Une star NBA comme Kawhi Leonard peut-elle rester dans son club et y briller après avoir demandé publiquement un transfert ? C’est rare mais la réponse est oui puisque Kobe Bryant l’avait fait aux Lakers en 2007, avant de remporter deux nouveaux titres. Mais la situation de l’ailier des Spurs rappelle encore davantage celle de Hakeem Olajuwon, en 1992.
Arrivé dans le Texas en 1984, le pivot perd patience après plusieurs éliminations au premier tour des playoffs, expliquant que les dirigeants des Rockets prennent des raccourcis et l’entourent mal. Lors de la saison 1991-1992, tout va mal pour l’équipe, qui vire son coach Don Chaney en cours de campagne et file les clés à son assistant, Rudy Tomjanovich.
Hakeem Olajuwon accusé par le club de simuler une blessure
Mais les choses vont encore s’envenimer. S’estimant sous-payé depuis longtemps, Hakeem Olajuwon réclamait sans cesse un meilleur salaire. Les Rockets avaient même inscrit une clause dans son contrat précédent de cinq ans, expliquant qu’il serait privé de deux ans de salaire s’il tentait encore de renégocier. À la fin de la saison 1991-1992, Houston envoie même une lettre à son joueur en menaçant d’activer cette clause s’il continue de réclamer une augmentation, alors qu’il lui reste deux ans de contrat. Puis le pivot se blesse à la cuisse et refuse de jouer en fin de saison, malgré le feu vert du staff médical du club…
Hakeem Olajuwon rate ainsi cinq rencontres, pour autant de défaites, et Houston est persuadé que le pivot simule pour leur forcer la main. La franchise texane décide donc de frapper fort en suspendant son joueur, le privant de son salaire à chaque rencontre ratée. Soit 46 900 dollars par match, sur un salaire de 3.8 millions annuels.
« Tout ce que nous pouvons faire, c’est nous référer à la tendance actuelle sur les demandes de renégociation », explique alors Steve Patterson, le GM du club. « Il dit qu’il ne peut pas jouer, il est donc suspendu. S’il revient sur le terrain et qu’il joue, la suspension sera levée. »
De quoi rendre fou le pivot.
« Ils essaient de faire croire que le problème, c’est le contrat », répond-il. « Ce n’est pas ça. Le problème, c’est ma cuisse. »
Un transfert aux Lakers annulé pour des raisons techniques
Houston finit la saison à la 9e place de l’Ouest et rate les playoffs pour la première fois depuis la Draft de Hakeem Olajuwon, en 1984, pour une seule victoire. La suite sera encore plus violente. Le pivot d’origine nigériane réclame un transfert et les Rockets sont sur le point de l’envoyer… aux Lakers, contre James Worthy, Vlade Divac et Byron Scott. Si l’affaire ne se fait pas, c’est parce que de nouvelles règles ont été mises en place par rapport au salary cap, et le trade capote.
Hakeem Olajuwon reste donc à Houston mais il ne parle pas aux dirigeants du club de l’été. Il réaffirme d’ailleurs à l’approche du training camp de 1992 ses envies de partir et son agent menace même de porter plainte contre la franchise.
« J’ai écrit une lettre aux Houston Rockets en leur demandant de retirer leurs commentaires diffamatoires faits à propos de mon client, Hakeem Olajuwon », explique Leonard Armato. « Nous avons aussi demandé un trade, à cause des accusations des Rockets, la relation s’étant détériorée au point que les différences sont désormais irréconciliables. »
Lors du « Media Day » de la saison 1992-1993, Hakeem Olajuwon poursuit d’ailleurs dans cette voie.
« Je ne veux pas rester coincé avec ce club », déclare-t-il devant les journalistes. « Dans mon pays, il y a un diction : Le silence est la meilleure réponse pour les idiots. Charlie (Thomas, le propriétaire) est un lâche qui se cache derrière la franchise et laisse Patterson faire le sale boulot. Que feriez-vous à ma place ? Est-ce que vous voudriez rester ici ? Bien sûr que non. Ils ont insulté mon intégrité. »
Une longue discussion dans l’avion et ça repart !
Tout semble cassé entre le pivot et les Rockets. Pourtant, il n’est pas transféré et les premiers matchs de la saison, joués au Japon, permettent au propriétaire Charlie Thomas et à Hakeem Olajuwon d’avoir une longue discussion dans l’avion, afin de remettre les choses à plat. Bientôt, c’est la philosophie de jeu de Rudy Tomjanovich qui lui redonne le sourire.
Le nombre de passes décisives du pivot décolle (de 2.2 à 3.5) alors qu’il se retrouve davantage au centre du jeu des Rockets, et qu’il devient donc plus difficile à arrêter. Résultat : il marque davantage (de 21.6 points à 26.1 points par match) et, surtout, l’équipe rebondit en terminant deuxième à l’Ouest et en échouant en demi-finale de conférence, face aux Sonics de Gary Payton et Shawn Kemp. Hakeem Olajuwon termine lui deuxième du trophée de MVP, derrière Charles Barkley.
En fin de saison, il reçoit même une prolongation de contrat, avec la revalorisation salariale tant souhaitée. Les Rockets sont en pleine progression et, l’année suivante, ils remporteront le premier titre de leur histoire. Avant de faire le back-to-back.
Inespéré deux ans plus tôt, dans cette crise violente avec leur « franchise player »…