Chaque saison, Draymond Green a défrayé la chronique par ses exploits sur le parquet mais aussi par ses écarts comportementaux. On se souvient notamment de son échange pour le moins houleux avec Kevin Durant en début d’exercice qui avait contrait sa propre franchise à le suspendre pour un match. Il faut croire que cet incident a contribué à changer l’état d’esprit de l’intérieur depuis.
Ainsi, même s’il reste maître en la matière avec 16 fautes techniques en saison régulière et 4 sur ces playoffs 2019, Draymond Green a enclenché un début de changement et arrive à mieux contrôler ses nerfs, alors qu’il n’a plus récolté de « tech » depuis le 30 avril face à Houston (que la ligue a par ailleurs annulé ensuite).
Depuis le début de la finale NBA, il aurait aussi pu dégoupiller. Face à un Drake un peu trop prompt à fanfaronner après le Game 1 et même dans le Game 2, lorsque les arbitres ont sanctionné une défense un peu trop agressive sur Pascal Siakam, provoquant un nouvel ascenseur émotionnel chez le n°23 des Warriors. Mais l’homme à tout faire de Golden State a su vaincre ses émotions.
« Tout est question de savoir si cette passion agit pour moi ou contre moi »
Plusieurs facteurs l’ont aidé à prendre conscience de l’impact négatif que son comportement pouvait avoir sur son jeu et son équipe. Sa propre réflexion d’abord : « Tout est question de savoir si cette passion agit pour moi ou contre moi. Quand je canalise ça pour faire en sorte que ça agisse pour moi, je pense que je suis l’un des joueurs les plus durs de la planète. Quand ce feu prend le dessus sur moi, je ne suis pas si bon », a-t-il résumé sur ESPN. Son altercation avec Kevin Durant n’a fait que confirmer sa réflexion sur ce point. « On en revient à ça, est-ce que ça joue pour ou contre moi de perdre le contrôle comme ça ? »
Parmi les autres éléments déclencheurs, il y a aussi un changement d’alimentation, poussé par le GM Bob Myers, qui l’a invité à perdre au moins dix kilos à la mi-saison. « Bob a dit : ‘Si on veut gagner le titre, il faut que tu sois en forme’. Je lui ai dit : ‘Je sais que je suis gros en ce moment. Donne moi deux semaines et je serai bien. Je veux profiter de mon anniversaire, le 4 mars, mais juste après, je commence le régime’. »
Le Draymond Green nouveau a alors banni les excès, les chips, le vin et le fast food, s’en remettant uniquement aux conseils de son chef qui l’a convaincu de poursuivre sur sa lancée. « Quand j’ai suivi ce régime, j’ai eu comme un sentiment de contrôle et de confiance parce que j’avais l’impression de conquérir quelque chose », confie-t-il. « Tu gagnes quelque chose tous les jours. Ce contrôle s’est étendu à d’autres domaines de la vie. Si je peux vaincre ça, pourquoi ne pourrais-je pas vaincre mes émotions ? Peut-être même que je peux vaincre plein d’autres choses. Je pense que ça m’a vraiment aidé à me mettre dans un état différent ».
Ce contrôle lui permet de se concentrer sur le terrain et de faire le boulot depuis le début des playoffs avec six « triple doubles » et une ligne de stats toujours plus complète, à 13.6 points, 10 rebonds, 8.3 passes décisives, 1.6 contre et 1.4 interception par match.
Après le régime, un bon coup de pression de la famille
Depuis toujours, sa mère, Mary Babers-Green a été la seule personne qui arrivait à le ramener à la raison. Lorsqu’il évoluait à Michigan State et que le staff sentait poindre un début de crise, elle prenait sa voiture, faisait une heure de route et l’attendait sagement dans la salle de conférence pour lui remettre les idées en place. « Elle disait : ‘Ecoute, voilà ce qu’ils attendent de toi. Arrête d’être désagréable’, » s’est remémoré Dwayne Stephens, assistant coach des Spartans. « Il retrouvait toujours ses esprits et au moment où elle repartait, tout le monde était à nouveau sur la même longueur d’ondes ».
La mère et la fiancée du joueur, Hazel Renee, ont fini leur travail de sape avec une belle prise à deux au début du printemps, en l’interrogeant sur sa façon de traiter ses coéquipiers, ses coachs, les arbitres et même sa propre santé.
« Elles l’ont fait asseoir et lui ont dit : ‘Écoute, tu dois te calmer’, » a poursuivi Dwyane Stephens. « À présent, il joue, il ne se plaint pas et ne se dispute plus autant. C’est un leader et une voix pour son équipe et il se montre attentif défensivement, il sait ce que l’autre équipe va annoncer, il parle, il dit aux joueurs où aller. On le voit refaire ce genre de choses. La discussion qu’il a eue avec sa mère et sa fiancée l’a vraiment recentré. »
Grâce aux recadrages de ses proches, le soutien de sa fiancée, le regard de son fils, les coups de pouce mais aussi ses propres erreurs du passé, Draymond Green a aujourd’hui trouvé la paix.
« Ça fait toute la différence, d’avoir cette paix dans la vie », assure-t-il. « On oublie tellement tout ce qui compte. Tout. Il n’est pas seulement question de basket. Tout, dans la vie d’une personne, a de l’importance, que vous soyez PDG d’une entreprise ou un joueur de la NBA. Quand tu trouves la personne qui fait ça pour toi, ça compte. Ce qui fait que je me sens en paix dans la vie en ce moment et donc en paix par rapport au basket ».
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.