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Roman de l’hiver : Larry Bird-Magic Johnson (4)

C’est désormais une tradition sur Basket USA : chaque été et chaque hiver, nous vous proposons de longs extraits d’un livre en rapport avec la NBA.
Après Phil Jackson, Michael Jordan (par Roland Lazenby), la « Dream Team » et Allen Iverson (par Kent Babb), nous avons continué de piocher dans la collection des éditions Talent Sport et c’est un ouvrage passionnant, signé Jackie MacMullan, que nous vous proposons pour les longues soirées de l’hiver 2018, au coin de la cheminée.
« Larry Bird-Magic Johnson, Quand le jeu était à nous » raconte la formidable rivalité, dans les années 1980, entre l’ailier des Boston Celtics et le meneur des Los Angeles Lakers. Celle qui a assuré le succès et la popularité de la grande Ligue américaine. Embarquez avec nous dans la machine à remonter le temps… Bonne lecture !

Première partie

Deuxième partie

Troisième partie

Pour la première fois de sa jeune existence, Magic était relégué au second rang. Il était comme une âme en peine, maudissant les Bruins, se jurant de leur faire payer le fait de l’avoir snobé. Quand Larry Farmer l’a rappelé et a essayé d’adoucir leur relation, après que Albert King eut choisi Maryland, le jeune meneur, fier, lui a dit que UCLA ne l’intéressait plus.

Une autre fac de la côte ouest, l’université de Californie du Sud (USC), avait aussi invité Johnson pour une visite mais à la dernière minute, Magic avait décidé de ne pas faire le voyage. Il n’y avait qu’un seul problème : il avait oublié d’informer les coaches d’USC de sa nouvelle décision. Quand l’avion est arrivé sans Magic à l’intérieur, ils ont cherché frénétiquement leur recrue de valeur dans l’aéroport de Los Angeles, avant de joindre sa famille et d’apprendre qu’il était sur Middle Street, chez lui, à Lansing, en train de manger un sandwich.

Johnson a effectué une visite à Minnesota, même si cette fac était sous surveillance pour suspicion de violation des règles de recrutement, principalement parce que Magic avait été approché par sa star, Mychal Thompson. Ces deux-là se sont immédiatement connectés. Ils sont allés à une fête sur le campus. A la fin de la soirée, Johnson était entouré d’étudiants et il les faisait rire avec des histoires et des blagues. « C’était comme s’il faisait déjà partie du groupe. J’étais hyper bien avec lui. C’était presque comme si c’était lui qui me recrutait. Quand il est parti, j’ai dit à nos coaches : « On l’a. Il va signer chez nous. On sera invaincus l’année prochaine ! » », a rapporté Thompson.

Une pétition pour garder Magic

Deux semaines plus tard, Thomas a été stupéfait d’apprendre que si Johnson avait classé en numéro 1 son voyage de recrutement à Minnesota, il ne pouvait aller nulle part dans la Conférence Big Ten à l’exception de Michigan ou Michigan State. Le père et la mère de Magic préféraient qu’il reste dans sa ville de Lansing, même si le campus de Michigan, à Ann Arbor, n’était qu’à 85 km. Il n’étaient pas les seuls. La prof de Magic, Greta Dart, et son mari, Jim, qui étaient très proches de la famille Johnson, n’avaient pas d’enfant. C’était des anciens de MSU (Michigan State University) et ils portaient bien haut les couleurs des Spartans, le vert.

Les habitants d’East Lansing, désespérés de garder leur enfant au pays, ont signé une pétition au printemps de son année de Terminale, lui intimant de jouer pour Michigan State. Cette pétition a recueilli plus de 5 000 signatures. « J’aurais dû aller à Michigan. Cette fac était meilleure sur le plan basket et pour les études aussi. Mais ce n’était pas aussi simple que ça. J’avais grandi à proximité de Michigan State. J’étais allé voir tous leurs matches depuis que j’étais tout môme », a dit Johnson.
Magic était sincèrement tiraillé entre ces deux choix. Il aimait le coach de Michigan, Johnny Orr, et son assistant, Bill Frieder, qui s’étaient montrés attentionnés et persuasifs dans leur approche de recrutement. Ne souhaitant décevoir aucune des deux facs, Magic assistait aux matches de Michigan le samedi après-midi en portant ses couleurs, le bleu et le jaune, puis changeait de survêtement pour porter le vert des Spartans aux matches de MSU, le samedi soir.

Juste avant l’année de Terminale de Magic, Michigan State a renvoyé son coach, Gus Ganakas. Son remplaçant était Jud Heathcote. Bourru, exigeant, il n’avait aucun scrupule à réprimander ses joueurs s’ils commettaient des erreurs sur le terrain. Ressentant la même chose qu’avec Coach Knight, l’entraîneur d’Indiana, Johnson hésitait à jouer pour une personnalité aussi explosive.

Heathcote a assuré à Magic que même s’il grandissait encore, il continuerait de le voir comme un meneur dirigeant l’attaque. Cette idée plaisait à Johnson. Sa décision a été prise dès que l’assistant Vernon Payne, de longue date à MSU, a apporté son soutien à Heathcote, quand bien même Payne était en partance pour Wayne State.

« J’étais né pour être un Spartan »

La mère de Magic a été soulagée que son fils choisisse Michigan State. Christine Johnson était une adventiste du 7e jour et son sabbat commençait le vendredi soir pour se terminer le samedi soir. Si son fils était allé à Michigan, elle aurait manqué tous ses matches à domicile du samedi après-midi. Earvin Johnson Sr était content parce que son fils jouerait aux bons horaires pour lui : les matches n’empiéteraient pas trop sur ses heures de travail. Quand Earvin Johnson a annoncé sa décision d’aller à Michigan State lors de sa conférence de presse, il a lancé : « J’étais né pour être un Spartan. »

Dans sa première saison, le freshman a contribué à faire d’un programme qui affichait un bilan de 12 victoires pour 15 défaites la saison précédente une puissante machine à 25 victoires pour 5 défaites. Magic a développé une remarquable alchimie avec Greg Kelser, un ailier athlétique qui détalait en contre-attaque et adorait dunker sur les passes de Johnson, soigneusement lobées pour le alley-oop. Les Spartans se sont frayé un chemin jusqu’à la finale régionale du Mideast contre Kentucky. Le gagnant irait au Final Four, le perdant rentrerait à la maison.

Les Spartans ont mené de 5 points à la mi-temps puis de 7 points à 19 minutes de la fin. Mais Kentucky, qui était passé en zone, a joué très serré sur Magic, le forçant à s’éloigner du panier. Il a pris sa quatrième faute à 9 minutes et 19 secondes de la fin et a commencé à jouer prudemment. « Earvin a changé d’attitude et c’est toute notre équipe qui a changé d’attitude avec lui », a commenté Jud Heathcote.
L’adresse de Magic n’était pas au rendez-vous (2 sur 10), ses passes étaient inefficaces (6 pertes de balle) et son équipe était handicapée par les fautes. Michigan State a fini par perdre 52-49 dans l’un des pires matches universitaires de Johnson. Le succès de Kentucky reposait en partie sur l’utilisation de Rick Robey pour poser des écrans poste haut et faire commettre des fautes à MSU.
Johnson est resté convaincu que les Spartans avaient perdu parce qu’ils avaient été freinés dans leur jeu rapide. Alors qu’ils revoyaient le film du match dans le bureau du coach, Kelser et lui ont fait le serment de lancer le jeu rapide en transition sur toutes les possessions possibles la saison suivante.

Magic veut étudier Bird de près

Mais d’abord, Magic avait prévu de montrer ses talents au World Invitational Tournament. Une opportunité, pensait-il, de montrer au pays – et à Joe B. Hall – qu’il appartenait à l’élite. Quand il a regardé l’effectif, il a été agréablement surpris de voir le nom de Larry Bird sur la liste. La couverture de « Sports Illustrated » avait éveillé sa curiosité et il se disait qu’il allait pouvoir mieux connaître cette star d’Indiana State. Bird était au courant du succès de Magic mais il ne l’avait pas suivi de près car Michigan State n’était pas dans la conférence d’Indiana State, ni dans son calendrier. « Je m’intéressais plus à ce que faisaient les gars de Purdue », a-t-il dit.

Le nom que Larry était heureux de voir dans l’effectif était celui de James Bailey, la star de Rutgers. Le garçon avec lequel il avait pris part à des matches internationaux l’été précédent à Sofia, en Bulgarie. Cette équipe américaine était coachée par Denny Crum, le vieil adversaire de H.O.R.S.E. de Bird, et elle avait rencontré quatre équipes nationales, dont celle de Cuba. La formation américaine s’était retrouvée impliquée dans une bagarre générale avec les Cubains. Même le banc s’y était mis. Les fans ont jailli des tribunes et les joueurs se sont mis des coups de poing, se poussant les uns, les autres. Bailey a essayé de s’extraire de la mêlée quand un agent de sécurité lui a crié : « Baisse-toi ! »

Il s’est retourné juste à temps pour voir son agresseur lever une bouteille cassée en direction de sa tête. Bailey a donné un coup de poing à l’homme pour se défendre mais la bouteille s’est abattue sur son coude et le lui a ouvert. Il a reçu, en tout, 54 points de suture – 34 pour refermer l’entaille de son bras et 20 autres pour recoudre la blessure qu’avait subie sa main droite, victime des dents de l’homme qui l’avait agressé.
La police bulgare, en tenue anti-émeute et équipée d’armes automatiques, a finalement séparé les deux équipes. Bird, qui s’était réfugié sous la table de marque, a regardé Bailey et lui a demandé : « Qu’est-ce qui s’est passé ? » Bailey, complètement pâle, a été allongé sur un brancard et emmené à l’hôpital. Bird était si en colère qu’il a juré qu’il ne disputerait plus jamais de compétition internationale. C’est une promesse qu’il n’a pas tenue.

Les incidents à l’étranger ont le mérite de souder les coéquipiers ; ainsi, Bird et Bailey ont-ils développé une relation forte. Ils parlaient de sport, comparaient leurs environnements familiaux. Et ils se sont aperçus qu’ils avaient plus de choses en commun que ce qu’un jeune homme blanc de la campagne et un jeune homme noir de la ville auraient imaginé. « J’avais toujours entendu dire que Bird était un peu bourru mais je ne l’ai pas du tout vu comme ça quand je l’ai rencontré. J’ai été surpris de voir qu’il était incroyablement respectueux des autres », a rapporté Bailey.

Un fan saute sur le dos de Larry

Bailey et Bird se sont de nouveaux retrouvés sur un terrain au printemps 1978, au tournoi NIT, quelques semaines avant que l’équipe appelée à disputer le WIT ne soit formée. Rutgers a doublé Indiana State dans les dernières secondes sur un panier de Bailey. Et tandis que les deux joueurs quittaient le terrain ensemble, les supporters de Rutgers ont enjambé les cordons et se sont rués sur le parquet pour célébrer leur victoire.
Dans le chaos qui a suivi, un fan excité s’est jeté sur Bird et lui a sauté sur le dos. L’ailier l’a repoussé d’un coup de coude, l’a fait tomber au sol et a continué de marcher hors du terrain. « Mon coach n’était pas très satisfait de moi. Mais qu’est-ce que j’étais censé faire ? Ce gars était perché sur mon dos », a dit Bird.
Si Hall était au courant du petit « incident » de Bird durant ce printemps, il ne l’a jamais mentionné. En fait, il ne disait pas grand-chose à Bird, ni à Magic, ni à aucun joueur qui n’était pas de Kentucky. « Je n’avais jamais été ignoré par un coach avant. Joe B. Hall a été le premier », a confié Johnson.

Robey, l’un des quelques élus de Kentucky, ressentait le fossé entre son entraîneur et les autres joueurs. Il a sympathisé avec Bird et lui a montré le pavillon où les joueurs de Kentucky résidaient pendant l’année universitaire. Les logements étaient luxueux, avec des chambres séparées et des salles de bain pour chaque joueur, une salle de restauration avec un cuisinier et un salon appelé le Wild Coyote Lounge. Il avait un sofa en peluche, des téléviseurs et des flippers.

Ces avantages confortables ont été plus tard dénoncés comme constituant une violation des règles de la NCAA, parce qu’ils instauraient une inégalité dans le domaine du recrutement. Quoi qu’il en soit, il a été clair, pour Bird, que les joueurs de Kentucky étaient habitués aux meilleures conditions.
Robey qui, un an plus tard, est devenu le meilleur ami de Larry en NBA, était drôle, généreux et communicatif. Il était difficile de ne pas l’aimer mais c’était la situation qui irritait Bird, pas les gens qui s’y trouvaient impliqués. Il était opposé à la façon dont Hall gâtait les joueurs de Kentucky et négligeait les autres. « On était en quelque sorte séparés du reste du groupe. Je suis sûr qu’ils étaient meilleurs que les gars de Kentucky mais Joe savait que nous pouvions jouer ensemble », a reconnu Robey.

Injustement snobés au profit des Wildcats

Comme Magic n’avait que 18 ans, son corps n’était pas encore complètement sculpté. Il était le membre de l’équipe du WIT le plus jeune mais c’était certain : dès que Hall aurait passé du temps avec lui, il adorerait son jeu et le mettrait dans le cinq de départ, là où était sa place. Les deux premiers jours d’entraînement, Johnson a dominé Kyle Macy. Il a provoqué des pertes de balle, l’a débordé en allant au panier et l’a pris de vitesse sur terrain ouvert. Pourtant, quand l’équipe a affronté Cuba lors de son premier match, le 5 avril à l’Omni, le cinq de départ était composé exclusivement de joueurs de Kentucky.

« Je crois que, eh bien, attends une seconde… Sidney Moncrief était assis à côté de moi d’un côté, James Bailey était assis de l’autre côté. Larry Bird était assis à côté de James. Larry a lancé : « N’y pense plus. Il va faire jouer ses gars. » Et quand le soir, aux matches d’entraînement, on les bouffait, « ses gars », sur le terrain, en étaient gênés. Macy, Robey et les autres ne pouvaient pas rivaliser avec nous. Et c’est arrivé tout le temps, pas juste une fois de temps en temps », a relaté Magic.

Les Etats-Unis ont écrabouillé les Cubains, qui n’avaient que deux joueurs de plus de 1,98 m. Bird a pris 7 rebonds en 14 minutes de jeu tandis que Magic a apporté 4 points et fait 3 passes en 13 minutes dans une victoire 109-64. Les rapports de presse de ce match n’ont mentionné aucun de ces deux joueurs. En fait, la plupart des articles se sont focalisés sur la description des dunks spectaculaires, à l’échauffement, de James Bailey, Sidney Moncrief et de la star de Louisville, Darrel Griffith, qui était aussi dans l’équipe.
Lors des premières heures d’entraînement avec Larry et Magic, Moncrief a vu leur exceptionnel sens du jeu. Leur approche – la passe d’abord, le tir ensuite – apportait de l’air frais et c’était nécessaire dans un groupe de scoreurs qui n’étaient pas habitués à partager la balle. « Ils étaient tous les deux si altruistes… C’était un peu inhabituel », a dit Moncrief.

Après leur première victoire, les joueurs montaient les marches pour sortir de la salle quand ils ont aperçu le general manager des Celtics Red Auerbach, qui descendait à l’autre bout. « Eh, regarde, c’est Red Auerbach, a dit Michael O’Koren en donnant un coup de coude à Bird.
– Qui ça ? », lui a demandé Larry.

Le piège à rat

Après le match d’ouverture, Hall s’est appuyé sur un cinq comprenant Jack Givens, Kyle Macy, Rick Robey, Sidney Moncrief et James Bailey. Les Américains ont dominé la Yougoslavie, qui avait terminée seconde derrière les Etats-Unis aux Jeux olympiques de Montréal en 1976, battue 88-83. Si les Kentuckiens Kyle Macy et James Lee ont été crédités de la victoire le lendemain matin, c’est l’ailier d’Indiana State qui a égalisé à 72-72 en rentrant un tir à 5 mètres à 5 minutes et 30 secondes du terme. Magic a joué 11 minutes et n’a réalisé qu’une passe. Il pressait, se surmenant pour faire forte impression pendant les quelques minutes qui lui étaient allouées.

« On voyait qu’il était frustré. Je ne le lui reproche pas. C’était une plaisanterie : Kyle Macy meilleur que Magic ? Allons… », a dit Bird. « C’était clair comme de l’eau de roche, ce qui se passait. On n’arrivait pas à comprendre comment Joe B. Hall pouvait faire jouer ces gars de Kentucky alors qu’il y avait tous ces talents juste en face de lui – particulièrement Magic et Larry. C’était injuste. Mais si ces deux gars étaient déçus, ils ne l’ont jamais montré », a expliqué Bailey.

Lors d’un entraînement où les titulaires s’exerçaient à attaquer une presse tout terrain, Bird et Magic ont institué ce que le premier a appelé « le piège à rat » : orienter le porteur de balle sur sa mauvaise main puis, dès qu’il s’est orienté, amener un autre joueur sur lui pour forcer le dribbleur à faire la passe par-dessus. « Personne ne nous a dit de le faire. On l’a fait, c’est tout. On leur volait la balle et on leur marquait dessus comme des fous. Puis tout à coup, Hall a donné un coup de sifflet pour arrêter l’exercice. Il était fou. Ensuite, vois-tu, on a fait autre chose. Il ne semblait pas très content de nous », a relaté Larry.

Dans le dernier match contre les Soviétiques, remporté haut la main 102-87 par les Américains, Bird et Magic ont fait lever les supporters de leurs sièges avec leurs une-deux hallucinants. C’était des éclairs de génie ; Hall l’a reconnu à moitié publiquement à la fin du tournoi. Interrogé sur la façon dont il avait choisi son cinq de départ – avec Macy, Robey, Givens, Moncrief et Bailey, plutôt qu’avec le talent qu’il avait dans son effectif -, Hall a expliqué : « Nous pensions avoir trouvé le meilleur cinq. Mais aujourd’hui, Magic a sorti tout son arsenal et on les a fait exploser sur leur presse. C’est un joueur sensationnel et un jeune homme d’une grande qualité. »

Moncrief et Givens ont été nommés dans la All-Tournament Team alors que les deux garçons de Kentucky, Robey (20 minutes) et Macy (18,7 minutes), étaient les premiers en termes de minutes jouées. Bird et Magic sont repartis contents – ils avaient laissé leur empreinte dans l’intimité des séances d’entraînement. « C’était très moche de ne pas jouer plus. Nous étions les chouchous du public. Je ne pense pas que les gens avaient déjà vu des joueurs comme Larry et moi », a affirmé Magic.
S’ils ont éprouvé beaucoup de respect l’un pour l’autre, les deux joueurs se sont quittés sans avoir eu une seule conversation approfondie. Ils étaient des étrangers à leur arrivée et sont repartis en étant de simples connaissances.
Ils se sont revus onze mois plus tard, avec le titre NCAA – et leurs traces respectives dans le basket universitaire – en jeu.

Chapitre 2 – 25 mars 1979 – Salt Lake City, Utah

La porte du gymnase s’est ouverte, libérant soudainement des bruits dérangeants. Au début, c’était des rires pleins d’entrain, puis il y a eu un vacarme grondant de fans marchant d’un pas lourd vers l’entrée. Magic Johnson et ses coéquipiers de Michigan State se sont retournés d’un même mouvement pour voir qui daignait interrompre Coach Jud Heathcote au milieu d’une phrase, au milieu de sa stratégie, alors qu’il passait en revue pour la dernière fois les consignes défensives de son équipe en préparation du match pour le titre NCAA.

Les Spartans étaient au sol, à l’autre bout de la salle, réunis autour de leur coach. Tout le terrain de basket les séparait des distractions qui venaient de ponctuer leur séance. Pourtant, même à cette distance, les intrus étaient clairement identifiables : l’équipe de basket d’Indiana State, en jeans, bottes et chapeaux de cowboy de 30 cm de haut. La première personne que Magic a cherchée du regard était sa star, Larry Bird. Il a été émerveillé de le voir là, son chapeau légèrement de travers.

Il était prévu, dans l’organisation, qu’Indiana State effectue une séance d’échauffement juste après la séance de Michigan State mais le temps alloué aux Spartans n’avait pas encore expiré. Les joueurs d’ISU le savaient. Cependant, le meneur Carl Nicks a lancé : « Allons-y. Allons voir leur entraînement et posons nos affaires. Faisons-leur bien voir qu’on est là. » Il y a eu un instant où deux équipes de basket, à un jour de disputer le match pour un titre universitaire le plus attendu qui soit, sont restées scotchées sur place et se sont scrutées du regard en silence.

Ce moment a été très vite interrompu par les cris d’Heathcote dès qu’il a regardé sa montre et qu’il s’est aperçu que les Sycamores étaient en train d’empiéter sur son précieux temps d’entraînement. « On a encore 20 minutes ! Vous n’êtes pas censés être là ! Dégagez de mon entraînement ! », a hurlé Heathcote. Aussi vite qu’ils étaient apparus, Bird et ses acolytes ont disparu, claquant ostensiblement la porte derrière eux.
Magic était à la fois stupéfait et amusé du comportement d’Indiana State. Jud Heathcote a encore pesté pendant 10 minutes après le départ des Sycamores, les dents serrées, projetant des postillons. « Ils ne vous respectent pas !, rugissait Heathcote. Ils essaient de vous déconcentrer ! Personne n’interrompt notre entraînement ! Vous comprenez ce qu’ils essaient de faire ?! »

Heathcote, qui motivait des athlètes universitaires depuis 15 ans, reconnaissait une opportunité quand il en voyait une. Il s’est accroché à la provoc’ d’Indiana State jusqu’à ce que ses joueurs se sentent insultés et soient suffisamment agités. Les Spartans ont encore croisé les Sycamores à leur départ. Quelques joueurs d’ISU ont entonné le refrain de combat de l’équipe sur leur passage. « Je ne suis pas sûr de ce qu’ils essayaient de faire mais c’était terriblement irrespectueux », a dit Greg Kelser, ailier de Michigan State. Alors que les Spartans montaient dans leur bus pour rentrer à leur hôtel, la conversation est revenue sur la drôle de tenue d’Indiana State. « Ça ne colle pas. Je ne savais pas que c’était des cowboys. On ne voit pas ce genre de trucs à l’université. Qu’est-ce que ces gars de la campagne essaient de faire ? », a demandé Magic à Kelser.

Le match pour le titre NCAA 1979 entre Michigan State et Indiana State s’est vu attribuer un 24,1 sur l’échelle de Nielsen, l’évaluation la plus haute du basket universitaire, un fait remarquable qui reste inégalé trois décennies plus tard. C’était le match dont tout fan de basket universitaire rêvait, non pas parce que les deux universités avaient une longue tradition de succès ou bien à cause d’une rivalité exacerbée mais à cause d’un concept plus singulier. Magic versus Bird, deux stars prolifiques qui avaient mené leur équipe avec le parfait mélange : cette grande qualité de passe, ce sang-froid dans le tir et par-dessus tout, cette faculté inébranlable d’évacuer la pression, qui caractérisaient chacun d’eux à mesure que leur parcours était jalonné de victoires.

A suivre…

Jackie MacMullan, « Larry Bird-Magic Johnson, quand le jeu était à nous », sorti le 31 mai 2017 (352 pages, 22 euros)

Chez le même éditeur

Phil Jackson, « Un coach, onze titres NBA » (2014, 352 pages, 22 euros)
Roland Lazenby, « Michael Jordan, The Life » (2015, 726 pages, 24 euros)
Jack McCallum, « Dream Team » (2016, 396 pages, 22 euros)
Kent Babb, « Allen Iverson, Not a game » (2016, 330 pages, 22 euros)
Roland Lazenby, « Kobe Bryant, Showboat » (2018, 600 pages, 24 euros)
Marcus Thompson II, « Stephen Curry, Golden » (2018, 300 pages, 21,90 euros)
Julien Müller et Anthony Saliou, « Top 50 : Les Légendes NBA » (2018, 372 pages, 19,90 euros)
Julien Müller et Elvis Roquand, « Petit quiz NBA, 301 questions » (2018, 176 pages, 9,90 euros)

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