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« Dis, ça ressemble à quoi, un lock-out ? » (2/3)

La menace d’une grève des joueurs à l’issue de la saison en cours se fait toujours plus précise.

Plusieurs d’entre vous nous ont demandé de raconter comment nous avions vécu la précédente crise, il y a plus de 10 ans…

Flashback en trois épisodes, de samedi à lundi.

N°86, décembre 1998

La planète basket s’impatiente. L’ombre des stars plane sur les parquets. Les réunions entre proprios et joueurs n’en finissent plus, chacun campe sur ses positions. Tout le monde est conscient qu’une annulation pure et simple de la saison serait une catastrophe. Nous allons enquêter aux States. Le signal d’alarme est tiré : la locomotive doit repartir. Le temps presse. Nous rêvons toujours d’un Lakers-Sonics, d’un Bulls-Knicks…

La scène se passe à Philadelphie, à deux pas du Richmond Hotel. Pippo, petit immigré italien, vient de fermer son business sur Little Italy et s’apprête à retrouver ses potes dans un « sports bar ». Normal : Pippo est fana de NBA. Il est tombé dedans quand il était petit. La pizza sur les genoux, il partage son basket comme sa McCain.

Il a l’habitude de zapper sur NBC et TNT, histoire que la bande s’éclate devant un bon match. Entre deux tournées de Bud, lui aussi jette volontiers quelques clins d’œil à l’écran de télé XXL. Sorti de la pâte à pizza, du prix du chorizo et du cours du maïs, Pippo n’a jamais rien capté au business des sports pros US. Quand il a 50 $ en poche, il vit comme un dieu à Philadelphie.

Seulement aujourd’hui, dans la cité de l’amour fraternel, le basket ne répond plus. Pas plus qu’ailleurs. Le « sports bar » est toujours ouvert mais l’écran reste désespérément vide. Le boss explique à Pippo et sa bande que la saison est retardée, que ça discute ferme entre les proprios comme lui, patrons de franchise, et le syndicat des joueurs. Rien n’y fait : Pippo ne veut rien entendre. La Bud, elle, vaut toujours 3 $…

NBC et TNT, les chaînes basket de Pippo, ont quand même raqué 660 millions de dollars pour diffuser du sketba. Quand le patron du bar indique à Pippo que ce sont les patrons NBA qui se sucrent, la pizza country vacille et le demi bascule sur le zinc. Cette histoire de lock-out donne des boutons au pizzaïolo.

Il écarquille les yeux en apprenant que des garçons comme Patrick Ewing et David Robinson tiennent le crachoir face aux pontes de la Ligue, David Stern et un certain Russ Granik. Un David Stern qui serait prêt à tordre le cou à David Falk. Le plus puissant des agents a été désigné comme l’ennemi public n°1 par le commissioner. On lui reproche d’influencer les joueurs. Il possède dans son portefeuille 50% des revenus des free-agents…

194 matches ont été enterrés en novembre et ça tchatche encore sur une convention collective que le roi de la pizza découvre en ingurgitant quatre ou cinq feuillets de la gazette locale, plus un pavé dans le « Sporting News » signé Jeff Ryan. Un type qui s’y connaît. On parle d’un premier pas des proprios qui ont accepté de la mettre en veilleuse sur le « hard cap » et d’annuler la « Larry Bird exception ». Pippo a compris qu’en gros, il n’y aurait plus de surenchère entre les franchises pour s’attacher les services d’un All-Star. Ni de priorité.

Les joueurs veulent 60%, les proprios bloquent à 50

Là où ça coince pour Pippo, c’est au sujet de cette taxe qui serait prélevée sur les gros salaires (Jordan, Shaq, Garnett, des éléments émargeant à 10, 15, 20 ou 30 M$ la saison) pour être reversée aux franchises déficitaires. Si ce n’est pas clair dans la tête de Pippo, ça l’est encore moins dans les négociations entre syndicat des joueurs et NBA.

La bande du « sports bar » n’a pas aimé le match exhibition à Houston opposant la « Gallery team » de Clyde Drexler et le « Westside club ». Des rencontres comme celle-là, il y en aura à la pelle si le lock-out continue. Ce n’est pas bon pour les fans. Un peu plus pour les joueurs : les dollars récoltés alimentent la caisse du syndicat qui vient en aide aux basketteurs… dans le besoin. Pippo croit rêver :

« Des basketteurs dans le besoin ! »

Son regard s’arrête sur un encadré où se mêlent les mots « marijuana », « rookies », « vétérans », « free-agents »…

« Ils abusent, quand même ! », lâche Pippo qui n’est pas au bout de ses surprises ni de ses souffrances.

La plume du « Sporting News », Jeff Ryan, poursuit :

« Les joueurs veulent une répartition de 60% des revenus des franchises quand les boss NBA ne veulent pas lâcher plus de 50% ».

Pippo ne déborde pas d’optimisme. David Stern non plus.

« Une saison à moins de 65 matches n’est pas envisageable », lâche le commissioner.

Pippo et sa bande déserteront à coup sûr le « sports bar ». A Cleveland, la direction du tourisme a évalué les répercussions d’une saison blanche. Pour les restaurants, les hôtels, les bars et les boutiques à souvenirs, la perte s’élèverait à 1,9 million de dollars. Philadelphie est dans la même panade. A Chicago, la perte est évaluée à 8 M$ ! Un gouffre financier pour la « Windy City », habituée à fêter Michael Jordan. Des chiffres ahurissants qui échappent à Pippo, toujours pas vêtu du dernier jersey des Sixers.

Forcément, les commandes d’articles estampillés NBA sont tombées à 50% depuis quatre mois. A « Philly », Pippo angoisse à la sortie de son Q.G. Allen Iverson, lui, tourne pour Reebok. Comme Kobe Bryant, à Los Angeles, pour Adidas. La pizza chez Pippo est toujours à 6 $… Le syndicat des pizzaïolos n’a pas l’air de bouger, les boss non plus !

Les patrons NBA veulent la plus grosse part du gâteau

Les patrons de franchise NBA sont bien souvent propriétaires de leur équipe comme vous êtes propriétaire de votre scooter ou de votre voiture. En 1999, les Suns, par exemple, appartiennent à Jerry Colangelo. Il avait investi ses propres deniers en 1987, épaulé par un groupe d’investisseurs. Montant de l’opération : 44,5 M$. Douze ans plus tard, la franchise de l’Arizona est estimée à 220 M$. Aussi, Michael Jordan interpelle les proprios sur la question des revenus distribués aux joueurs :

« Pourquoi l’augmentation de la valeur des franchises n’est-elle pas prise en compte dans le calcul de ces revenus ? »

Si tel était le cas, les grosses écuries (Bulls, Lakers, Knicks, Pistons, Suns…), dont la valeur ne descend pas en dessous des 200 M$, reverseraient un véritable pactole aux joueurs. Il faut également savoir que les franchises doivent remplir un cahier des charges hyper contraignant imposé par la NBA : chèque de 100 000 en guise de « droits d’entrée » (OK, ce n’est pas la condition la plus difficile à remplir…), garantie d’une arène de 15 000 places, pré-vente de 12 000 abonnements, sans oublier les contrats avec les télés et les radios locales.

Abe Pollin, proprio défunt des Wizards, et Charles Dolan, patron de Cablevision à New York, ne jouaient pas dans la même catégorie. L’équipe de la capitale fédérale est alors évaluée à 130 M$. Les Knicks valent quasiment le double (250 M$). Tous défendent néanmoins le même intérêt : empocher un maximum de billets verts, saison après saison, et en redistribuer un minimum aux joueurs…

Dur, dur, d’être joueur NBA !

Michael Jordan se faisait pratiquement 700 000 francs (106 714 euros) quotidiennement. Duane Ferrell (Golden State) émarge à 13 000 F (1 981 euros) par jour. Le choc des extrêmes…

Le « SMIC NBA » avoisine alors les 250 000 $ par saison. Il concerne un sacré paquet de joueurs. Des travailleurs de l’ombre qui triment comme des malades durant les practices pour jouer, parfois, 500 minutes dans l’année… A ce tarif-là, évidemment, beaucoup signeraient les yeux fermés. Mais le n°33 des Warriors a d’autres soucis en tête. Comme le commun des mortels, en fait. Marié et père de quatre enfants en bas âge (8, 7, 3 et 1 an), Duane n’assure pas un caramel dans sa vie de famille. Il n’est jamais là.

« La NBA, c’est les voyages, les matches, les entraînements… Tu bouges tout le temps. Naturellement, il y a une excellente compensation – l’argent – mais j’ai l’impression de vivre comme un militaire. »

Toujours chez les Warriors, Donyell Marshall a deux enfants. Ils vivent en Pennsylvanie avec leur mère.

« Je n’ai pas eu la chance d’être à la maison plus de deux jours pour la naissance de mon bébé », explique-t-il. « C’est dur. J’essaie d’appeler aussi souvent que possible mais ce n’est pas la même chose. »

La priorité pour la compagne de Donyell, Lea Kibelpinski, c’est le job et les enfants.

« Donyell voyage sans arrêt et vit en Californie. Je dois tout assumer toute seule. Même si l’argent rentre, on n’a pas l’impression d’être une famille comme les autres, unie comme les autres. »

Aussi, plusieurs joueurs emmènent leur petite famille avec eux pour les road trips d’une dizaine de jours. Injouable pour ceux qui ont des enfants en bas âge ou dans le circuit scolaire. Donyell tente de casser les idées reçues :

« Ne croyez pas que la vie en NBA comporte uniquement des avantages… Et ça, ce n’est pas négociable. Tu l’acceptes ou tu ne joues pas dans cette Ligue. Alors, autant prendre un maximum d’argent pour être tranquille et couler des jours heureux en famille une fois ta carrière terminée. »

Avec le lock-out, Donyell et Duane peuvent profiter de leur marmaille. Ce n’est pas le cas, par exemple, des pros de MLB qui glandent en hiver quand les enfants sont à l’école…

A New York, l’impatience gagne du terrain

De Brooklyn au Bronx en passant par le Queens et Manhattan, New York fête comme il se doit la victoire de ses Yankees en baseball. Deux millions et demi de fans déchaînés se sont donné rendez-vous pour la grande parade sur un Broadway des grands jours au cri de « Go, Yankees, go ! » New York se sentait une âme de conquérant. New York se sentait fort. New York se sentait bien. Depuis, plus rien.

Plus d’adrénaline sportive. A part peut-être quelques miettes des matches des Jets ou des Giants en NFL… On regarde ça en famille avec Madame, les mômes, le chien, le pop-corn, la pizza, la glace et la bière. Les New-Yorkais voudraient bien s’enflammer pour le hockey mais les Rangers ne sont plus ce qu’ils ont été. Derniers de leur poule. Et Wayne Gretzky qui déprime. Que reste-t-il ? Le basket. Problème : le jeu a disparu des planchers. Le Madison Square Garden a mal à la tête.

Ici encore plus qu’ailleurs, un spectacle qui disparaît de l’affiche a tendance à finir aux oubliettes. On pourrait croire que New York sans balle orange, c’est comme Jonas sans baleine. Eh bien non ! Dans leur grande majorité, les gens n’ont qu’un seul commentaire au sujet du lock-out :

« Don’t care ! »

Rien à cirer ! A « Gotham », on ne s’occupe pas des problèmes des autres. La vie est déjà suffisamment compliquée. Chacun son destin, chacun son dollar. Mais New York sans basket, c’est une partie de l’économie de « Big Apple » qui vacille. Trois catégories sont touchées prioritairement : les « sports bars », les magasins de sport et les marchands de hot dogs du Madison.

A l’angle de l’avenue A et de Houston Street, on entre dans un « sports bar », le Nice Cuy Eddie’s. Une grande peinture représentant le groupe Kiss fait la devanture. En sirotant une Red Stripe, on interroge la très sexy barmaid. Darling, tu en penses quoi de la grève en NBA ?

« Depuis qu’il n’y a plus de matches à la télé, je perds de l’argent, you know… Les consommateurs ne viennent plus aussi souvent. J’avais deux bons clients qui travaillaient pour la NBA. Ils ont perdu leur boulot… Chez nous, cette grève, c’est plus de 30% de recettes en moins. Il faut que le jeu reprenne. »

Le F Train nous dépose entre la 34e rue et la 6e avenue, à un bloc du Garden. Le grand fanion des Knicks suspendu a un air de long sanglot d’automne. Samir, originaire du Pakistan, vend des hot dogs à l’angle de la 33e et de la 7e.

« Le lock-out n’est pas bon pour le business, man ! Avant, entre les Rangers et les Knicks, on passait de bonnes soirées. Maintenant, je remballe mes hot dogs et je rentre chez moi. Je perds deux à trois soirs de boulot par semaine. »

Au Sports Authority, boutique de fringues de sport, on obtient un « No comment ». Sur la même avenue, on aborde le portier de l’hôtel Pennsylvania qui fait face au Garden.

« Tu parles d’une grève ! Avec le pognon qu’ils ont… Et ils en veulent encore plus ? Laisse-moi rire ! C’est de la m…, tout ça. Ça fait moins d’agitation dans le quartier. »

Dans la galerie marchande du Garden, pas un article de basket en vitrine. Matt, vendeur, se lâche :

« C’est une honte ! Le rayon basket enregistre une baisse des ventes de 60%. Tu fermes le jeu ? Tu fermes le business. »

Direction les playgrounds new-yorkais. Jaimie, Joe, Leon, Clark, Greg, Jupiter, Max et Steeve se livrent à leur occupation préférée.

« Si tu veux voir du basket, tu n’as qu’à venir ici ! Le reste, on s’en fout. »

New York restera toujours New York…

« Le lock-out, un système très américain »

Au même moment, à Paris, on interviewe Ray Lalonde, directeur des relations publiques de NBA Europe. Un entretien qui permet de mieux comprendre les ressorts du lock-out.

– Qu’est-ce qu’un lock-out, précisément ?

– C’est un système très américain. C’est monnaie courante dans les sports US. Je comprends que les Européens se perdent un peu dans ces considérations juridico-économiques. Pour être clair, l’objectif principal des différentes réunions est de tomber d’accord sur une entente équitable pour les deux parties, les propriétaires d’équipes et les joueurs.

– Qu’est-ce qui bloque ?

– En 1995, il avait été décidé que 48% des revenus des clubs iraient aux joueurs sous forme de salaires. Puis la limite a atteint 51.8%, ce qui impliquait une renégociation. L’an passé (ndlr : en 1997), le pourcentage était de 57%. Le seuil est dépassé. C’est pour cela que les propriétaires ont dénoncé la convention collective. Ils n’étaient pas prêts à accepter un pourcentage supérieur à 57. Les joueurs veulent 60%, les proprios restent sur leur position.

– Quelle est celle de la NBA dans ce conflit ?

– Comme le dit David Stern, il s’agit de contrôler la progression des salaires, de ralentir une inflation trop rapide. Le but est d’assurer la bonne santé de la Ligue. Les joueurs méritent d’être bien payés, ceci ne sera jamais remis en cause. A titre de comparaison, une star de cinéma comme Sylvester Stallone prend 20 millions de dollars par film alors que Michael Jordan en touchait 30 pour toute une saison NBA…

– Si un accord était trouvé, quand débuterait la saison ?

– A partir du moment où l’entente sera adoptée, il faudra compter approximativement quatre semaines. Deux semaines pour les transferts, les free-agents, les rookies et deux semaines de préparation. C’est court… Il est impossible de spéculer sur ce que sera la saison et les playoffs. On peut étendre la saison sur juin et juillet au besoin. Tout est modulable.

– Qu’en disent les télés qui paient cher pour diffuser vos images ?

– Nous venons de signer un nouvel accord de 4 ans avec NBC et TNT. Quoi qu’il arrive, le contrat stipule que les chaînes paieront cette première saison. Si la saison 1998-99 est finalement annulée, la NBA offrira des matches supplémentaires ou de l’argent sur la cinquième année.

– Quelles sont les conséquences économiques de ce lock-out ?

– En ce qui concerne les produits dérivés – tous les articles sous licence, les casquettes, maillots, jeux vidéo, etc. -, il est très difficile de mesurer l’impact du lock-out. Sachez qu’à ce jour, nos exercices comptables pour l’année dernière ne sont toujours pas arrêtés. Nos ventes sont en augmentation en France. Concernant les événements, il n’y avait pas de McDo Open prévu cette année.

– Vous n’avez pas peur que les fans américains ne boudent les matches ?

– Il y a des risques pour l’image, c’est certain, et nous en sommes conscients. A nous de récupérer les fans qui se seront détournés du basket.

– Qu’arriverait-il si la saison était annulée ?

– Russ Granik, le n°2 de la Ligue, a confirmé que la NBA n’empêcherait pas les joueurs d’aller ailleurs. Mais ceux qui sont sous contrat doivent se méfier, notamment vis-à-vis des assurances. En cas de blessure, leur contrat pourrait être remis en cause. On pourrait retrouver une bonne dizaine de joueurs NBA en Europe. Les Européens de NBA, par exemple, comme Vlade Divac et Arvydas Sabonis. Ou des joueurs américains de niveau moyen qui ont absolument besoin de se montrer. L’association des joueurs NBA organisera sûrement des matches exhibitions et des démonstrations.

– Qui prendra la décision finale ?

– David Stern.

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