Vincent Collet : « On a la chance d’avoir de forts joueurs »

Il y a une semaine tout pile, battu une quatrième fois de suite en finale de Pro A, Vincent Collet était en pleine « détresse ». Hier soir, il était à nouveau sur le pont, avec le polo bleu de l’Equipe de France sur les épaules, et déjà plus souriant.

Après quatre jours de repos seulement, le temps de courir en forêt et lire un bouquin sur Emil Zatopek, le sélectionneur des tricolores a repris le dessus. Sa passion pour la balle orange ne s’est pas désintégrée pour autant. 

Les Bleus comme une bouffée d’air pur

Et pour cause, Collet conçoit ce retour aux affaires à la tête des Bleus comme une véritable bouffée d’oxygène.

« Ça aide à tourner la page. Vu l’objectif qui se profile devant nous, c’est plus facile que de rester à ne rien faire, et à ne faire qu’à y penser justement. Je saisis l’opportunité pour faire quelque chose de plus réjouissant. »

De plus, avec cette préparation (très) raccourcie, les Bleus vont devoir aller vite. Pas la moindre seconde à perdre…

« Oui, il y a de nouveaux joueurs, c’est la logique du Groupe France, il y a une évolution. Mais malgré tout, il y a quand même beaucoup de têtes connues. L’ossature de l’équipe est toujours la même et c’est une bonne chose comme on n’a pas beaucoup de temps pour se préparer avant ce TQO. Les joueurs se connaissent déjà très bien, on n’a pas changé grand-chose non plus dans la trame du jeu, ça va nous aider à être prêts plus vite. »

Et il le faudra car les échéances arrivent rapidement…

« On part à Manille le 29 juin, et on est déjà le [21], donc on a très peu de temps, il faut le mettre à profit pour être prêt le plus tôt possible. On sait aussi que ça se jouera sur les valeurs mentales. Il faut que ce soit un véritable commando. »

« Les JO, c’est le Graal »

Pour ce faire, un point positif à ce calendrier resserré, c’est que la plupart des joueurs n’ont pas eu le temps de perdre la forme. Eux aussi ont rapidement enchaîné entre leur fin de saison en club, et l’arrivée à la Villa Navarre de Pau pour l’Equipe de France.

« Il y a une chose qui a changé aussi. C’est qu’on est très près de la fin de saison, et on a beaucoup de joueurs qui sont encore en très bonne condition. D’habitude, c’est une reprise pour tout le monde et on est obligé de faire du travail foncier, physique important. Là, les joueurs sont déjà en forme, ils sont déjà plus affûtés. Certains joueurs avaient arrêté trois jours seulement, je pense à Thomas Heurtel, Antoine Diot, Jérémy Leloup. Mais il y en a d’autres. »

Tous autant qu’ils sont, et alors que Rodrigue Beaubois et Charles Kahudi sont encore attendus, l’ambiance est néanmoins au sérieux. Les joueurs cadres que sont Tony Parker et Boris Diaw ont à coeur d’aller jouer cette dernière Olympiade, pour leur génération.

« Je sens que les joueurs ont très envie de réussir. Je l’ai vu déjà dans le match de mardi [dernier] que j’ai regardé à la télé. On sait que les Jeux Olympiques sont le Graal pour les sportifs. On a tous envie d’y aller. Il y a quatre ans, on a raté la médaille de peu à Londres. Si on parvient à se qualifier, on sait qu’on fera partie des candidats pour une médaille. »

A ce propos, Vincent Collet ne pense pas encore à la sélection finale qui partira pour Manille.

« Certains vont encore jouer [ce soir] parce qu’on a des petits problèmes de blessure. On attend d’abord de récupérer tous nos blessés pour voir ce qu’ils peuvent apporter. On va laisser passer les matchs de préparation. Ce n’est pas là-dessus qu’on se concentre pour le moment, le plus important est la montée en régime générale. Ce qu’on peut dire en tout cas, c’est qu’on a apprécié les jeunes qui sont venus jouer. On apprécie l’investissement de tous les joueurs. »

« Pas le droit à l’erreur au TQO »

Avant ce double affrontement, domicile – extérieur, face à la Serbie, les Bleus devront donc ne pas perdre de temps. Le match de ce soir à l’AccorHotel Arena de Bercy sera une répétition grandeur nature. « Un grand moment comme le France – Espagne de 2012 » précise Collet.

« En attaque, on a la chance d’avoir de forts joueurs qui sont capables de faire des choses quoi qu’il arrive. Il faut que défensivement on soit en place. Il faut qu’on montre des intentions défensives, à défaut d’avoir de l’organisation, les déplacements… Parce que pour ça, on aura besoin de temps. Mais déjà dans l’intention, dans l’intensité, il faut qu’on soit présent [face à la Serbie]. Les entraînements ont été bons, mais ça reste des entraînements. »

Quant au TQO à proprement parler, Vincent Collet s’en méfie comme de la peste. C’est le guet-apens parfait.

« Il faut surveiller tout le monde. L’équipe locale va être dure à jouer, il ne faut pas se faire d’illusions. Soutenue par 20 000 supporters à la maison, ça ne sera pas simple. On sait que la Turquie est une forte équipe. Le Canada, même s’il y a des défections, sera un danger potentiel. Il faut attendre de voir les poules. On aura l’occasion de scouter sur place. Mais on sait qu’il faudra être très sérieux pour aller aux JO. On sait qu’il n’y a qu’un seul qualifié, et il n’y a pas le droit à l’erreur. On va rentrer dans ce tournoi avec un match très difficile, avec les Philippines chez elle qui nous attendent, qui n’ont pas voyagé. On sera tout de suite dans le vif du sujet. Je pense que les deux matchs face à la Serbie en préparation vont nous aider à monter en régime parce qu’on va rencontrer de la difficulté dès [ce soir]. »

Propos recueillis à Paris Bercy