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L’oeil de Fred Weis – « Mike Gelabale se transforme en équipe de France »

Par  — 

mike-gelabale

Médaillé d’argent aux Jeux Olympiques 2000 à Sydney, de bronze aux Championnats d’Europe en 2005, Fred Weis fut un cadre de l’équipe de France de basket durant huit ans, entre 1999 et 2007. L’ancien joueur du Limoges CSP et de Malaga cumule 100 sélections à son compteur. Aujourd’hui retraité, il reste un observateur très avisé du basket français et européen. Comme l’an passé pour l’Eurobasket, il s’installe avec nous autour de l’équipe de France pour nous confier ses pensées sur cette quête des Jeux Olympiques de Rio. Agacé après la victoire face à la Nouvelle-Zélande, il est cette fois plus décontracté depuis le match face à la Turquie.

Hormis les premières minutes du match encore délicat, la France a montré un tout autre niveau de jeu contre la Turquie.

Ils ont haussé leur niveau et hormis le début du match comme tu dis, ils ont eu la maîtrise de presque la totalité de la rencontre, c’est une bonne chose et ça redonne confiance pour la finale. Clairement, on sent qu’ils sont montés en puissance et à ce niveau-là, ils vont être difficile à prendre pour la finale du TQO.

Toujours capable de se faire peur face à une équipe sur le papier plus faible, la France parvient à se remobiliser devant une étape plus périlleuse. Est-ce que ce n’est pas un peu rageant de voir que le niveau de la France fluctue selon l’adversaire ? 

Oui, je suis d’accord, c’est un peu rageant mais en même temps, ils savent élever leur niveau de jeu et c’est très important. On l’a vu, cet après-midi, si la France gagnait de 20 points contre la Turquie, cela n’aurait pas été un scandale. Ils ont très bien joué, très bien défendu, on avait de grosses craintes sur l’intérieur et on a finalement été présent.

Quel joueur, ce Thomas Heurtel, n’est-ce pas ?

Que dire ? C’est magnifique. Extraordinaire. J’ai eu la chance de le voir jouer à Limoges et j’avais franchement été impressionné, je ne sais même pas d’ailleurs s’il n’avait pas battu un record de passes (en fait, record personnel de 15 passes égalé). C’était impressionnant. Gros joueur, grosse vision du jeu, il met ses partenaires en valeur, ce qui leur permet d’être plus concentrés en défense car ils savent qu’ils auront de bons ballons. L’après-Parker ne se présente finalement pas si mal que ça.

L’autre bonne nouvelle, c’est que sa performance se conjugue à un match solide d’Antoine Diot.

Il est là, il est présent, il fait ce qu’il a à faire. C’est vrai qu’on était un peu inquiet de son niveau de jeu, je crois qu’il était touché au mollet, ce qui n’est pas évident. Mais c’est un tel compétiteur que lorsque les matchs sont durs, il joue à son niveau. C’est rassurant de voir tout le monde à son niveau sur un match couperet, avec autant de pression.

La France n’est pas qualifiée mais en cas de victoire en finale de ce TQO, je sais qu’Evan Fournier tient à rejoindre l’équipe de France pour les J.O. et je suis convaincu qu’il n’a pas encore montré tout son potentiel sous le maillot bleu. Mais quand on voit notre ligne arrière si brillante comme face à la Turquie, est-ce que ce n’est pas difficile de l’intégrer à la place d’un de nos remplaçants ?

Honnêtement, changer l’ossature d’une équipe qui assure, c’est compliqué, on s’expose à des difficultés. Après, il y a un incontournable qui est Rudy Gobert et forcément, si on peut le récupérer, il ne faut pas jouer avec ça, on sait qu’il pourra changer la physionomie de l’équipe. Mais sur le reste, c’est difficile de changer l’ossature qui gagne, qui joue bien et sait s’adapter selon les circonstances.

Au-delà de ces arrières et de Boris Diaw, excellent cet après-midi, Mike Gelabale incarne encore une fois sur ce tournoi le métronome de l’équipe…

Mike, il est… (il rit), il est incroyable ce mec. C’est un très bon joueur en Pro A, hein, je ne dis pas le contraire mais quand il est en équipe nationale, il se transforme… C’est incroyable. C’est un joueur ex-cep-tion-nel : il met les paniers qu’il faut, il défend, il prend les rebonds, il apporte énormément. C’est un joueur bien meilleur quand il est en équipe de France.

Un point est encore suspect sur ce match : même si certains tirs de loin nous ont fait du bien, la France a tendance à insister derrière l’arc.

C’est vrai, je pense qu’il n’y a pas assez d’alternance. C’était encore plus flagrant face à la Nouvelle-Zélande à 0/11, 1/15… Quand tu vois que tu ne mets pas dedans, il faut faire autre chose. C’est vrai que c’est un peu ennuyeux mais encore une fois, la France adapte son niveau à son adversaire donc je suis persuadé que cette alternance sera présente demain.

Maintenant, on passe à l’étape suivante : le Canada, une équipe très athlétique (il coupe)….

Oui, mais on les a vus jouer contre la Nouvelle-Zélande et il y a eu match, il ne nous impressionne pas non plus, tu vois…

Certes, mais la France n’a pas non plus spécialement brillé contre les Néo-Zélandais…

Oui, mais comme on est capable de hausser notre niveau de jeu, je mettrai quand même une grosse pièce sur la France. Elle est plutôt en forme, elle a convaincu face à la Turquie. Avec sa défense, très bonne cette après-midi, cette faculté à disposer d’un meneur passeur comme Thomas Heurtel tout en ayant Tony Parker sous la main quand il y a besoin. On a tout pour être bien. Il y aura sans doute match mais nous, on a cette faculté à élever notre niveau de jeu. Le Canada était peut-être à fond contre la Nouvelle-Zélande, contrairement à nous.

En revanche, le Canada est une équipe jeune qui n’a pas la même pression face à cette échéance olympique, contrairement à la France pour qui elle est incontournable. Une défaite serait un échec énorme pour la génération Parker. Cette pression peut-elle jouer ?

Objectivement, oui mais finalement, ce serait encore pire d’être éliminé en demi-finale. Ça veut dire que t’es un plouc. Il y aura donc de la pression en finale mais elle était déjà là en demi et on a vu que la France était capable de répondre face à cette pression.

Aucune inquiétude pour demain, donc ?

Franchement, je suis hyper tranquille, je vais y aller les mains dans les poches. À ce niveau de jeu, la France ne sera pas battue. Après, si elle ne joue pas à son niveau de jeu, il peut toujours y avoir match mais si on se montre comme aujourd’hui, il n’y a aucun souci à se faire.

Propos recueillis par Jérémy Le Bescont

(Remerciements à Adidas)

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