L’histoire entre Edwin Jackson et les Bleus a longtemps été compliquée. Depuis que Vincent Collet a pris en charge l’équipe de France, l’arrière a plusieurs fois été coupé à l’approche des compétitions, ce qui l’avait amené à annoncer une « retraite internationale » en 2015, alors qu’il n’avait que 25 ans et après seulement deux campagnes (Mondiaux 2010 et 2014).
« Des points, je sais que je peux en mettre »
Un choix sur lequel il est finalement revenu l’an passé, arborant une nouvelle mentalité en sélection.
« L’évolution, elle a commencé l’année dernière », détaille Vincent Collet. « Alors que je ne l’avais pas retenu, puisqu’il avait été le dernier coupé pour le Tournoi Pré-Olympique, il a fait la demande et la démarche de nous accompagner à Manille avec un état d’esprit exceptionnel pour soutenir l’équipe. Vraiment dans l’état d’esprit Team France, en disant : « Je ne suis pas pris mais je suis avec vous, j’ai fait la prépa et je veux qu’on aille aux Jeux ». Cette année, c’est confirmé et je peux citer un autre exemple. Face à la Grèce, je l’ai fait rentrer quatre fois pour défendre une possession et quatre fois, j’ai remis un autre joueur pour attaquer, afin de protéger d’autres joueurs des fautes, et il l’a fait avec le sourire. »
C’est un peu le paradoxe d’Edwin Jackson dans cette équipe de France, post-Tony Parker. Meilleur scoreur du championnat d’Espagne cette saison, celui qui jouera en Chine l’an prochain s’est fait une place… grâce à sa défense.
« Des points, je sais que je peux en mettre », explique-t-il. « Ce sur quoi je m’évalue à la fin du match, comme je sors du banc et comme je ne vais pas avoir cinq ou dix tirs, c’est si je peux apporter pour l’équipe avec de bonnes défenses, en volant un ballon, en redonnant une possession en attaque… C’est ça qui est important, c’est mon rôle. »
« Je lui ai donné les meilleurs joueurs adverses sur les derniers matchs »
Pourtant, Edwin Jackson n’avait jusqu’à présent pas la réputation d’être un grand défenseur.
« Quand on voit le corps qu’il a et ses jambes, même si tout le monde dit que c’est un scoreur, il peut très bien défendre », assure Antoine Diot. « Il le prouve match après match et, en plus, il met ses tirs et il est en confiance. Après l’année qu’il a fait, je ne suis pas du tout surpris de le voir à ce niveau-là. »
Capable de sortir une grosse série offensive lorsqu’il a la main chaude, comme face à l’Islande avec 14 points dans le troisième quart-temps, le nouveau compagnon de chambre de Boris Diaw a gagné la confiance de Vincent Collet.
« J’ai la conviction, et c’est partagé dans le staff, qu’Edwin va nous sortir une salve pour mettre 10 ou 15 points dans un cours laps de temps, et pas dans un match comme aujourd’hui [face à l’Islande] mais dans un match qui va compter », prédit le sélectionneur. « C’est la maturité et la continuité de son excellente saison avec Estudiantes. C’est un autre joueur et puis, surtout, il fait beaucoup d’efforts défensifs. Je lui ai donné les meilleurs joueurs adverses sur les derniers matchs, comme Dennis Schröder en Allemagne. Notre équipe n’a pas une grande identité défensive et il faut chercher les ressources où elles sont. »
Avec la retraite de Mike Gelabale et les forfaits de Nicolas Batum, Charles Kahudi ou Timothé Luwawu-Cabarrot, la France manque d’options défensives sur l’extérieur. Thomas Heurtel, Nando De Colo et Evan Fournier sont avant tout des attaquants et Vincent Collet doit trouver des palliatifs. Quitte donc à les chercher chez un autre attaquant.
Propos recueillis à Helsinki