A la suite de l’épisode rocamboleque de la série estivale intitulée « Où ira Dede ? » entre Dallas et Hollywood, on vous proposait hier un Top 5 des girouettes historiques de la free agency. Dans le même registre, on avait hésité à vous proposer dès hier le cas d’Antonio McDyess. Mais à lire les détails de son intersaison 1999, on a craqué… Vous allez comprendre !
Un hiver déprimant en plein lockout
Flashback en janvier 1999 donc. La NBA est en plein lockout. C’est la grosse déprime. Depuis le 1er juillet 1998, on n’a plus le droit qu’à des matchs de charité par ci par là et on se prend même à cauchemarder que la saison 1998-99 sera carrément annulée !
Resserrons maintenant la focale sur la conférence Ouest, et notamment sur la zone entre l’Arizona et le Colorado. Membre des Suns pendant la saison 1997-98, Antonio McDyess a tourné à 15 points et 8 rebonds aux côtés du jeune Jason Kidd. Pendant cette campagne, on lui demande même s’il entretient l’idée de revenir à Denver, et l’ailier fort en rigole.
« C’est la plus grosse c******* que j’ai entendue cette saison. Je ne pense pas qu’il y ait la moindre chance que je retourne à Denver. » avance le joueur. « J’aime bien être à Phoenix. Je veux jouer et vivre ici. »
Pourtant, contre toute attente, le 21 janvier 1999, ce sont bien les Nuggets qui semblent avoir réussi à convaincre leur ancien protégé de revenir à la maison. Echangé un été auparavant pour ne pas avoir su mettre les moyens financiers, Denver a cette fois mis les bouchées doubles pour s’attacher les services de McDyess, 25 ans alors, un des intérieurs les plus prometteurs de la ligue à l’époque, explosif à souhait et ultra-spectaculaire.
Mais Antonio est dans ses petits souliers sous la pression de Dan Issel, le head coach des Nuggets. Il appelle son pote Jason Kidd.
« Quand je suis arrivé à Denver, j’ai senti que ce n’était pas le bon endroit pour moi. J’ai donc appelé Jason Kidd et je lui ai dit que je ne savais pas si je voulais signer là-bas. Il m’a répondu de rester où j’étais et de ne pas faire quoi que ce soit que je ne voulais pas faire. Il arrivait. »
Et de fait, avec Rex Chapman et George McCloud, un des amis proches de Dice chez les Suns, Jason Kidd débarque à Denver dans un vol charter organisé par Phoenix. Problème: Antonio McDyess est déjà en pleine négociations avec le camp de Denver à la McNichols Arena, où se déroule un match de hockey à guichets fermés.
Le trident des Suns arrive bientôt à la salle, mais Chapman se voit refuser de manière autoritaire l’accès à la salle alors que McCloud appelle 25 fois le « pager » de McDyess… mais en vain ! La contre-attaque des Suns est refroidi dans tous les sens du terme !
« Il y avait une tempête de neige dehors et on ne les a pas laissés entrer dans la salle. » se souvient McDyess. « Ils les ont laissés dehors sous la neige. C’était dingue, mais c’était comme ça à l’époque ! »
Jason Kidd déjà dans le coup !
Dans le même temps, les Nuggets et Dan Issel organisent leur ultime coup en faisant venir à leur tour leur propre délégation, composée de Mike D’Antoni (head coach), John Lucas (assistant coach) et Nick Van Exel. Après un trajet compliqué en voiture, toujours sous des bourrasques de vent enneigé, ces derniers auront cependant le dernier mot.
« J’étais alors très jeune. Je n’avais personne pour me guider ou me diriger. J’ai simplement suivi ce que m’a dit John Lucas. Il était mon mentor et conseiller à l’époque et comme il m’a parlé avant que Kidd arrive, j’ai signé leur papier. »
Son agent, Tony Dutt, s’est toujours défendu d’avoir manqué de communiquer sur la venue des Suns à McDyess. Alors revêtu d’un sweat shirt floqué Nuggets, Dutt a surtout reconnu que tout est allé très vite, et à quelques minutes près, son client aurait pu rencontrer le camp des Suns déplacé en urgence à Denver.
« La vérité, c’est qu’il était particulièrement paumé. Il était tiré dans une centaine de directions différentes. C’était trop de pression pour un gamin. »
Sans cet employé de salle qui a empêché les trois joueurs des Suns d’entrer, ou cet autre Ted qui a appelé Chapman pour lui dire que McDyess ne pouvait pas leur parler, il y a fort à parier que McDyess serait resté à Phoenix.
« J’aurais probablement été encore plus désorienté. » avouait-il pour Sports Illustrated. « J’adore ces gars-là. Je ne sais pas [ce que j’aurais décidé]. J’aurais peut-être changé d’avis. »
Tout comme DeAndre Jordan qui était attiré par plusieurs destinations, Antonio McDyess s’est laissé enivrer par toutes ces attentions simultanément offertes par les Suns et les Nuggets. Comme quoi, la free agency se joue parfois à des petits riens…