Les arbitres abusent-ils des fautes flagrantes ?

Expulsé du Game 5 pour un coup de pied sur Matthew Dellavedova, Taj Gibson n’en croyait pas ses yeux. À vrai dire, le Bull avait des raisons puisque le meneur des Cavaliers bloquait littéralement sa jambe. Néanmoins, les arbitres ont estimé que ce geste d’humeur était passible d’une faute flagrante de niveau II, synonyme d’expulsion. Ces coups de sifflet radicaux ne sont pas sans provoquer un zeste de frustration parmi les joueurs, dubitatifs au sujet de leur définition exacte.

« Franchement, je ne sais pas ce qu’est une faute flagrante. Je ne sais plus quels en sont les principes » commente David West auprès de Sports Illustrated. « J’ai reçu des flagrantes cette année pour des contacts non intentionnels. Je ne sais pas où est la limite aujourd’hui. Les fautes dures étaient communes auparavant. Aujourd’hui, tout est une flagrante. »

Patrick Patterson : « Cela varie beaucoup trop »

Pour Patrick Patterson, l’interrogation est similaire. Selon lui, les arbitres manquent de rigueur au moment d’évaluer la gravité d’une faute.

« C’est dingue. Cela dépend vraiment du type de joueur sur lequel tu fais faute. Si c’est un meneur, et que l’on fait une faute dure, c’est une flagrante. Si c’est un gars comme Dwight Howard ou LeBron James, et qu’on fait faute de la même manière, ça ne l’est pas. Cela varie beaucoup trop. Les fautes flagrantes de niveau II (disqualifiante) ne devraient pas être sifflées tel quel à moins qu’elles ne soient faites dans le but de causer des dommages, comme attraper quelqu’un et le jeter au sol. » ajoute l’ailier des Raptors. « Il y a des moments où un gars comme James Harden crée le contact, s’élève et au moment de le contrer, on le touche à la tête. Un arbitre devrait être en mesure de regarder le replay et de voir s’il y a une intention de faire mal. »

Cette saison, les arbitres ont eu la main lourde avec 118 fautes flagrantes sifflées. Depuis le début des playoffs, déjà 17 fautes ont été qualifiées de flagrante. Si certaines sont légitimes, d’autres pourraient ne faire l’objet que d’un technique ou d’une faute commune, d’autant qu’elles peuvent influer sur le cours du jeu, notamment si le coupable est expulsé.

« Perdre Taj fut un coup dur pour nous. » confiait ainsi Tom Thibodeau après la défaite face aux Cavaliers.

Peut-être est-ce à la NBA de clarifier ses règles, notamment les deux premiers points :

1. Une faute peut être qualifiée de flagrante selon la « sévérité du contact. »
2. Que l’action du joueur fautive soit « légitime ou non », en fonction de certains critères (imprudence, contact trop marqué à la tête…)

Relativement évasives, ces explications laissent sans doute place à trop de subjectivité auprès des arbitres, notamment quand la situation confronte deux joueurs au gabarit différent. Pour l’heure, la NBA n’a cependant laissé transparaitre aucune volonté de réformer cette règle.