Comment Portland a piégé Russell Westbrook

Comme le dira après le match Billy Donovan, le coach du Thunder, la défaite face aux Blazers peut se comprendre. C’était un déplacement compliqué face à un rival en cruel manque de victoire. Et puis, c’était la première rencontre sans Victor Oladipo, touché au poignet.

Mais ce fut surtout le succès net et sans bavure des Blazers, et de leur coaching staff. Terry Stotts avait effectivement fait le choix d’entrée de jeu de laisser venir Russell Westbrook dans la peinture. Un choix qui s’est avéré payant. 

« Russell va directement au panier. Si on fait sortir les intérieurs trop loin [sur le pick & roll], selon moi, c’est un risque qu’il passe facilement l’intérieur et que notre intérieur se retrouve derrière lui… et leur intérieur ! Au final, ça donne un deux contre un avec Russell et son intérieur qui courent vers le cercle. Notre idée, c’était de reculer et de protéger le cercle. »

Car dans la peinture se dressait un mur. Sur lequel le Thunder en son entier est venu se casser les dents. Les Blazers ont certes payé le prix avec des fautes à gogo mais Westbrook et ses babars ne sont pas passés. Portland est monté en intensité physique depuis deux matchs et ça s’est vu.

« J’ai trouvé que nos intérieurs ont été bons sur le repli défensif, pour protéger le cercle et rester vertical pour gêner les tirs. Je félicite vraiment toute l’équipe pour l’effort en défense », assure coach Stotts. « On l’a bien tenu de bout en bout. Evan [Turner] a vraiment été bon dans son duel face à lui. Mais c’était un effort collectif pour protéger la raquette et toujours avoir une présence face à lui à l’approche du cercle, et pas seulement son adversaire direct, mais tout le monde. Ça a bien marché. »

Pas de plan B pour OKC

Faisant bloc, les Blazers ont considérablement gêné le jeu du Thunder. Forcés à jouer dans un tout petit périmètre, les intérieurs d’OKC ont perdu 10 ballons entre Kanter, Sabonis et Adams. Avec quatre joueurs en éveil pour aider dès que Westbrook a le ballon, les Blazers ont complètement annihilé l’attaque du Thunder.

Car à part pour l’adresse d’Anthony Morrow, le Thunder manque cruellement de shooteurs. Surtout sans Oladipo. Cette saison, la troupe de Billy Donovan est l’équipe qui tente le plus de tirs dans la peinture avec 38% (juste devant les Bucks et les Nuggets, à 37%). Une vraie Westbrook-dépendance… et pas de plan B pour le moment !

Dans une partie hachée menue par des coups de sifflet incessants, Russell Westbrook et OKC sont rapidement sortis de leur match pour s’incliner de 19 points, la deuxième pire défaite de la saison. Le plan des Blazers a parfaitement fonctionné.

« Comme vous le savez, c’est un des joueurs les plus rapides de la ligue », conclut Mason Plumlee. « Comme [l’autre] soir face à Chris Paul, notre plan de jeu de se replier était le bon choix. Parce qu’il est venu droit sur nous. On voulait qu’il mérite chacun de ses paniers et je pense que c’est ce qu’on a fait. »

Tactique inverse pour le Jazz

Les Blazers vont certainement donner des idées aux prochains adversaires du Thunder, et cette nuit, le Jazz a aussi fait déjouer Westbrook.

Cette fois-ci, Dante Exum puis Shelvin Mack se sont appliqués à laisser Westbrook loin du cercle. Ils ont défendu de face, en évitant de l’orienter sur un côté. Et lorsque Westbrook sur son premier pas s’approchait de la ligne des lancers, Hayward venait vite aider pour bloquer le passage. Juste derrière, la paire Favors-Gobert montait aussi d’un cran pour verrouiller son chemin.

Résultat : Russell Westbrook a forcé (7 sur 25 aux tirs), et il s’est retrouvé isolé de ses coéquipiers. C’est le danger lorsqu’un joueur monopolise autant le ballon, et les Blazers puis le Thunder ont exploité cette donnée.

On retiendra enfin que le Jazz s’est aussi concentré sur le rebond en bloquant parfaitement Westbrook. Il en a perdu son rythme, et livré au final l’un de ses plus mauvais matches de la saison.