À 34 ans, Marion Jones (1m78) vient de conclure sa première saison en WNBA sous les couleurs du Tulsa Shock avec 3 pts de moyenne en 9 minutes par match.
Pour son dernier match, jeudi soir face au New York Liberty, l’ancienne championne olympique à Sydney a fini la rencontre avec 8 points et 6 rebonds.
Celle qui fut condamnée en 2008 dans le cadre de l’affaire Balco porte un regard lucide sur cette expérience, tout en gardant une âme de championne.
Basket USA : Quel bilan faites-vous de votre saison ?
Marion Jones : Je suis avant tout une joueuse d’équipe donc c’est sûr que c’est une déception d’avoir perdu autant de matches, car je suis une compétitrice. Maintenant, sur un plan personnel, cette saison m’a encouragé à poursuivre mes efforts. J’ai progressé lors de chaque rencontre, j’ai de plus en plus confiance en moi et je retrouve petit à petit mes sensations dans ce jeu.
Quelle a été la chose la plus difficile pour vous ?
Sûrement le fait de devoir passer autant de temps sur le banc en regardant les autres jouer. C’est dur car dans cette situation, on voudrait aider ses partenaires en étant sur le terrain et, j’avais tellement envie de jouer et d’aider l’équipe que ça a été frustrant par moments. C’est vraiment le genre d’expérience qui vous aide à rester humble car j’ai dû ajuster mon rôle toute l’année. À chaque fois que j’entrais sur le terrain, même si ce n’était que pour deux minutes ou une minute, j’essayais toujours de donner le maximum en apportant de l’énergie et en faisant attention de bien faire tout ce qu’on me demandait. Ça a été la chose la plus difficile pour moi car j’ai toujours été habituée à être au centre des choses et devoir m’adapter comme ça, à 34 ans, m’a vraiment aidé à rester humble.
Y a-t-il des choses qui vous ont surprise en WNBA ?
Certainement le fait de découvrir à quel point les filles sont physiques ! Après le match aujourd’hui (jeudi), j’ai dit à mes coéquipières qu’il fallait que je prenne un peu de muscle avant le début de la saison prochaine. J’ai l’impression d’être facilement bousculée sur le terrain. Peut-être que mon âge et le fait que je n’ai pas joué pendant plusieurs années expliquent cela. Mais je crois vraiment qu’il faut que je prenne un peu de poids, parce que parfois, j’avais l’impression d’être comme une quille que l’on cherche à faire tomber.
C’est ce que vous allez faire d’ici le mois d’avril ou bien vous prévoyez d’aller jouer en Europe ?
Je ne sais pas encore. Il est clair que j’ai besoin de temps de jeu pour continuer à progresser. Donc j’irai là où une opportunité se présentera, que ce soit à l’étranger ou aux États-Unis. Ma décision n’est pas encore prise et j’y réfléchis toujours. Mais je sais que j’ai vraiment besoin de jouer, de travailler mon jeu, et de prendre confiance en moi. Ce n’est pas tellement pour la condition physique, mais plutôt pour retrouver des automatismes. Dans un match, il faut être capable de prendre des décisions très rapidement, avoir de bons réflexes, c’est ça que je veux acquérir. Et je sais que ce n’est pas en jouant quelques minutes seulement que je vais y arriver. Mon but est vraiment de devenir la meilleure joueuse possible. Je veux jouer dans la ligue aussi longtemps que je pourrais aider mon équipe et aussi longtemps que je penserais que j’ai encore du potentiel. Et pour le moment, je pense que j’en suis encore loin, donc même si j’ai 34 ans, je pense que je peux encore énormément progresser.
Donc on vous reverra la saison prochaine ?
Absolument. Mon mari et moi avons fait trop de sacrifices pour que je m’arrête maintenant. Je me suis exposée en tentant de jouer en WNBA, vous savez, ce n’est pas facile d’être à ma place. J’aurais certainement préféré arriver dans cette ligue sans faire de bruit et progresser tranquillement sans l’attention de tous les médias. Mais c’est différent pour moi, je le comprends. Donc comme j’ai pris ce risque, pourquoi ne pas aller au bout de l’aventure en essayant de devenir la meilleure joueuse possible ? Je suis une championne dans l’âme, je continuerai toujours à travailler, travailler et travailler tant que je n’aurais pas atteint mes limites.
Vos expériences passées vous aident-elles à savourer ce que vous vivez aujourd’hui ?
C’est vrai que j’ai connu beaucoup d’expériences douloureuses dans ma vie et je suis heureuse d’être où je suis aujourd’hui. J’ai 34 ans, je suis mère de trois enfants, je suis une épouse, j’ai fait des erreurs dans le passé, mais j’ai réussi à me reconstruire et à rebondir et je poursuis mon rêve à nouveau. Tout le monde passe par des moments difficiles dans sa vie et croit qu’il n’aura plus la force d’aller de l’avant. Je me suis retrouvée dans cette situation et c’est vraiment une bénédiction d’être là où je suis aujourd’hui.
Justement, vous avez joué jeudi à New York, quel effet ça vous a fait ?
Maintenant je peux dire que j’ai joué au Madison Square Garden ! Pour n’importe quel fan de sport, c’est un rêve. J’étais déjà souvent venue au Garden pour voir des matches ou autre, mais pouvoir enfin y jouer, c’était vraiment fabuleux. J’étais comme une petite fille sur le terrain, avec toutes les bannières au plafond et tout ça. Avec l’âge, on prend conscience du passé et ce lieu est chargé d’histoire. Il y a tellement de grands champions qui y sont passés. Je suis heureuse de pouvoir dire que, moi aussi, j’y ai joué maintenant.
Comment vos coéquipières vous ont-elles accueillie en début de saison ? Avez-vous remarqué une évolution au fil des mois ?
Oui, elles ont eu de plus en plus confiance en moi. Vous savez, je ne suis pas naïve au point de penser que toutes les joueuses étaient forcément ravies que je rejoigne la ligue. Elles voulaient savoir si j’étais capable de jouer et qu’il ne s’agissait pas simplement d’un caprice de star. C’est quelque chose que je peux comprendre, donc il a fallu que je leur prouve que j’avais le niveau pour jouer avec elles. Et je pense que c’est quelque chose que j’ai réussi à faire cette année.