Grisés par leur succès, les Warriors veulent en revenir aux fondamentaux

Sur un nuage depuis le début des playoffs, les Warriors ont enregistré leur première défaite en deux mois. Et quelle défaite ! Dominés par des Cavs remontés comme des pendules, ils n’ont jamais su rivaliser avec le niveau d’intensité de leur adversaire.

Le gros point noir du Game 4 est venu du côté défensif. Quart-temps après quart-temps, Cleveland a rempli les livres d’histoire de la NBA avec une performance offensive unique, inscrivant au passage 24 tirs à trois points.

Excès de confiance

Pour comprendre pourquoi les Warriors ont explosé en plein vol de ce côté du terrain, nous nous sommes tournés vers l’architecte de leur défense, Ron Adams. Et pour l’assistant de Steve Kerr, la première raison de cette contre-performance est avant tout à aller chercher du côté de l’humain.

« Nous sommes tous des êtres humains et quand les choses vont bien, vous baissez votre garde et vous oubliez pourquoi tout est allé dans le sens que vous vouliez, » nous explique le technicien. « Une équipe mène 3-0 et d’un coup elle devient la meilleure équipe de l’histoire. Même si les joueurs essaient de ne pas écouter ce qu’il se dit dans les médias, ils savent ce qu’on dit sur eux. Résultat : vous commencez le match 4 en pensant que rien ne peut vous arriver mais vous jouez contre les champions en titre. Et si vous baissez votre garde, ils vont vous punir. »

Avec cette défaite, Golden State a raté l’occasion d’écrire l’histoire mais à l’instar de son entraîneur, Draymond Green pense que ce revers sera au final un mal pour un bien.

« Nous étions trop sûr de notre force, » avoue l’intérieur. « Et puis vous vous faites marcher dessus et ça fait vraiment bizarre. Donc c’est très bien pour nous car ça a servi de piqûre de rappel. On doit se remettre dedans et jouer avec la même concentration que nous avions au début de la série. »

Si la sanction est finalement tombée au Game 4, l’efficacité défensive des Dubs était en chute libre depuis le premier match. Après trois matchs, Cleveland est devenu plus familier et plus à l’aise, et dans le même temps Golden State a perdu en rigueur.

Steve Kerr avait déjà tiré la sonnette d’alarme après le premier match à la Quicken Loans Arena mais parfois il faut passer par une défaite pour que le message soit reçu par les joueurs.

« Notre défense était bien meilleure lors des deux premiers matchs, » analyse-t-il. « On n’a pas été solide sur le porteur de balle et si vous êtes battus, les dominos commencent à tomber parce que vous devez aider et ils font tourner la balle pour trouver le joueur ouvert, et ils ont beaucoup de shooteurs. Sur la vidéo, nos erreurs étaient flagrantes et c’est plus facile de le montrer aux joueurs et de leur rappeler quel est le plan de jeu. »

Écran retard, défense sur pick & roll, problème de communication, concentration sur courant alternatif, la liste de Steve Kerr semble basique mais face au talent des Cavs, le moindre détail peut faire la différence.

« Est-ce que nous allons jouer dur ? »

L’autre élément central pour les coéquipiers de Stephen Curry est leur manque d’intensité pour débuter la rencontre. Alors qu’ils avaient passé avec brio le même test dans le Game 3, ils ont été mis K.O. dès le premier round du Game 4.

 « Nous n’avons offert aucun type de résistance dans les trois premières minutes, et ils ont fait ce qu’ils ont voulu, » confesse le meneur. « On leur a donné trop d’espace et ils nous ont punis à trois points. On doit être collés à nos joueurs sur les écrans, pour mieux négocier nos switchs, et pour leur rendre la vie difficile. Et surtout on doit le faire dès le début du match. »

À quelques heures d’un Game 5 qui s’annonce électrique, les Warriors ne veulent pas paniquer à cause d’une défaite.

« Nos joueurs ont fait un super boulot depuis le début des playoffs, » rappelle Ron Adams. « Nous étions à 15-0 ! Donc il ne faut pas paniquer ou tout critiquer parce qu’on a perdu un match. Nous avons un plan de jeu qui a fonctionné lors des trois premiers matchs, et dans le match 4 nous n’avons pas été aussi rigoureux. On parle beaucoup d’ajustements mais souvent il suffit simplement de revenir aux fondamentaux. »

Dans la continuité du Game 4, Steve Kerr sait que ses joueurs ont besoin de répondre dans un domaine. Veulent-ils ce titre plus que leur adversaire ou veulent-ils retourner à Cleveland et redonner espoir à tout une ville?

« En playoffs, le plus gros ajustement est toujours émotionnel, » explique Kerr. « Vous pouvez toujours changer des choses, mais est-ce que nous allons jouer dur ? Est-ce que nous allons tout donner ? Ou est-ce que nous allons jouer comme l’autre soir, en leur laissant des tirs à 3-points ouverts, perdre nos duels individuels, et se faire bouffer au rebond offensif. À nous de choisir. »

Propos recueillis à Oakland.