Portland – Houston : Dame of Thrones

Doit-on encore préciser que cette série est incroyable ? Elle s’achève par une victoire de Portland et un accessit au second tour, grâce à l’incroyable Damian Lillard. Pour sa première série de playoffs, le sophomore arrache la qualification au buzzer, une première depuis… John Stockton en 1997. Avec ses 25 points à 60% derrière l’arc, le meneur All-Star est le grand bonhomme du match mais son acolyte LaMarcus Aldridge n’est pas en reste avec 30 pts et13 rbds), à l’instar de Robin Lopez, empereur des panneaux (12 pts, 7 rbds et 4 passes). En face, Dwight Howard a tout tenté (26 pts, 11 rbds) et Harden a livré son match le plus accompli (34 pts à 9/15, 6 pds, 4 ints). Houston est passé à une seconde d’un match 7. Les Rockets n’ont rien à regretter.  Ils sont simplement tombés sur un miracle appelé Damian Lillard.

Deux équipes au coude à coude

Longtemps, les deux équipes se jaugent durant la première mi-temps. L’adresse est au rendez-vous et elle profite surtout à James Harden, inarrêtable. Le soliste score avec régularité, en se déjouant de la défense de Batum ou Matthews. Avec 13 pts, l’arrière porte Houston jusqu’à une avance de dix longueurs (17-27). Mais Aldridge lui répond avant d’être relayé par Lillard, auteur de deux banderilles à longue distance pour ramener Portland à seulement un point: 28-29.

Même si les deux équipes restent au coude à coude, Houston gère bien sa petite affaire. Certes, Harden continue de jouer chaque possession entre ses mains mais Chander Parsons et Dwight Howard parviennent à tirer leur épingle du jeu. L’ailier texan imprime son rythme tandis que les ailes de Portland peinent offensivement. Heureusement pour Terry Stotts et son équipe, les passages de Thomas Robinson, agressif comme à son habitude, et Robin Lopez permettent de limiter les dégâts défensivement. En attaque, Aldridge sauve les meubles (21 pts en première période) et Portland s’incline de deux points seulement à la pause, grâce un tir derrière l’arc de Mo Williams : 56-58.

Portland ne cède pas aux assauts texans

La reprise est difficile pour les hôtes, pilonnés par le one-two punch texan. Le barbu poursuit son festival mais les Blazers ne cèdent jamais, même quand ils sont à huit longueurs derrière. Peu à peu, on sent les organismes fatigués, le jeu devient brouillon avec des enchaînements de balles perdues et de tirs manqués. Mais comme souvent depuis le début de la série, cette situation profite à Portland. Nicolas Batum trouve son meneur sophomore derrière la ligne des 7m23, Aldridge se fend d’un dunk imposant pour son 30e point et Lillard, encore lui, s’insère dans la peinture. Le public est debout. Il reste douze minutes à jouer et les deux équipes se regardent les yeux dans les yeux. Houston mène 79 à 78.

Un final de légende

Lors de l’ultime quart-temps, c’est l’effervescence à Rip City. Batum à 7m23 puis Thomas Robinson en percussion offrent 4 longueurs d’avance aux Blazers. Impérial sous le cercle, Robin Lopez contre son homologue texan puis poste à trois reprises James Harden avec succès sur le côté faible. Les deux équipes survivent par leur pivot respectif, les seuls à scorer dans la peinture ou sur la ligne. Exemplaire, Dwight Howard score 13 des 15 derniers points de son équipe.

Pendant ce temps, Portland vendange, notamment Aldridge mais les Blazers restent au coude à coude. À 94-96, possession pour Nicolas Batum à 45 secondes de la fin. Notre Nico national prend le meilleur sur son défenseur, drive sur sa droite et tire avec réussite au lieu de servir Aldridge. Égalité. Il reste 40 secondes, soit le moment choisi par Harden pour réapparaitre. Plutôt que de laisser la balle à l’intérieur, Harden tente son step-back sans réussite, Howard s’arrache au rebond mais est contré par Nicolas Batum.

Portland croit avoir fait le plus dur mais le corps arbitral redonne la balle à Houston, considérant que Lillard avait un seul pied sur le terrain avant de récupérer le ballon. 28 secondes à jouer, le temps pour Harden de prendre à nouveau le tir mais l’arrière est bien défendu par Lillard et force la possession. Dans la bataille pour le rebond, Robin Lopez perd l’équilibre et Parsons sort de nulle part pour inscrire un lay-up à la barbe de quatre Blazers désabusés (98-96 pour Houston). Il reste 0,9 secondes à jouer et Houston a la conviction d’avoir fait le plus dur. Mais le basket est un sport incroyable.

Nicolas Batum en touche parvient à trouver Damian Lillard bien démarqué. Le temps s’arrête à Rip City. Au ralenti, le meneur s’élève et tire à 8 mètres avec un geste d’une fluidité fabuleuse. La balle s’immisce dans le filet alors que la cloche retentit. Le  Moda Center exulte. Pour ses premiers playoffs, Damian Lillard écrit l’histoire. Portland parvient au second tour pour la première fois depuis 2000 ! Houston repart la queue entre les jambes.

Une série mémorable

Avec ce sixième match s’arrête une des séries les plus incroyables de l’histoire de cette ligue. La qualité du jeu n’a jamais été exceptionnelle mais rarement deux équipes n’auront offert autant en termes d’intensité, de folie et de rebondissements. Les Rockets n’ont pas démérité mais l’enthousiasme était bien à Portland. À ce sujet, une pensée pour Dwight Howard, souvent critiqué (à raison) dans nos colonnes, le pivot de Houston s’est imposé comme le leader naturel de l’équipe, en lieu et place du talentueux mais égotique James Harden.

Désormais, Portland doit se remettre de ses émotions avant d’affronter le vainqueur de la série San Antonio-Dallas. Jack Ramsay peut sourire de tout là-haut, son équipe de toujours a montré du coeur comme rarement en NBA.

[box boxscore_020514_por-hou]