La NBA n’est jamais avare de petites phrases pour décrire les Game 7 en playoffs, Celtics et Bucks ne faisant pas exception à la règle. « La victoire ou tu rentres à la maison », annonce Jaylen Brown. « C’est agir ou mourir » lance de son côté Khris Middleton, « il n’y a pas de secret entre les deux équipes : c’est à celui qui en veut le plus ». Pas que.
C’est aussi à celui qui aura tiré le plus de leçons des six manches précédentes. Il y en a toujours quelques-unes, et nul doute que Brad Stevens comme Joe Prunty se sont levés tôt pour les compiler. Même si le plus gros avantage est indépendant de leur volonté, se situe en dehors des quatre lignes qui délimitent le terrain, et c’est Boston qui en profitera : le public.
L’AVANTAGE DU TERRAIN |
C’est le 129e Game 7 de l’histoire de la NBA, et dans 80% des cas, c’est l’équipe à domicile qui a gagné. Boston en a joué 30 en tout (un record) pour 22 victoires (dont 10 à l’époque de Bill Russell) et Milwaukee 9, pour 2 victoires seulement. Le dernier des Bucks est anecdotique puisqu’il date de 2010 (défaite contre Atlanta 95-74) et que seul Brandon Jennings était présent de l’effectif actuel (ainsi qu’Al Horford en face d’ailleurs). Celui de Boston l’est un peu moins : c’était face à Washington l’an passé, avec un Kelly Olynyk de gala pour l’arracher, et quatre rescapés dans l’équipe d’aujourd’hui.
« En tant que joueur ou fan, un des endroits où tu rêves d’être, c’est au TD Garden pour un Game 7 » confie Al Horford, sans oublier de rappeler qu’il a « été des deux côtés ». Sa première campagne de playoffs, en 2008, s’était terminée par un Game 7 perdu face au « Big Three » de l’époque. Évidemment, au TD Garden plus qu’ailleurs, le public est un sixième homme.
« C’est à ça que sert l’avantage du terrain » tient à souligner Jaylen Brown. « C’est ici qu’on a bien joué toute la saison. Le bon basket, toute l’année, et ça va nous être bénéfique. Beaucoup n’ont jamais connu ça. C’est fou et je n’attends rien d’autre que des grosses perfs de tout le monde. »
Il n’y a qu’à regarder sur cette série : chacune des formations a, au mieux, accroché une rencontre chez l’autre (Game 1 pour Milwaukee et Game 4 pour Boston), sinon l’équipe à domicile a toujours dominé les débats. Pour les Celtics, ça se traduit par 15 points de plus en moyenne inscrits dans son antre (108 contre 93) et 5 balles perdues de plus pour Milwaukee au Garden.
« Le public est chahuteur à Boston, exactement comme le nôtre l’est ici » constate Khris Middleton. Ça peut faire la différence sur certaines séquences, pour aller chercher les ballons qui traînent par exemple, une des grosses clés de ce Match 7.
LES 50/50 BALLS |
On se souvient qu’après le Game 2, Eric Bledsoe avait dû avouer que les Celtics jouaient plus dur que les Bucks, dépassés au rebond offensif ou sur les points après balles perdues. L’effet Garden. Depuis, Milwaukee a redressé la barre avec l’aide de son public, mais aussi Thon Maker ou encore un Eric Bledsoe motivé par son duel avec Terry Rozier.
L’équipe a réglé son problème au rebond offensif, en faisant jeu égal sur les Game 5 et 6 après un 33-9 dans la catégorie dans les Game 3 et 4. Bousculé dans l’engagement, Boston a pu compter sur le retour de Marcus Smart pour retrouver cette envie de se jeter sur les ballons qui traînent. Cette fameuse action à la fin du Game 4 en est le parfait exemple.
GIANNIS ANTETOKOUNMPO |
En terme d’agressivité, on peut aussi citer Giannis Antetokounmpo : bien contenu par Semi Ojeleye dans le Game 5, le Grec est revenu dans le Wisconsin le couteau entre les dents en promettant de tenter plus que dix tirs. Résultat : 31 points à 13/23 et 14 rebonds, en marchant sur ses adversaires. Quid du Game 7 ? Brad Stevens lui remettra sûrement Semi Ojeleye dans les pattes, même si le rookie n’a pas pu le freiner jeudi soir. On a vu que le prodige savait enfiler son costume de superstar pour faire la décision dans les fins de partie serrées.
Le problème pour les Celtes, c’est qu’il est excellent sur cette série : il est au-dessus des 50% aux tirs à chaque match et même s’il a moins filé au panier dans le Game 6, le « Greek Freak » a marqué ses stepbacks – presque incontrables. Ses seules faiblesses sont le tir à 3- points – à part un 3/4 dans le Game 3, il est à 0/6 – et le tir à mi-distance hors rythme : le Grec est maladroit quand il réfléchit trop. Il faudrait lui laisser quelques mètres, mais pas trop pour ne pas le laisser prendre de vitesse. Al Horford pourrait s’en charger et faire parler une expérience qui peut aussi être déterminante dans ce Game 7.
L’EXPÉRIENCE |
L’ancien Hawk possède 98 matchs de playoffs au compteur, dont quatre Game 7 (pour trois succès). Un avantage précieux pour gérer les émotions de ses coéquipiers mais aussi celles de l’adversaire : avec des Marcus Smart ou Aron Baynes qui sont déjà passés par là, les Celtics pourront s’appuyer sur leurs fans pour tenter de faire sortir les jeunes Bucks de leur match. Mais les Jaylen Brown et Jayson Tatum ne pourront pas de leur côté se cacher : Boston a besoin de points et a besoin d’eux.
Al Horford sera surtout essentiel pour gérer le tempo de la rencontre et s’assurer que les consignes de Brad Stevens sont respectées. Depuis le début de la série, à chaque temps-mort, les deux entraîneurs n’ont cessé d’exhorter leurs joueurs à faire circuler le ballon. Un paramètre bien plus important pour les Celtics, dont c’est le fond de jeu, que pour des Bucks qui peuvent davantage s’appuyer sur leurs individualités.
LA CIRCULATION DE BALLE |
On a vu dans le Game 6 que lorsque les deux équipes échangeaient leurs systèmes, Boston courrait à sa perte. Fatigués, les Celtics ont oublié de se faire des passes, jouant des un-contre-un à outrance sans poser d’écran et profiter d’éventuels matchups. Résultats : des tirs compliqués après énormément de dribbles, une attaque statique et une belle défaite.
Pour faire déjouer une défense de Milwaukee au rendez-vous, le salut des C’s passe par la circulation de balle. De la première à la dernière minute. Que ce soit pour creuser l’écart, combler un éventuel retard, ou marquer des points en fin de partie, les hommes de Brad Stevens doivent faire confiance à leur(s) système(s). Ainsi qu’à leur adresse de loin, un de leur gros avantage cette année, là où les Bucks ne sont, eux, pas forcément spécialistes.
LE JEU EN TRANSITION |
À l’inverse ici, même s’il est important pour les C’s, le jeu en transition est bien plus essentiel pour les Bucks. Ça s’est vu dans la belle victoire de jeudi avec un 25-4 sur les points en contre-attaque. Boston s’était appuyé sur ses deux jeunes pépites dans les trois premières manches (42 points inscrits) avant de faillir dans le domaine (14 points depuis).
Les Celtes n’ont jamais vraiment su enlever ces points à Milwaukee, mais il faudra au moins les limiter. Milwaukee, dans une moindre mesure, serait bien inspiré de casser les contre-attaques adverses pour s’éviter quelques paniers faciles.
TERRY ROZIER |
Personne ne l’aurait imaginé en début de saison, mais force est de constater que Terry Rozier est bel et bien une des clés du Game 7 des Celtics au premier tour des playoffs. On ne reviendra pas sur son éclosion en saison régulière, simplement sur ses performances sur cette série. De sa réussite dépend celle de Boston jusqu’à maintenant, aucun autre joueur n’ayant autant d’impact sur les victoires, et les défaites, de son équipe. Le fait d’être à domicile joue bien sûr énormément pour le feu follet.
Sur les trois défaites de Boston, à l’extérieur, le meneur tourne 11.7 points à 28% aux tirs, 26% à 3-points, 2.3 balles perdues, avec un ratio +/- de -5.3. Dans les trois victoires au Garden ? 20.7 points, 45% aux tirs et 45% de loin, 0.7 balle perdue et un ratio de +7.7 ! Le facteur X. Évidemment, il va peut-être faire un gros match et Milwaukee va l’emporter, ou arroser dans une victoire de Boston. C’est ce qui fait qu’un Game 7 est si excitant : tout peut arriver.
« Tu joues pour un Match 7 au Garden » juge Brad Stevens. « Il n’y a rien de plus excitant. C’est ce pourquoi tu bosses l’été, tu bosses toute l’année, c’est une explosion. »
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