Après Fos-sur-Mer, Hyères-Toulon, puis le Paris-Levallois, Louis Labeyrie (2m09) a franchi une nouvelle étape dans sa jeune carrière le 26 juin dernier. Drafté en 57e position par les Pacers, l’intérieur de 22 ans a finalement atterri à New-York, au sein de la mythique franchise des Knicks. Un accomplissement de taille pour le natif de Gonesse qui vient récompenser une progression constante. La NBA se rapproche, mais les prochaines marches pour rejoindre la grande ligue restent les plus difficiles à franchir.
Meilleur espoir, première alerte
Arrivé en club sur le tard alors qu’il pratiquait le basket pour le plaisir, Louis Labeyrie prend sa première licence dans les Hautes Alpes, au sein du Veynes Basket Club. À 15 ans, il se décide à rattraper le temps perdu et se lance le défi d’intégrer un centre de formation. Le seul club qui lui répond favorablement, Fos-sur-Mer, alors en NM1, vient là de faire une belle affaire.
« Quand on fait venir un jeune de 15 ans, on essaye déjà de l’aider à devenir un homme, avant d’être un basketteur. Il est arrivé brut de décoffrage. Il avait tout à apprendre. Ce qui m’a facilité le travail, c’est qu’il a appris sans prendre de défauts », avait alors souligné son entraîneur de l’époque, Rémi Giuitta, dans la presse locale. « Chez lui, c’est sa vitesse d’assimilation qui m’a le plus impressionné. Il a beaucoup travaillé et appris notamment avec Mamadou Dia* (six fois vainqueur du Quai 54). Il le voyait faire deux-trois mouvements, et boum il les répétait. Il a su le mimer ».
Aux entraînements, avec les cadets et les pros, il progresse de manière fulgurante, développant tout un arsenal offensif, des tirs au poste, au jeu dos au panier, en travaillant ses deux mains jusqu’à en devenir ambidextre. Son point faible, être un poil maigrichon à l’époque, ne l’empêche pas de se faire son trou en rotation lorsque le club provençal monte en Pro B, en 2009-2010. La saison suivante, le FOPB échoue en demi-finale des playoffs en trois manches contre Nanterre. Le n°13 du FOPB est nommé meilleur espoir de la division, un premier signe quant au potentiel du « petit » Louis.
« Il court comme un petit ! »
En 2011-2012, il est prêté dans le Var au sein d’une équipe du HTV promise à une saison cauchemardesque. Sous les ordres d’Alein Weisz, et entouré de Paccelis Morlende et de l’intérieur Rick Hughes (brièvement passé par les Mavericks en 1999-2000), Louis Labeyrie poursuit sa progression. Et malgré un horrible exercice conclu par 27 défaites en 30 matchs, le jeune intérieur profite du temps de jeu qui se présente à lui (22 minutes en moyenne, inespéré pour un jeu intérieur français en Pro A) pour se forger un mental et mesurer le degré physique qu’il se doit d’atteindre pour rivaliser au plus haut niveau.
« Il a montré tout de suite sur certains aspects du jeu qu’il était au niveau de la Pro A. Il a été plongé dans le grand bain tout de suite, rappelle Alain Weisz dans une vidéo de FOPBTV au sujet de « l’ascension fulgurante » de son poulain. « Il est à l’écoute, il travaille sur ses lacunes, et par rapport à d’autres jeunes que j’ai pu côtoyer qui se croyaient arrivés, il est vraiment différent par rapport à ça », poursuit son « Captain » de l’époque, Patch Morlende.
Louis Labeyrie, l’ascension fulgurante … by FOPBTV
Pour coach Weisz, même si le physique ne répond pas encore, tous les voyants sont au vert.
« Il a une capacité à se resituer pour être en bonne position pour marquer des paniers, à être très coordonné et donc à ne jamais être en difficulté sur sa motricité, à shooter main droite comme main gauche, et enfin à se déplacer. Il court comme un »petit »! ».
Paris, Trévise… New-York ?
Avec 9 points et 6,5 rebonds pour 12,5 d’évaluation par match, Labeyrie passe son premier examen pour son entrée en Pro A. Pas question dès lors de retrouver la Pro B, ni avec Fos, ni avc le HTV. C’est au Paris-Levallois qu’il décide de franchir un nouveau cap, au sein d’une équipe ambitieuse, avec un contrat de trois ans. Il y découvre la concurrence, la vraie et met les bouchées doubles pour gagner son temps de jeu.
En deux saisons, il passe de 3,4 à 6,4 points par match. Mis au bout du banc par son nouveau coach, Greg Beugnot, en début d’exercice, il répond une nouvelle fois présent dans l’adversité, et s’offre plusieurs coups d’éclat en retour comme contre le futur champion, Limoges, où il fête le noël 2013 par son premier double-double de la saison (17 points, 10 rebonds) ou face à Orléans, dans un match au couteau, où il signe à nouveau 17 points. Deux mois plus tard, jour pour jour, les Knicks de Phil Jackson le draftent. Une grande surprise, même pour l’intéressé, réveillé dans la nuit par son agent.
« J’ai été réveillé par un appel au beau milieu de la nuit. Un numéro de New York… C’était mon agent. Il m’a appris la merveilleuse nouvelle. Honnêtement, dans ma tête, je n’y croyais pas trop. Début juin, j’ai participé au camp de Trévise en Italie où les recruteurs NBA ont toujours l’œil. Je n’avais pas été exceptionnel. Je ne m’y attendais vraiment pas du tout. », a-t-il récemment confié dans Le Parisien.
Depuis Fos-sur-Mer, il ne s’est pourtant jamais interdit cet objectif de la NBA. Le travail est resté le seul mot d’ordre, la seule ligne de conduite, et ça porte ses fruits. L’avenir dira si l’actuel n°7 du PL parviendra à franchir cette troisième et ultime étape. Sans dominer outrageusement en Pro A, des intérieurs français comme Johan Petro, Kevin Seraphin, ou Ian Mahinmi ont bien réussi à se faire leur place au sein de la plus prestigieuse ligue au monde. Alors pourquoi pas Louis ?