Dans le basket comme dans la vie, il y des héros mais il y a aussi des zéros… Joueurs de bout de banc habitués à ne jouer que quelques secondes par-ci, par là, journeymen qui passent d’équipe en équipe en espérant simplement garder leur place au sein de la ligue, ils sont nombreux à ne pas avoir l’opportunité de montrer ce dont ils sont capables en NBA mais n’en restent pas moins de grands professionnels et d’excellents basketteurs, faute on ne les retrouveraient pas dans la meilleure ligue du monde. Voici donc une petite analyse chiffrée de cette race de joueurs heureux le plus souvent d’échapper à un « DNP – Coach Decision ».
Match à 0 point…
Depuis 1963 (date à partir de laquelle la NBA a archivé toutes les box scores), le record du plus grand nombre de matchs joués mais terminés avec zéro point marqué au compteur est co-détenu par DeSagana Diop et Charles Jones, avec 259 matchs du genre.
La présence du pivot sénégalais n’est pas surprenante quand on sait qu’il a pris deux fois plus de rebonds qu’il n’a inscrit de points au cours de sa carrière. Mais il est tout de même intéressant de noter qu’il a terminé bredouille en attaque lors de 43% des matchs qu’il a joué au sein de la ligue. L’intérieur Charles Jones a quant à lui tenu pendant près de quinze ans en NBA mais, comme Diop, son rôle était essentiellement à vocation défensive. En troisième position se trouve l’un des chauffeurs de banc du deuxième « Three Peat » des Chicago Bulls, à savoir Jud Buechler (256). Parmi les autres joueurs notables, on retrouve Manute Bol en sixième position (220), le « Mad Dog » Mark Madsen en huitième position (204), ou encore Brian Scalabrine en treizième position (199). Les anciens Bulls de la période Jordan sont par ailleurs présents en force dans le Top 50 avec Steve Kerr, Will Perdue, ou encore Bill Wennington. Ben Wallace est quant à lui classé trente-quatrième, juste derrière Adonal Foyle…
Si l’on se penche sur le classement des joueurs ayant joué plus de dix minutes sans marquer le moindre point, Charles Jones reste en tête (154 matchs), mais le podium change puisque Manute Bol prend la place de dauphin (151) juste devant Ben Wallace (115).
Quant au classement avec un temps de jeu de plus de trente minutes, Dennis Rodman (25 matchs) prend la place de leader, devant deux autres légendes, Ben Wallace (18) et Jason Kidd (17).
Match à 0 point, 0 rebond et 0 passe décisive…
Vous allez nous dire, à juste titre d’ailleurs, que les points ne font pas tout. La présence de Ben Wallace, Dennis Rodman ou Jason Kidd ci-dessus en est la preuve. Voici donc le classement des joueurs ayant terminé le plus de matchs avec un triple zéro aux points, rebonds et passes décisives.
Le joueur le plus « inutile » est Jud Buechler, déjà mentionné plus haut, avec 117 matchs du genre (dont 49 pendant le « Three Peat » des Bulls). L’ancienne doublure de Scottie Pippen et Michael Jordan possède une marge relativement confortable sur ses poursuivants que sont Ryan Bowen (89) et Brian Scalabrine (88). A noter la présence de Steve Novak (78) au pied du podium. Etant donné sa situation à Toronto, il est fort possible qu’il puisse mettre en danger l’ancien champion de beach-volley… Quelques autres membres du Top 50 ? Brian Cardinal, Royal Ivey, D.J. MBenga, ou encore Jason Kapono. En gros, des joueurs déjà heureux de pouvoir se dégourdir les jambes quelques secondes alors que le score du match est de 117 à 80 ou quelque chose d’approchant.
En ajoutant le facteur « minute », on peut vraiment s’apercevoir des joueurs dont le rendement a été catastrophique. En tête du classement pour un temps de jeu de plus de dix minutes, on retrouve Quinton Ross, l’ancien joueur des Clippers avec pas moins de 11 matchs conclus par un 0-0-0. Jim McIlvaine est deuxième avec 9 matchs et l’ont comprend mieux pourquoi Shawn Kemp a pété les plombs en raison d’un salaire à peine supérieur à celui de l’ancien pivot des Sonics. Le quintuple champion NBA Steve Kerr est troisième (8 matchs) et devance une belle brochette de joueurs actuels comme Joel Anthony, DeShawn Stevenson, ou Keith Bogans. Trois français, Ronny Turiaf, Michael Gelabale et Ian Mahinmi, nous font l’honneur de leur présence dans le Top 100…
Si l’on passe à vingt minutes de temps de jeu, seuls 34 joueurs ont réussi l’exploit de finir avec un zéro pointé, et cinq (Joel Anthony, Carlos Arroyo, Shane Battier, Jason Collins, et Ryan Gomes) l’ont même réalisé à deux reprises. Les All-Stars Glen Rice et Nick Van Exel font partie de cette liste de la honte, que vient de rejoindre Kentavious Caldwell-Pope et Iman Shumpert.
Enfin, Derek Fisher est le seul à avoir terminé avec une pareille ligne de stats en plus de trente minutes (34 pour être précis). C’était en 2009 lors d’un Lakers-Rockets. Il a tout de même intercepté deux ballons lors de cette rencontre…
Match à moins d’une minute de temps de jeu…
Dans les statistiques de la NBA, un match est considéré comme « joué » dès lors que le joueur pose le pied sur le parquet, ne serait-ce qu’une seule seconde. Pour un certain nombre de joueurs, ceci est une routine. Ainsi, Mario West, passé par Atlanta et New Jersey à la fin des années 2000, totalise 162 matchs joués au sein de la ligue. Pour beaucoup de joueurs professionnels à travers le monde, ce chiffre est un rêve. Mais attention au trompe-l’oeil… Pas moins de 38 de ses apparitions l’ont été pendant quelques secondes, avant la mi-temps ou dans le « garbage time ». De quoi gonfler les chiffres. Steve Novak (24) et Kent Bazemore (19) sont en embuscade, et des joueurs tels que Brian Scalbrine, Dan Dickau, Matt Bonner, Jason Hart ou encore Chris Quinn sont eux aussi haut placés. Attention à Marquis Teague, actuellement dixième et qui pourrait faire une ascension fulgurante avec les Bulls cette saison. A noter que cela n’a pas empêché l’arrière des Sacramento Kings Darrick Martin de marquer 11 points en l’an 2000 face aux Mavericks en moins de deux minutes de temps jeu…
Malgré un statut pas toujours enviable, les joueurs mentionnés dans cette article comme Brian Scalabrine, Matt Bonner, Mark Madsen ou encore Jud Buechler ont tous, à un moment ou à un autre, connu leur heure de gloire et s’ils ont réussi à rester aussi longtemps dans la ligue, c’est aussi parce que leurs qualités de coéquipiers, leur volonté d’aider leur équipe à tout prix et leur mentalité faisant passer l’autre avant eux, ont séduit les coachs et managers de la NBA. La ligue a besoin de joueurs de ce pedigree, et avouons-le, il est tout de même très excitant quand l’un de ces seconds couteaux réalise le match de sa vie…