Que John Calipari tacle Duke et ses méthodes de recrutement n’est pas vraiment une surprise, et fait doucement sourire. Car le technicien de Kentucky sait que les deux universités rivales s’affrontent depuis des années, tant en NCAA que dans le placement des joueurs à la Draft. Chaque année, l’une ou l’autre arrive en tête au classement des facs d’où viennent les plus gros contingents de joueurs NBA. Pour la saison en cours, sur les 500 joueurs à avoir foulé un parquet NBA, près de 10% sont passés par Duke et Kentucky. Un ratio énorme.
En se penchant de plus près sur la décennie passée, on note que Duke a longtemps été sa rivale par rapport au nombre de joueurs NBA. La bascule est survenue en 2012 quand Kentucky s’est retrouvée avec autant de professionnels que Duke.
Cette année charnière est liée à une draft 2010 exceptionnelle pour les Wildcats : John Wall (n°1), DeMarcus Cousins (n°5), Patrick Patterson (n°14), Eric Bledsoe (n°18) et Daniel Orton (n°29) avaient tous été sélectionnés au premier tour. Là où Duke… n’avait pas envoyé un seul représentant. Depuis, Kentucky n’a cessé d’augmenter son quota de joueurs représentés. De 11 seulement en 2007, ils sont aujourd’hui 26. Et grâce à ses tops picks de ces dernières années, les anciens Wildcats représentent deux fois plus de sélections All-Star que les anciens Blue Devils.
La grande question est jusqu’à quand ? Car en se référant au recrutement des meilleurs lycéens de ces dernières années (publié par SEC Country), il apparait clairement que Duke est en train de refaire son retard, et de redevenir une place forte pour attirer les meilleurs prospects.
La raison ? À Duke, on cible deux ou trois très forts lycéens, là où Kentucky ne freine jamais son recrutement. Rappelons ainsi que Devin Booker était 6e homme aux Wildcats, et forcément, c’est plus compliqué pour être drafté très, très haut…
KENTUCKY
2018: Aucun pour l’instant
2017: No. 10 Hamidou Diallo
2016: No. 6 De’Aaron Fox, No. 9 Bam Adebayo
2015: No. 2 Skal Labissiere, No. 10 Jamal Murray
2014: No. 5 Karl-Anthony Towns
2013: No. 2 Julius Randle, No. 5 Andrew Harrison, No. 6 Aaron Harrison, No. 9 James Young, No. 10 Dakari Johnson
DUKE
2018: No. 1 R.J. Barrett, No. 2 Cameron Reddish, No. 3 Zion Williamson, No. 8 Tre Jones
2017: No. 1 Marvin Bagley, No. 6 Trevon Duval, No. 7 Wendell Carter
2016: No. 2 Harry Giles, No. 4 Jayson Tatum
2015: No. 3 Brandon Ingram
2014: No. 1 Jahlil Okafor, No. 8 Tyus Jones
2013: No. 4 Jabari Parker
Zion Williamson confirme le pouvoir d’attraction de Coach K.
Cette année, Duke est ainsi parvenu à attirer les trois meilleurs lycéens du pays, ce qu’aucune des deux universités n’avait réussi à faire dans la décennie passée. Le cas Zion Williamson illustre bien le pouvoir d’attraction de Mike Krzyzewski.
« C’est toujours plus que du basket avec Coach K », avait défendu le phénomène physique lorsqu’on lui avait demandé pourquoi Duke et pas Kentucky. Le basket peut cesser de rebondir pour vous à tout moment. Si le basket devait finir pour moi demain, je saurais que je suis entre de bonnes mains à l’université de Duke. »
Zion Williamson avoue que Coach K. a d’autres arguments que le basket pur : à Duke, il pourrait construire sa « marque ».
« Ce n’était pas seulement du basket et ce qu’il pourrait faire pour moi en un an. C’était aussi comment il pouvait faire de ‘Zion’ une marque sur et en dehors du terrain pour les 20 prochaines années et le restant de mes jours. »
Si le jeune homme ne manque assurément pas de confiance, il se place clairement en un « one-and-done » potentiel en évoquant une période d’un an seulement avant de passer pro. Cet argument explique sans doute aussi pourquoi Duke revient sur le devant de la scène du recrutement NCAA. Cette philosophie du « one-and-done » est liée à l’arrivée, il y a quelques années, de Jeff Capel, assistant de Coach K et principal recruteur. Ce dernier, dès 2014, lâchait :
« On ne va pas recruter une classe entière de one-and-done. Mais lorsqu’on recrute, même si on sait que ces jeunes seront one-and-done, si le profil correspond, on le prendra. Parallèlement à cela, vous devez avoir un mélange de gars qui seront là sur du long terme. Si vous regardez l’histoire de notre programme, les très bonnes équipes, les équipes de Final Four et les équipes championnes, avaient un leadership de classe supérieure. Ce sera toujours une constante ici. »
C’est peut-être aussi ce qui fait une légère différence en termes de bilan. Car si Kentucky a raté à deux reprises le tournoi NCAA sur ces dix dernières années, Duke est une inconditionnelle du rendez-vous : sa dernière non-qualification remonte à… 1995. Et sur la période, Mike Krzyzewski a mené les siens à deux titres nationaux, en 2010 et en 2015.
Kentucky, outre sa finale perdue en 2014, a dû se contenter d’un seul titre NCAA en 2012. Cette saison, Kentucky n’est d’ailleurs pas au mieux, et vient même de sortir du Top 25…
DUKE ALL-NBA TEAMS
1st : Kyrie Irving – JJ Redick – Jayson Tatum – Jabari Parker – Mason Plumlee
2nd : Tyus Jones – Austin Rivers – Rodney Hood – Brandon Ingram – Marshall Plumlee
3rd : Seth Curry – Luke Kennard – Lance Thomas – Luol Deng – Jahlil Okafor
Mentions : Josh McRoberts, Miles Plumlee, Kyle Singler, Semi Ojeleye…
KENTUCKY ALL-NBA TEAMS
1st : John Wall – Devin Booker – Anthony Davis – Karl-Anthony Towns – DeMarcus Cousins
2nd : Rajon Rondo – Eric Bledsoe – Jamal Murray – – Julius Randle – Enes Kanter
3rd : De’Aaron Fox – Tyler Ulis – Michael Kidd-Gilchrist – Trey Lyles – Willie Cauley-Stein
Mentions : Bam Adebayo, Andrew Harrison, Darius Miller, Patrick Patterson…