Avec une moyenne de 17 points par match sur le mois de janvier et auteur d’une belle performance (24 points à 6/9 à trois points) samedi dans la défaite contre le Magic, Stevenson et son numéro 92 retrouvent un peu de lumière en cette nouvelle année.
L’ancien dunkeur fou d’Utah devenu joueur d’équipe est actuellement en pleine forme, l’occasion pour Basket USA de revenir pour vous sur la trajectoire peu commune du nouveau tireur d’élite des Mavs.
D’un concours de dunks à l’autre
Stevenson commence sa carrière dans la ligue par une sélection au 23ème tour de la draft 2000, alors que le jouvenceau n’affiche que 19 années sous la toise. Il s’est inscrit à la draft quelque peu précipitamment, et non sans décevoir sa mère, à cause d’un résultat douteux à l’examen SAT auxquels tous les étudiants américains doivent se soumettre avant de pouvoir être éligible aux études supérieures. Passé d’un score de 450 à 1 150 en deux ans, DeShawn éveille les soupçons, et à défaut de pouvoir confirmer aux JayHawks de Kansas qu’il jouerait pour eux, Stevenson opte pour le saut direct vers la grande ligue.
Il est le plus jeune joueur du Jazz à avoir joué et débuté un match avec ses 19 piges. Dans le système de Sloan, l’arrière ultra-physique se fait remarquer pour sa détente exceptionnelle. Mais même s’il bénéficie d’un temps de jeu accru dans sa seconde saison, et qu’il se fait un nom dans la ligue en terminant second du Slam Dunk Contest en 2001, un an pile après avoir remporté celui du McDonald’s All American High School (la vidéo ci-dessous), la carrière de Stevenson stagne dans les eaux salées de l’Utah.
Le concours de dunks des lycéens (2000)
Il prend un nouveau départ à Orlando en 2004. Après sa période de « formation » dans le bouillon de culture basket qu’est le Jazz de Jerry Sloan, Stevenson perce enfin avec une belle saison à 11 points de moyenne comme arrière titulaire du Magic qui affiche de nouvelles ambitions avec le duo des petits jeunes qui montent : Howard & Nelson.
Mais sa carrière décolle véritablement dans la capitale fédérale où il signe pour compléter la rotation ambitieuse des Arenas, Butler et Jamison. Son rôle de stoppeur défensif, et de shooteur exclusif dans les corners lui permettent de se bâtir une réputation dans la ligue. Son coach de l’époque, Eddie Jordan, se fend d’une citation culte (et un peu démesurée) à l’égard de son arrière après une performance mémorable où Stevenson avait cumulé 33 points dont le tir pour la gagne au buzzer contre les Hornets :
« C’est un guerrier, mec, un vrai guerrier. Sa confiance est en hausse – il met ses trois points – c’est juste un vrai pro. C’est une ligue d’hommes et c’en est un. Dans le dictionnaire à côté de ce mot, il devrait y avoir une photo de Stevenson. »
Son look de poilu tatoué
Mais pour mieux comprendre le personnage, revenons à sa période Orlando. En Floride, DeShawn rencontre Drew Gooden qui deviendra rapidement son meilleur pote, sur et hors du terrain. Les deux joueurs ne se côtoient pourtant qu’une bribe de saison en 2004 sous le maillot du Magic mais leur relation dure par-delà les multiples transferts de l’ailier fort. Et à l’hiver 2007, les deux joueurs se lancent dans un pari pilaire à celui qui tiendra le plus longtemps sans se raser la barbe.
L’histoire ne dit pas qui en est sorti vainqueur mais le look est resté depuis. Mais Stevenson, plus que cette anecdote avec son pote Drew, c’est aussi une cartouche d’encre ambulante. Il possède entre autres croix, écritures (il a le nom de son fils tatoué sur le côté droit de son front : « Londyn ») et chiffres, au moins trois tatouages assez particuliers. Le premier est un P inversé, qui ressemble donc à un 9 (son numéro à Orlando), car Stevenson supporte les Pittsburgh Pirates en baseball. Puis sur le haut de son front figure une fêlure que le joueur justifie en disant que lui ne craque jamais dans les moments chauds.
Et le meilleur pour la fin, Stevenson arbore pour le moins bizarrement une figure d’Abraham Lincoln qui fait de sa pomme d’Adam le nez du président américain, probablement un souvenir emporté de son passage à D.C.
A sa place, on appellerait Chris Andersen, l’oiseau tatoué des Nuggets, et on tenterait de monter un stand sur le prochain festival de BD d’Angoulême. A eux deux, il y a de quoi raconter illustrée plusieurs histoires…
Sa haine de Lebron mixée par Jay-Z
Tout part d’une interview à l’orée de la sulfureuse série entre les Wizards et les Cavaliers au premier tour des playoffs 2008. Les deux franchises se détestent passablement, les magiciens ont déjà subi la loi de la cavalerie lourde de Lebron & Co en 2007 avec un sweep retentissant.
Interrogé sur son duel à venir avec James, Deshawn Stevenson ne se déballonne pas et annonce la couleur : « Lebron est surcoté. Et je n’ai pas peur de le dire. » La déclaration de l’arrière titulaire fait sensation. Un pavé dans la mare. Dans les remous, Lebron ose une comparaison foireuse qui envenime tout :
« C’est marrant ce truc avec Deshawn. C’est comme si Soulja Boy se moquait de Jay-Z. Ca n’a pas de sens. »
L’affaire aurait pu en rester là. Bien échauffés par leurs commentaires mutuels, les deux hommes sont encore montés en température, et surtout Stevenson, quand il a entendu dire par Caron Butler que Damon Jones, alors meneur remplaçant des Cavs, s’était fendu de lyrics qualifiés de limite à l’encontre de Stevenson durant une soirée organisée dans une boîte de Cleveland.
Butler déclara ne vouloir faire aucun commentaire et préférait se concentrer sur le match 3 de la série, alors bien mal engagée pour les joueurs de la capitale (0-2 pour Cleveland). Les Wiz’ infligeait une lourde défaite à Cleveland (108-72), avec une pluie de trois points dont un 5/7 et 19 points pour Stevenson, et cela, en la présence dudit Soulja Boy, par ailleurs venu apporter son soutien à la franchise de D.C qui emplissait sa sono de ses disques en retour.
L’affaire se terminait comme elle avait commencé, avec pertes et fracas, quand Jay-Z, pote patenté de Lebron, venait à sa rescousse dans son titre « Blow the Whistle » qui égratignait à la fois Stevenson et Soulja Boy. Pas de détail avec Jay-Z.