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Les blogs de la rédaction

L’oeil de Fred Weis – Le blues des Bleus et la prise de pouvoir de Tony Parker

Par  — 

Le blues des Bleus et la prise de pouvoir de Tony ParkerMédaillé d’argent aux Jeux Olympiques 2000 à Sydney, de bronze aux Championnats d’Europe en 2005, Fred Weis fut un cadre de l’équipe de France de basket durant huit ans, entre 1999 et 2007. L’ancien joueur du Limoges CSP et de Malaga cumule 100 sélections à son compteur. Aujourd’hui retraité, il reste un observateur très avisé du basket français et européen. Il sera notre consultant tout au long de cet Eurobasket 2015. En préambule du championnat d’Europe, il nous livre ses souvenirs sous le maillot tricolore. Après les regrets de 2005, il revient sur ses autres campagnes sous le maillot bleu, sans oublier l’importance de Tony Parker.
Tu voulais arrêter en 2005. Finalement, tu fais les deux campagnes suivantes : championnat du Monde en 2006 puis d’Europe en 2007.

Au Japon, ça se passe bien. 2007, c’était plus compliqué, j’avais déjà des problèmes personnels. C’était en Espagne. Je crois que nous arrivions au bout d’un cycle avec Claude (Bergeaud), déjà. L’équipe voulait passer à autre chose, je pense. Ce n’est pas du tout négatif, je crois juste qu’il y a un temps pour tout. Pour le moment, Vincent Collet est loin de ça mais malheureusement, je crois que cela arrive toujours. Claude nous a menés jusqu’au bout avec l’équipe qu’il avait. Finalement, on fait 5e du Mondial, ce qui n’est pas dégueulasse, sans Tony en plus. Ce sont encore les Grecs qui nous défoncent, d’ailleurs (il sourit). Ils nous en ont fait voir ceux-là. Après, on part à l’Euro, peut-être un peu la fleur au fusil. On s’est peut-être dit qu’après deux performances sur les deux dernières compétitions, nous allions faire un truc de fou avec Tony. Finalement, l’alchimie n’est jamais venue dans l’équipe.

Ce groupe se connaissait pourtant bien. Pourquoi ça ne fonctionne pas ? Tu l’expliques par cette fin de cycle avec Claude Bergeaud ?

Pas du tout, ce n’est pas que le coach. L’équipe n’a pas fait ce qu’il fallait, nous étions déconcentrés, relâchés. Je pense que ce qui a changé, c’est qu’après cela, Tony est venu beaucoup plus concentré. Il l’était déjà avant mais ensuite, il a passé un cap. Il est devenu plus rassembleur. Jusqu’ici, il faisait ses championnats d’Europe, il était bon individuellement et comme coéquipier mais ce n’était pas le leader qu’il est devenu aujourd’hui.

« Le mec qui ne respecte pas Tony Parker n’a rien compris au basket »

On a parfois l’impression que parmi les joueurs de ta génération, il y a eu de la méfiance, voire de la défiance envers Tony Parker. En revanche, tu sembles éprouver beaucoup d’estime pour lui.

Pour moi, Tony est le ciment de l’Équipe de France donc celui qui ne le respecte pas n’a rien compris au basket. C’est une opinion personnelle. Le mec vient à toutes les compétitions alors qu’il est sollicité comme personne. J’ai vu de près « Vis ma vie avec Tony Parker », c’est affreux, il est constamment demandé et le mec est néanmoins présent pour chaque compétition, tout le temps motivé, leader irréprochable de son équipe. Très franchement, je ne sais pas comment on peut le critiquer. Pour les Jeux olympiques, il est blessé à l’oeil, il se fait faire des lunettes. Peut-être qu’avec ma génération, il y a eu un peu de jalousie. Avec moi, cela s’est toujours bien passé. Le premier footing qu’on a fait ensemble, il était à côté de moi, je lui ai dit : « Tu me donnes un million de dollars et c’est bon, on s’arrangera. » Il te confirmera. Lui était cool. Pour les autres, c’était un peu difficile. Certains se sont dit que le petit en NBA devait nous montrer ce qu’il savait faire. Surtout, les mecs à son poste. Mais c’est normal, ils testent. Ils se sont vite rendus compte que le type était solide.

Aux États-Unis, la reconnaissance est là. Il est clairement considéré comme un futur Hall of Famer, l’un des meilleurs à son poste dans l’histoire. Est-ce que cette estime n’est pas venue plus tardivement en France ?

C’est très français, ça. Un mec qui réussit à l’étranger doit toujours être performant. Tony est un athlète formidable, mais cela reste un être humain : cela peut aussi arriver qu’il se plante. Mais si Tony n’avait pas été là, la France n’aurait jamais été à ce niveau malgré le talent extraordinaire qu’il reste dans l’équipe. Je pense notamment à Boris Diaw qui, selon moi, est un joueur formidable mais qui n’a pas cette capacité à hisser l’équipe. Tony est tellement un exemple que personne ne se permettrait de lui dire quelque chose. Même si Boris est extraordinaire, Tony a une aura que Boris n’a pas.

« À 22 ans, tu es drafté en n°15, c’est normal de ne pas dormir »

Revenons-en à 1999. Le parallèle est vite fait : comme en 1983 ou en 2015, c’est un Euro organisé en France. Toi, tu n’es pas en forme…

Je reviens d’une hernie discale, je n’ai presque pas fait de préparation, je suis arrivé directement aux matchs. C’était un peu tendu. C’était aussi l’époque de la draft, le championnat a été un peu dur pour moi. Il y a deux, trois matchs où je ne suis pas trop mal. Finalement, il se trouve qu’on joue l’Espagne en demi-finale le lendemain de l’annonce de ma draft. Franchement, je n’ai pas très bien dormi. Beaucoup de gens me sont tombés dessus mais sincèrement, je n’ai pas fait la fête, je ne suis pas sorti, je suis resté dans ma chambre. J’ai simplement 22 ans, je suis drafté en n°15, je n’ai pas dormi, c’était impossible.

Hormis cela, la sélection est très talentueuse. À l’époque, elle est considérée comme l’une des plus fortes jamais présentées par la France, si ce n’est la plus forte. On sent une véritable ferveur. L’équipe a une marge sur ses adversaires, Tariq Abdul-Wahad est monstrueux athlétiquement, Antoine Rigaudeau est au meilleur de ses formes, comme Laurent Foirest, Stéphane Risacher ou Mous Sonko. Malgré tout, vous craquez en demi-finale face à l’Espagne alors que vous sortez d’un quart de finale très chaud face à la Turquie, sauvé par Foirest.

Il nous sauve et après on tombe contre l’Espagne et c’est compliqué. On les a battus au premier tour, c’est le problème. Le fait d’avoir gagné nous a été préjudiciable. À cette époque, on ne prenait pas vraiment encore chaque match à la suite. On anticipait sur les suivants, etc… Nous étions moins concentrés que les joueurs d’aujourd’hui. On s’est dit qu’on les avait battus la première fois assez facilement et on a pensé à une formalité pour celui-ci. On était presque contents de tomber contre l’Espagne, sauf que c’est un peu plus compliqué. C’est un match pourri, dégueulasse. Je me suis rendu compte qu’on était en train d’errer sur le terrain. En s’appliquant un peu, on aurait pu le faire. Je crois qu’on a aussi subi la pression, on était à la maison. Encore une fois, c’est plus tard qu’on a changé de philosophie dans le basket français. On avait donc encore cette peur de gagner et de plus, on avait aussi réalisé notre objectif : la qualification aux Jeux Olympiques.

Propos recueillis par Jérémy Le Bescont

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