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Roman de l’été : « Michael Jordan, The Life » (4)

La saison NBA est terminée, il va falloir chasser l’ennui et trouver de quoi s’occuper sur la plage cet été. Basket USA a pensé à vous ! Comme l’an passé, nous vous offrons une sorte de roman de l’été, de longs extraits d’un livre 100% basket américain.

Après « Un coach, onze titres NBA » de Phil Jackson, nous vous proposons le deuxième ouvrage dédié à la balle orange édité par Talent Sport : « Michael Jordan, The Life » de Roland Lazenby, un bouquin de plus de 700 pages qui retrace toute la carrière de « Sa Majesté ».

Nous avons passé les premiers chapitres – qui évoquent les aïeux, l’enfance et la carrière universitaire de Mike – pour attaquer sa première année sur les parquets pros, en 1984-85.

Le roman de l’été, c’est un épisode par semaine jusqu’en septembre. Bonne lecture !

Première partie

Deuxième partie

Troisième partie

 

CHAPITRE 16

La première impression

Jordan rentra chez lui fin août pour une autre cérémonie en son honneur, cette fois au Thalian Hall de Wilmington. Il présenta officiellement sa mère avec sa médaille d’or olympique. Le lycée Laney profita de l’occasion pour retirer le numéro 23 de Michael des maillots des Buccaneers. Un mois plus tard, il fit le voyage pour le camp d’entraînement de Chicago.

Michael imaginait que sa vie chez les Chicago Bulls serait très différente de celle qu’il avait eue aux Tar Heels. Il n’avait aucune idée de l’énorme différence à laquelle il serait confronté. Cela commença avec le coaching. Il n’était plus du tout bridé par les diktats de Dean Smith ou de Bobby Knight. Son nouveau coach, Kevin Loughery, avait 44 ans. C’était l’archétype de la période de folie du basket professionnel, dans les années 1960 et 1970, où il s’était illustré avec les Baltimore Bullets (devenus Washington Wizards). Loughery avait un fort accent de Brooklyn et un sourire de travers qui allait bien avec son approche très euphorique du jeu. « Kevin était de la vieille école, commenta l’ancien préparateur physique des Bulls Mark Pfeil. À cette époque, les gars faisaient encore la fête dans le basket pro. Tu venais, tu faisais le taf puis tu partais en soirée dans les bars, pour t’amuser un peu. »

Loughery avait un rapport intuitif au basket. Il avait été un bon joueur professionnel, tournant à 15.3 points par match sur douze saisons. Loughery a tout de suite séduit Jordan parce qu’il avait coaché Julius Erving et les New York Nets et qu’il avait remporté deux titres en American Basketball Association avec eux. En tant que joueur, il avait défendu sur Jerry West dans la finale de division 1965 Los Angeles Lakers-Baltimore Bullets, une série pendant laquelle le n°44 californien avait battu des records avec des matches à 40 points. Grâce à ses expériences avec West et Erving, Loughery avait compris que des qualités physiques supérieures imposaient leurs propres lois. Sous Loughery, la jeune star de l’équipe allait avoir le ballon aussi souvent que possible.

 

Le vent de la liberté

Jordan a déclaré très souvent que Loughery était de loin le plus fun des coaches pour lesquels il avait joué. « Il m’a donné la confiance pour m’exprimer à ce niveau, expliqua Michael plus tard. Lors de ma première année, il m’a donné la balle et m’a dit : “Eh, p’tit gars, je sais que tu as du jeu. Alors, vas-y.” Je ne pense pas que cela aurait été le cas dans le système d’un autre coach. »

Soudain, le Jordan jouant à fond la gomme, le spectre volant qui avait hanté la salle du lycée Laney, était réapparu mais avec un physique plus développé et un jeu plus affiné. Ses qualités athlétiques ne se cachaient plus.

Loughery utilisa cette année pour aider Jordan à trouver son identité comme joueur et gagner en confiance. Le coach le laissait dérouler son jeu plutôt que de le lui imposer. Il comprenait que Michael avait une très forte envie de briller et réalisait que c’était son job de nourrir cette envie. Le système de Dean Smith – et même celui de Bobby Knight – avait restreint son développement. Loughery voulait donner à Jordan la liberté nécessaire à son accomplissement. Loughery voulait donner à Jordan la liberté dont il avait besoin pour s’épanouir. Le fait que Loughery puisse asseoir son autorité avec le soutien du general manager Rod Thorn y a beaucoup contribué. Rod Thorn avait été son assistant chez les Nets et il avait toute confiance en son coaching.

La relation personnelle de Loughery avec la jeune star a été tout aussi importante. « Je pouvais lui parler comme à un ami », expliqua Jordan. Loughery avait été dans la même situation. Il comprenait les défis qui se présentaient au rookie, notamment celui lancé par ses nouveaux coéquipiers. En lieu et place des jeunes All-American hyper motivés de UNC, Jordan devait dorénavant travailler avec une bande de bras cassés et autres joueurs déclassés, dont certains étaient confrontés à des problèmes d’alcool et de cocaïne.

Le talentueux meneur Quintin Dailey était la cible d’une véritable campagne de rejet de la part du public de Chicago. Cela avait commencé bien avant que Jordan n’arrive. « Q était un bon ami, affirma le préparateur physique Mark Pfeil. J’avais de la peine pour lui. Nous avons essayé de le mettre en garde mais comment voulez-vous faire pression sur quelqu’un qui est parti de rien ? Il m’a répondu : “Je finirai à la rue ? J’ai été à la rue. Je peux survivre dans la rue. On ne peut pas me faire peur avec ça.” »

LOS ANGELES, CA: Michael Jordan #23 of the Chicago Bulls moves the ball at the parameter against the Los Angeles Clippers during a 1984-85 season game at the Sports Arena in Los Angeles, California. (Photo by Rick Stewart/Getty Images)

Un effectif plein d’âmes en perdition

Un autre joueur de talent est lui aussi tombé dans l’excès d’alcool et de cocaïne. Il s’agit d’Orlando Woolridge. Cet ailier en provenance de Notre Dame jouait chez les Bulls depuis trois ans. Les deux coéquipiers étaient malheureusement engagés sur une voie qui les mènerait à un décès prématuré (1). L’effectif était rempli d’âmes en perdition. Comme l’expliqua le chargé de communication des Bulls, Tim Hallam, Jordan avait trop l’esprit de compétition pour manifester de l’intérêt pour l’alcool ou la drogue. Cela aurait signifié montrer une faiblesse à l’adversaire. Une chose que Michael n’aurait jamais faite.

Le joueur d’appoint Rod Higgins, l’une des rares personnes stables de l’équipe, avait trois ans de plus que Jordan. Dans le chaos que représentait cette saison, ils sont vite devenus amis. Cette amitié dura bien plus longtemps que leurs carrières respectives de joueurs. Six ans plus tard, Jordan dit de ses coéquipiers, au sein de cette première équipe, qu’ils étaient les plus affûtés physiquement mais aussi les plus paumés. Il les appelait les « Looney Tunes » (2).

La salle d’entraînement des Bulls, Angel Guardian Gym, ne semblait pas devoir mener davantage au succès que ses infortunés nouveaux coéquipiers. « C’était une sorte de salle sombre et lugubre avec un parquet très dur, expliqua Tim Hallam. C’était du brut de décoffrage. On garait sa voiture sur la pelouse par derrière. Il y avait un petit chemin piétonnier sur lequel les joueurs étaient autorisés à s’approcher en voiture. Puis ils devaient le quitter pour se garer dans l’herbe. Le vestiaire était une vraie antiquité. Il n’y avait rien à manger. Vous savez, c’était très austère. Il n’y avait aucune sorte d’équipement. »

Angel Guardian était toujours remplie d’enfants, d’après les souvenirs de celui qui fut longtemps le responsable billetterie, Joe O’Neil : « L’équipe devait attendre en rang que les CE2 quittent le parquet. Là, les Bulls pouvaient s’entraîner. Les joueurs investissaient le parquet et il y avait un rang de gosses en travers du hall. Ils allaient à la piscine ou à la salle. »

 

La météo, Michael s’en fout

L’ancien meneur des Bulls John Paxson se souvenait que cet endroit était également très froid, n’offrant que peu de répit contre la météo bien connue de Chicago. Jordan n’accorda absolument aucune importance à ces conditions, pas plus qu’il ne l’avait fait au Venezuela, lors des Jeux panaméricains. Angel Guardian était, en tout point, aussi bien que les terrains extérieurs d’Empie Park et que tous les autres endroits où il avait joué et grandi. Il haussa tout simplement les épaules et se mit au travail.

Pendant ces premières semaines, les Bulls logèrent leur nouveau rookie au Lincolnwood Hyatt House, non loin d’Angel Guardian. Quand Jordan atterrit à l’aéroport O’Hare, quelques jours avant le camp d’entraînement, il fut accueilli par un chauffeur de limousine de 29 ans, appelé George Koehler, qui venait de rater une course et qui essayait d’en trouver une autre. Il aperçut le frêle et jeune rookie, l’appela par erreur « Larry Jordan » et lui proposa de l’emmener n’importe où dans la ville pour 25 dollars. « Vous connaissez mon frère ? », lui avait alors demandé Jordan en lui jetant un regard confus. Cela fut le début d’une très belle relation. Koehler est devenu le chauffeur régulier de Michael puis son assistant personnel et enfin un ami de longue date.

Il se souvenait d’un Jordan encore vert et peu sûr de lui ce jour-là dans la grande ville. « J’ai regardé dans le rétroviseur et je pouvais à peine le voir car il était recroquevillé comme un môme, raconta Koehler. Je ne sais pas s’il était déjà monté dans une limousine. Il ne connaissait personne à Chicago. Je lui étais étranger et il était manifestement tendu, craignant que je ne le largue dans une impasse quelque part. » Jordan prit rapidement ses repères. « Il venait tous les jours à l’entraînement comme s’il devait disputer un Match 7 des Finales NBA, se rappela Joe O’Neil en riant. Il vous aurait détruit à l’entraînement. C’est ce qui a donné le ton à notre équipe. »

 

« Il avait tout le package »

Loughery avait déjà vu Michael jouer de loin. De près, l’impact était beaucoup plus impressionnant. « Quand on a commencé à faire des exercices de un-contre-un, se souvint-il, on a immédiatement réalisé qu’on avait affaire à une star. Je ne peux pas dire que nous savions qu’il deviendrait le meilleur basketteur de tous les temps. Mais nous avons tout de suite senti que Michael savait shooter et marquer. Beaucoup de gens ont douté de cela. Sous Dean Smith à l’université et sous Bobby Knight aux Jeux olympiques, il jouait dans un système basé sur le jeu de passes. Aussi, les gens n’avaient jamais eu la possibilité de le voir manier le ballon comme il savait le faire. Lorsque nous nous sommes aperçus quel compétiteur acharné il était, nous avons compris que nous avions un joueur de très grande classe. »

Bill Blair, l’assistant de Loughery, se rappela que les coaches avaient décidé de faire du cinq-contre-cinq tout terrain durant le deuxième jour d’entraînement afin d’observer les qualités de Jordan en situation. « Michael a pris un rebond défensif puis a traversé tout le terrain. Il a pris son envol en tête de raquette et a écrasé un dunk. Kevin a dit : “On n’a plus besoin de continuer le cinq-contre-cinq.” »

« Sa faculté d’anticipation était très développée – il pouvait lire le jeu -, comme sa vélocité et sa puissance, se souvint Loughery. C’est un autre élément qui a souvent été négligé. La puissance de Michael. Il avait vraiment tout le package. »

Pourtant, depuis le départ, Jordan restait focalisé non pas sur ce qu’il avait mais sur ce qu’il n’avait pas. « C’est sûr que je joue à un autre niveau, plus dur, dit-il après son premier entraînement chez les pros. J’ai beaucoup à apprendre. »

« Vous saviez que vous aviez affaire à quelqu’un de spécial parce que Michael était toujours à l’entraînement quarante minutes en avance, rapporta Blair. Il voulait travailler son shoot. Et après l’entraînement, il vous demandait de l’aider. Il travaillait encore son shoot. Il ne comptait pas les heures qu’il passait à la salle. Le truc que j’ai toujours adoré avec lui, c’est que lorsqu’on le sortait pour qu’il souffle, il était toujours sur votre dos, vous demandant de le remettre en jeu. Michael adorait jouer au basket. »

 

Secretariat

La délégation des médias chargés d’assurer la couverture du premier jour de présence de Jordan au camp d’entraînement était composée, exactement, d’un journaliste de quotidien, d’un auteur de magazine, de quatre photographes et d’une équipe de télévision. Il est vrai que l’équipe de baseball des Cubs clôturait une saison digne des livres d’histoire ce week-end-là et les Bears (football américain) rencontraient Dallas dans leur stade, le Soldier Field, le dimanche, mais la triste vérité est que personne ne se préoccupait des Bulls en septembre 1984. Avec ou sans Michael Jordan. « Les Bulls étaient le parent pauvre de la ville, expliqua Jeff Davis, directeur des sports à la télévision à « Second City » (3).

Il n’y avait pas que Chicago. La NBA aussi s’en fichait royalement. La Ligue avait un nouveau contrat télévisuel avec CBS Sports cette saison-là et elle n’avait pas inclus une seule fois les Bulls dans sa programmation. Même les stations locales n’étaient pas intéressées par des reportages sur les Bulls pour leurs journaux, précisa Davis. « La télé se déplaçait rarement à cette époque. » Si une équipe de télé se pointait à Angel Guardian, Loughery n’y prêtait aucune attention. Il n’y avait pas de restrictions quant à l’accès des médias aux entraînements. Jeff Davis y allait tout simplement parce qu’il était fan de basket. « Je n’oublierai jamais ces entraînements de début de saison. Bon sang ! Il y avait une intensité, chez Jordan, qui n’existait chez aucun autre joueur que nous avions eu parce qu’il avait un talent immense. On pouvait voir à quel point il bossait dur et on savait qu’il ferait quelque chose. Il montait au cercle avec une telle aisance, face à n’importe qui… Il était exigeant. Il voulait que les défenseurs se collent à lui. “Plus près. Allez, défends dur ! Bouge-toi, nom de Dieu !” Il poussait des jurons. Il avait un franc-parler sacrément rude. »

« Michael choisissait quelqu’un chaque jour, témoigna le préparateur physique Mark Pfeil. On a pu voir ça très tôt. Tous les jours, quelqu’un allait être son souffre-douleur. Ça pouvait tomber sur n’importe qui dans l’équipe. Des gars comme Ennis Whatley, Ronnie Lester ou encore Quintin Dailey. Michael attaquait et leur plantait des paniers sur la tête, encore et encore. Il en faisait ses souffre-douleur pour les faire jouer plus dur, principalement parce qu’il avait un grand esprit de compétition. Il y a eu des fois, pendant son année rookie, où l’entraînement était ingérable. Loughery frappait dans ses mains et laissait Michael faire son truc. »

« C’était intéressant d’avoir un rookie comme Michael, affirma Rod Higgins en 2012. Instantanément, il gagna le respect des anciens grâce à sa compétitivité. Quand le camp d’entraînement a commencé, j’ai compris que ce gamin chercherait des noises à ses coéquipiers s’ils n’élevaient pas leur niveau de jeu. Il ne se préoccupait pas, par ailleurs, de savoir lequel des vétérans défendait sur lui. »

« Michael est comme Secretariat (4), plaisanta le coach assistant Fred Carter en début de saison. Tous les autres chevaux savent qu’ils devront galoper pour se maintenir à niveau avec lui. » « À l’entraînement, Loughery mettait Michael dans différentes équipes juste pour voir ce qu’il pouvait faire, précisa Rod Thorn. Quelle que soit l’équipe dans laquelle Kevin le mettait, cette équipe gagnait. Kevin m’a dit : “Je ne sais pas si ce sont les autres gars qui sont trop mauvais ou bien si c’est lui qui est trop bon…” »

 

L’équipe qui perd court 10 tours

« Kevin faisait toujours un truc à l’entraînement, ajouta Pfeil. Il divisait l’effectif en deux équipes. La première à 10 gagnait. L’équipe qui perdait courait 10 tours. Kevin appelait ça “10 points ou 10 tours”. Michael n’a pas couru un seul tour de la saison… Un jour, son équipe menait 8-0. Kevin l’a fait passer dans l’autre équipe. Michael était furieux. Il a marqué les neuf premiers points et son équipe a gagné. »

« Dès que je l’ai vu au camp, j’ai changé mes plans en attaque, rapporta Loughery. Il imposait le type d’attaque dont nous avions besoin. Nous n’étions pas une équipe très forte en enlevant Michael. Donc, il aurait à prendre beaucoup de shoots. J’ai aussitôt pensé à des moyens de l’isoler pour qu’il joue des situations de un-contre-un. C’était cohérent de le mettre dans cette situation car il était plus puissant que la plupart des arrières. On devait bâtir notre attaque autour de lui. »

Jordan espérait jouer arrière pour avoir un avantage de taille sur des adversaires plus petits. Loughery poussa cette analyse un cran plus loin. Ce rookie pouvait créer des déséquilibres avantageux au poste de meneur. En fait, il pouvait aussi jouer petit ailier. Cette polyvalence signifiait en substance que les Bulls bénéficiaient d’un renforcement sur trois positions.

L’équipe entama une petite tournée de matches exhibitions avant le coup d’envoi de la saison 1984-85. Elle commença au Civic Center de Peoria, devant 2 500 spectateurs. Jordan prit place sur le banc des remplaçants. Il scora 18 points. Le mini-calendrier de cette tournée mena ensuite les Bulls à Glens Falls, dans l’État de New York, où Michael s’en donna à cœur joie avec des dunks pendant l’échauffement, pour le plus grand plaisir d’un public qui l’applaudit chaudement, jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’il allait infliger une défaite à ses Knicks.

 

Une ambiance de chambre mortuaire

Lors d’une étape dans le Nord de l’Indiana, Tim Hallam s’aperçut pour la première fois que quelque chose était différent dans la connexion que les fans établissaient avec Jordan. Il inscrivit 40 points ce soir-là. Après le match, un groupe de supporters, dont beaucoup de jeunes garçons, l’ont suivi dans le hall comme si Jordan était leur joueur de flûte de Hamelin. Ce magnétisme devint encore plus apparent au fil des jours. Plus tard, il serait nécessaire de l’isoler, de le protéger de la puissance déchaînée de cette affection. Mais établir ce cordon sanitaire prit des mois. Dans les premiers jours de sa saison rookie, son public grandissant était bon enfant.

La réaction de ses coaches et de ses coéquipiers lors de ce premier camp d’entraînement et l’engouement qu’il suscita chez les fans pendant la présaison renforcèrent l’idée que Michael allait révolutionner la franchise. « On a vu ses qualités, expliqua Loughery, mais il fallait se trouver en sa présence chaque jour pour constater la compétitivité du bonhomme. Il essayait de prendre le dessus dans toutes les situations difficiles. Il se jetait corps et âme dans la bataille. Et il adorait ça. »

Cette franchise avait besoin de tout ce que ce nouveau rookie avait à offrir. La première fois où ils assistèrent à un match des Bulls au Chicago Stadium, James et Deloris Jordan furent sidérés par l’assistance clairsemée et l’ambiance de mort qui y régnait. En comparaison de l’énergie intense du basket à l’Université de Caroline du Nord, les matches des Bulls apparaissaient pathétiques. Les Jordan se demandaient comment l’équipe parviendrait à payer leur fils des centaines de milliers de dollars chaque année. Ça va s’améliorer, disait Deloris à son mari, mais elle était loin d’en être sûre.

Cette négativité commençait avec le Stadium lui-même, la « Madhouse on Madison », située en plein milieu d’un des pires quartiers de Chicago. Ce quartier avait rudement souffert pendant les émeutes qui avaient suivi l’assassinat du Dr Martin Luther King en avril 1968. Quinze années après, la quasi-totalité du West Side était devenue complètement glauque. Tout fan suffisamment brave pour aller assister à un match des Bulls, garer sa voiture et poursuivre son chemin à pied jusqu’aux portes d’entrée le faisait souvent la peur au ventre. « Il y avait ces gosses qui vous disaient : “Est-ce que je peux laver votre pare-brise, Monsieur ?, se rappela Davis. Si vous vous gariez sur le parking et que vous ne leur donniez pas un peu de monnaie, vous aviez vos pneus crevés. C’était courant. Si vous étiez avec les médias, on vous disait : “Ne vous garez pas n’importe où, allez sur le parking de l’équipe et partez de là aussi vite que vous le pouvez après le match.” Et donc, vous aviez un exode massif du parking en l’espace de 30 à 45 minutes. Les gens ne s’attardaient pas aux abords de la salle après les matches. »

 

Chicago, le trou à rats

« Les Bulls étaient en difficulté à l’époque et le Stadium était dans le West Side, expliqua Tim Hallam. En ce temps-là, ça n’avait pas l’allure que cela a maintenant, avec tout le développement économique. C’était la deuxième salle la plus vieille de la Ligue, derrière le Boston Garden. Vous savez, c’était un endroit magnifique quand il avait été construit, avec une très belle acoustique. Le bruit était restreint car il rebondissait sur le toit et revenait. Il n’y avait pas de réverbération assourdissante. C’était idéal pour une foule bruyante mais nous n’avions pas des salles remplies de monde à l’époque. Aussi, l’ambiance était bien souvent glaciale. » « Nous avions un tout petit noyau d’abonnés, admit Joe O’Neil. Au troisième quart-temps, je pouvais compter l’assistance. Je sortais et je comptais les supporters. »

Steve Schanwald, qui finit par devenir vice-président des Bulls, arriva à Chicago en 1981 en tant que dirigeant de l’équipe de baseball des White Sox. Diplômé de l’Université du Maryland, il avait adoré l’enthousiasme du basket de l’ACC et se fit une joie d’aller assister à quelques matches des Bulls. Il eut un choc. « Le Stadium était un bâtiment froid pour le basket, se remémora Schanwald. J’aimais bien y aller car je pouvais me trouver un siège et me détendre. Mais ça faisait vraiment peine à voir. Je ne pouvais pas croire que c’était du basket NBA. Ça ressemblait plus à du basket CBA (5). Ou pire encore. Le Stadium en lui-même était une super salle quand il était plein de monde. Mais quand il était vide, il y régnait une ambiance de mort. Il n’y avait pas de tableau d’affichage étincelant. On m’a dit que dans les premiers temps, les fans des Bulls suivaient les matches de basket à travers le plexiglas du hockey. C’est vous dire le peu de respect qu’inspiraient les Bulls. »

 

  1. Quintin Dailey est décédé en novembre 2010, à 49 ans. Orlando Woolridge est décédé en mai 2012, à 52 ans.
  2. Littéralement, « chansons idiotes ». On pourrait traduire par « les Détraqués ».
  3. Surnom de Chicago, deuxième ville la plus peuplée des États-Unis depuis 1890 avant d’être dépassée par Los Angeles en 1990.
  4. Cheval de course faisant partie des plus grands champions de l’histoire.
  5. La Continental Basketball Association (1946-2009) était une ligue mineure de basket.

 

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