Qui a jeté un sort sur les Wizards ?

Cette nuit, Washington a encaissé son cinquième revers de suite face aux Wolves et pour finir de noircir le tableau, le fond de jeu de l’équipe s’est avéré affligeant. Certes, Paul Pierce était absent (victime d’un choc au genou face aux Warriors),  Bradley Beal est éloigné des terrains depuis sept matchs maintenant et Kris Humphries a dû sortir du match, mais le problème semble bien plus profond que ces seules défections. L’envie n’y est plus, et l’équipe n’est plus aussi soudée.

« Elle crève le plafond. Vraiment très élevée. »

Un engagement et une intensité moindres

Ce sont les mots de Marcin Gortat pour définir auprès de la presse le niveau de frustration de l’équipe après la défaite contre Golden State. Sur le banc tout le quatrième quart-temps, le pivot polonais a aussi fait part de son mécontentement vis-à-vis de la décision de son entraîneur. Vingt-quatre heures plus tard, Washington perd contre les Wolves, sans aucun signe de révolte. Tenu à 77 points, les sorciers ont mordu la poussière et les propos de Randy Wittman, pointé du doigt lors de cette série négative, masquaient mal les difficultés internes de l’équipe.

« Nous avons eu une mauvaise combinaison de choses. Nous ne mettons pas un tir, on perd la balle 19 fois. Nous nous sommes accrochés puis dans le quatrième quart-temps, on regarde le score et on constate subitement le déficit. C’est une période difficile actuellement. Il faut lutter. » a t-il maintenu.

Cette nuit, les Wizards se sont fendus d’un 4/18 derrière l’arc, une maladresse à trois points récurrente en l’absence de Bradley Beal. En effet, le haut pourcentage en moyenne affiché par l’équipe (36,4% soit le cinquième de la ligue) est un trompe-l’oeil. Washington est la 27e équipe en termes de trois-points tentés, et la 26e pour les tirs convertis. Si l’équipe présente donc une réussite moyenne propre, c’est qu’elle shoote peu. En dehors de leur arrière, voire Paul Pierce (38% cette saison) et Rasual Butler (40%), aucun membre de l’équipe n’est vraiment fiable dans ce domaine. Le constat se chiffre aisément : sans Beal, Washington a tiré à 37/135 à trois-points, soit un médiocre 27%.

Randy Wittman : « Nous ne sommes plus aussi durs »

Or, dans la NBA d’aujourd’hui, le tir extérieur est un élément fondamental. Avec les bilans d’aujourd’hui, huit des neuf meilleures équipes dans ce domaine feraient les playoffs. Parmi les neuf plus mauvaises, seules trois d’entre elles seraient qualifiées, selon le Washington Post.  Ce qui fait dire à Jeff Van Gundy, l’ancien coach et analyste d’ESPN, que les Wizards ont jusqu’ici joué à un niveau au-dessus de leur potentiel.

« Je trouve ça incroyable que, sans tir extérieur constant, ils aient pu surmonter cela. Pour leur classement, ils se sont dépassés. » a t-il répondu au quotidien de la capitale.

Mais les limites évoquées par l’ancien coach des Rockets n’expliquent pas tout et ne sont d’ailleurs pas insurmontables, puisque Bradley Beal est appelé à revenir. Le plus surprenant reste ce manque de cohésion affiché sur le terrain par John Wall et ses coéquipiers. Pour leur entraîneur, l’équipe a perdu son engagement et à l’approche des playoffs, dans cette course où le jeu se durcit, elle le paye cher, comme lors de la défaite de 38 points face aux Cavaliers, juste après le All-Star break.

« Nous avons perdu l’avantage de la dureté avec laquelle nous jouions. Nous avons senti, à nouveau, que nous allions monter en régime, mais les Cavaliers avaient un autre état d’esprit. Ils nous ont sautés à la gorge dès l’entre-deux et nous n’avons jamais pu revenir. » avait concédé le coach.

Bradley Beal en sauveur ?

Tracassé par une cheville, le meneur a des excuses, bien que son attitudel trahisse parfois un désengagement réel. Il concède lui-même que Washington n’a pas offert une grande résistance aux Wolves.

« On ne parvenait pas à mettre nos tirs. On a ralenti, ils ont commencé à aller sur la ligne et à scorer. Donc, pour faire simple, on a perdu le match sur la ligne et en leur laissant prendre du rythme. » a t-il expliqué au Post.

La fin de saison se profile et les Wizards vont devoir retrouver leur identité. Paul Pierce devrait revenir au prochain match, et le retour de Bradley Beal est imminent. Ce dernier devrait permettre à l’équipe d’élargir son jeu et de mieux faire circuler le ballon. Mais plus que tout, c’est dans la tête que les esprits doivent se libérer et s’ouvrir, si l’abcès mérite d’être crevé. D’ordinaire solidaire, la frustration de Marcin Gortat en dit long sur la déliquescence du vestiaire. C’est maintenant ou jamais pour y mettre un terme.