Pour son tout premier match, la Dream Team n’a pas fait rêver… loin de là !
Face à une équipe de joueurs universitaires brillants, dont Chris Webber, Grant Hill ou encore Penny Hardaway et Jamal Mashburn, la meilleure équipe de l’histoire n’était encore qu’un assemblage précaire de superstars NBA en manque de repères.
Bobby Hurley superstar
Sous la houlette d’un Bobby Hurley intenable par sa vitesse et un Chris Webber surpuissant sous les panneaux, la « Select Team » a tout simplement remis les stars de la Grande Ligue les pieds sur terre (62-54).
« Tout ce à quoi je pensais, c’était de ne pas me faire ridiculiser face à Magic ! » se souvient Bobby Hurley. « J’ai eu de la réussite sur les pénétrations et notre énergie, notre excitation ont fait le reste. »
Piquant les ballons des mains de David Robinson, Bobby Hurley sonne la révolte et lance le jeu rapide, servant parfaitement Rodney Rogers pour le dunk à deux mains. Surpris par le physique des minots, et carrément pris à la gorge par leur agressivité, les coéquipiers de Magic et Jordan sont bouche bée.
« On ne savait pas encore jouer ensemble », rappelle Scottie Pippen. « Personne ne voulait marcher sur les plates-bandes de son voisin ou froisser son ego. Et pendant ce temps-là, ces gamins nous mettaient une fessée ! »
Mais Larry Bird n’est pas dupe…
« Ils jouaient super bien. Mais je me suis fait la remarque : Michael Jordan ne joue pas beaucoup. »
Et comment ! En fin tacticien, Chuck Daly choisit de laisser son meilleur joueur pour de longues séquences sur le banc de touche. Coach K, son assistant, vient le voir mais le coach des Pistons lui réplique que tout va bien. Tout est en ordre… dans ce désordre de balles perdues !
Le plan machiavélique de Chuck Daly
En fait, Chuck Daly orchestre avec malice la défaite de sa propre équipe en se privant volontairement de Jordan, laissant les Magic, Bird, Pippen et consorts à leurs tentatives de lier un groupe encore vert.
« Je crois qu’on est entre l’ambiance d’un All Star Game et l’envie de jouer en équipe », lance Daly à la poignée de journalistes qui s’agglutinent autour de lui. « On doit continuer à travailler notre cohésion. »
Et cette défaite initiale faisait partie du plan machiavélique de l’entraîneur américain. Ce festival de mauvais choix de joueurs confirmés, de All Stasr en puissance a en fait été coordonné par Chuck Daly.
« Il a pourri le match », en rigole encore Coach K. « C’est Chuck qui a fait perdre ce match. Dans le petit temps de jeu de Jordan, dans les rotations qu’il a effectuées, dans son choix de ne rien changer, dans ses consignes. Il savait exactement ce qu’il faisait ! »
Car dès le lendemain, le vent a tourné. Et il n’a pas soufflé telle la douce brise matinale. Mais bel et bien par bourrasques violentes tel l’orage déchaîné ! Avec même un peu de grêlon pour fouetter le visage des gamins un peu trop présomptueux…
« On les a battus de 100 pions à peu près ! » résume parfaitement Charles Barkley.
Redevenus agressifs et sûrs de leur fait, les Dream Teamers vont infliger une véritable volée de bois vert à leurs cadets. Un avant-goût de ce qui allait les attendre au tournoi olympique de Barcelone, en somme.
Mais le stratagème de Coach Daly avait parfaitement fonctionné…
« C’était gratifiant pour Chuck de nous voir perdre ce match », ajoute Jordan. « Car après ça, il savait qu’on allait l’écouter ! »
Debout (de gauche à droite) : Jamal Mashburn, Eric Montross, Chris Webber, Anfernee Hardaway
Assis (de gauche à droite) : Bobby Hurley, Allan Houston, Grant Hill, Rodney Rogers
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