Rudy Gobert, Vincent Poirier et vous, ce sont trois profils différents. C’est à l’image de cette équipe de France, la marque d’une très grande polyvalence ?
Tout à fait. C’est notre force. On a de tout. On a des meneurs rapides, si on veut de la taille sur le poste 1 on a Frank (Ntilikina). On a des postes 2 et 3 de tous les profils, nos postes 4 peuvent shooter de loin. On a beaucoup de joueurs qui peuvent jouer sur plusieurs postes. Ce sera à nous de jouer en équipe, mais sur le papier l’équipe est très forte.
D’ailleurs, on peut s’apercevoir que vous essayez de développer un tir à 4-5 mètres.
Le fait de pouvoir m’éloigner du cercle va me permettre de mieux utiliser ma vitesse. Je sais que je dois développer ça et je travaille beaucoup. Si je peux amener mon vis-à-vis loin de la raquette, alors ça me donnera plus d’opportunités en attaque. C’est compliqué pour un grand de défendre au large pour contester les tirs, alors si j’arrive à scorer de loin cela peut faire que du bien à l’équipe.
Vous avez été drafté par les Sixers en 2017 au second tour. Le fait de rejoindre le Bayern Munich doit vous permettre un jour de rejoindre la NBA ?
Je garde la NBA dans un coin de ma tête, mais ce n’est pas une priorité à l’heure actuelle. J’ai signé un an au Bayern et dans tous les cas il va falloir que je fasse un an là-bas. L’été prochain, quand je serai sans contrat, on verra ce que je ferais, mais là, ça ne sert à rien d’y penser. D’abord la Coupe du Monde, puis mon année au Bayern.
« J’ai la chance de pouvoir mélanger basket et expériences humaines, ça n’a pas de prix »
Nanterre, Malaga, Belgrade et maintenant Munich. Être sportif professionnel, c’est aussi pouvoir vivre dans de très belles villes…
J’ai eu de la chance de tomber dans de très belles villes. Toutes ces villes sont magnifiques et j’y ai vécu de très bons moments hors basket. J’ai la chance de pouvoir mélanger basket et expériences humaines, ça n’a pas de prix. Par exemple, quand j’arrive à Nanterre, je retrouve une communauté antillaise et ma famille que j’avais quitté cinq ans auparavant. À Belgrade et à Malaga, j’ai vécu des moments uniques. Faire son travail, sa passion et en plus rencontrer des bonnes personnes partout où je suis passé, c’est extraordinaire.
L’aspect humain est très important, surtout quand, à 15 ans, on doit quitter la Martinique pour Chalon sur Saône afin de réaliser ses rêves ?
Au tout début, ma mère m’a accompagné donc les premières semaines, c’était simple. Puis elle est partie et là, c’est devenu plus compliqué. Mais, j’ai eu la chance de tomber à Chalon. Une très bonne organisation, ils s’occupent bien de nous et l’équipe était très forte. On a gagné en Cadets et en Espoirs. Les gens du club ont su gérer tout ça. L’atmosphère et la culture de la gagne sont deux choses qui m’ont été transmis à mon arrivé à Chalon donc pour me développer en tant que basketteur, c’est super. J’avais David Michineau avec moi, donc ça m’a permis de faire la transition mais ce n’est jamais facile. Les premiers hivers sont durs, la famille te manque, tes parents te manquent. Quand il y a des fêtes aux Antilles et que tu vois toute ta famille, c’est tellement dur. Alors ils t’envoient des photos pour te faire plaisir mais toi tu te dis que tu aimerais être avec eux. Noël, le Carnaval, les grandes vacances… Tu es loin. Mais c’était pour la bonne cause et ça m’a rendu plus fort.
Votre grand frère aussi a fait le même chemin quelques saisons plus tôt. C’est votre modèle ?
Oui, mes deux frères sont mes modèles. Le fait de les avoir m’a beaucoup aidé. Avoir deux personnes avec qui je peux parler et exprimer ce que je ressens sans crainte. On se dit tout, je peux me mettre à nu devant eux quand ça va pas, quand je doute et même quand je suis heureux, je sais qu’ils auront toujours les mots pour m’aider. Je sais qu’ils ont rien derrière la tête, ils ne veulent que mon bien. Ils véhiculent de très belles valeurs et c’est hyper important. Ma famille représente beaucoup pour moi et c’est extraordinaire d’avoir des gens comme ça à ses côtés.