Trimbalé entre la D-League et le banc pendant toute la saison, Clint Capela n’a jamais autant joué que pendant ces playoffs. Une belle surprise pour l’intérieur suisse, qui en profite pour soigner ses stats (7 rebonds en 11 minutes dans le Game 4). Malheureusement pour le rookie francophone des Rockets, son équipe a subi deux défaites humiliantes successives au Staples Center, avec le même scénario. Basket USA est allé discuter avec lui dimanche soir, dans un vestiaire morose.
Clint, nous t’avions laissé quand tu ne jouais pas une minute et nous te retrouvons avec du temps de jeu en playoffs. Qu’est-ce qui s’est passé ?
Comme je te l’avais dit, en NBA tout peut arriver très vite. La dernière fois que nous nous étions vus, je sortais de D-League, j’étais plutôt dans la phase d’adaptation. Par la suite j’ai su montrer des choses, notamment contre Toronto sur mon premier match. En playoffs le coach n’hésite pas à me faire rentrer en première mi-temps à chaque match.
Tu dois être totalement satisfait ?
C’est un grand bonheur, l’an passé je jouais les playoffs avec Chalon et là je suis en demi-finale de conférence. C’est génial et énorme à vivre. Je suis dans la rotation, j’apprends énormément. Tous les jours je me lève et je réalise que ce que je vis est incroyable. J’en profite à fond.
Si Kevin McHale n’hésite plus à te solliciter, c’est qu’il y a eu un déclic non ?
Oui et il est venu me le dire en personne avant les playoffs. Il m’a dit que j’avais bien impressionné le staff et que je pouvais apporter quelque chose en playoffs. Je savais que je devais me tenir prêt. J’ai alors commencé à me concentrer, sachant aussi que je risquais d’être sollicité sur les lancers francs. Je travaille beaucoup dessus. À force de faire l’aller-retour avec la D-League j’en ai raté deux, trois et ce n’est pas normal. C’est toujours le secteur sur lequel j’ai bossé et ça m’embête d’en rater. Vraiment.
Tous les joueurs répètent à l’envi que les playoffs sont une autre saison qui commence, tu confirmes ?
Oui, oui, je confirme… Battre quatre fois la même équipe c’est très fort car ça ne laisse pas le droit au relâchement. C’est tellement dur de garder la tête froide à 100% tout le temps, à enchaîner les victoires. Nous étions vraiment plus forts que Dallas et maintenant je veux continuer de prouver au staff que j’ai une grande marge de progression et que je bosse toujours dur. J’ai déjà beaucoup progressé depuis mon arrivée à Houston.
Quand le coach t’annonce que tu vas jouer, y a le stress qui monte ?
Au début ça me met un petit coup de pression… Ensuite, je reçois le cahier avec le plan de jeu et je me concentre juste sur tel ou tel joueur, et sur ce que je dois faire. Une fois que tu sais ça tu n’as pas la pression, les choses sont claires. Avant de rentrer je refais un dernier topo sur comment je dois défendre sur le joueur adverse et après c’est parti.
« Le calme des Clippers me fait un peu penser aux Spurs »
Parlons un peu de cette série face aux Clippers. Pour la deuxième fois de suite vous encaissez plus de 120 points et prenez un bouillon dans un quart temps sans réagir. Où est le problème ?
Pfff… On y croyait vraiment avant le match mais au final, une fois encore il n’y a eu aucune réaction. C’est bien beau de parler mais après sur le parquet il faut agir. On mérite de se prendre encore une rouste. Ils nous dominent au rebond, un secteur où nous sommes censés dominer. Ils sont plus intenses et défensivement on n’y est pas. Déjà contre Dallas nous prenions beaucoup de paniers mais on matchait offensivement et ça allait. Là contre les Clippers on doit monter d’un cran sinon ça ne va pas le faire. En playoffs l’intensité est censée monter et tu dois laisser ton adversaire à moins de 100 points. Là, ils attaquent comme si c’était en saison régulière.
Votre défense est seule responsable ?
La clef de cette série pour nous, elle est là et on n’y est pas. On prend encore 60 points à la mi-temps en hackant Jordan, donc je n’imagine même pas si nous ne l’avions pas fait. On ne peut pas laisser Austin Rivers nous mettre autant de points, en playoffs. Ce n’est pas possible de faire ça. Offensivement on regarde trop Harden jouer. On ne mérite pas de gagner, c’est aussi simple que cela.
Est-ce que tu n’a pas le sentiment que vous avez pris les Clippers au plus mauvais moment après une série exceptionnelle et un Game 7 gagné au buzzer contre les Spurs ?
Oui je crois. Cette série les a faits avancer et grandir. Tu sens sur le terrain qu’ils restent sereins, même quand on enchaîne des paniers ils restent tranquilles. Tu ne vois pas un joueur qui râle, leur jeu est propre. Cette attitude de calme en toutes circonstances me fait un peu penser aux Spurs.
Propos recueillis à Los Angeles