Interview Jason Kidd : « Je m’excuse auprès de mes anciens coaches. C’est un métier pas évident »

Après une longue et glorieuse carrière de dix-neuf saisons qui devrait le conduire jusqu’au Hall of Fame, Jason Kidd s’est lancé un nouveau challenge, celui de guider les Brooklyn Nets jusqu’au titre NBA. Le tout jeune coach a dirigé hier soir son équipe pour la première fois en compétition officielle, et Basket USA était là pour recueillir ses impressions avant son baptême du feu.

Comment se sent-on avant de diriger son tout premier match sur un banc en  NBA ?

Je me sens bien, même si je m’excuse de mon retard pour cette conférence de presse. Je n’ai pas encore le réflexe de venir à la rencontre des journalistes avant les matches (rires). J’ai la chance de très bien connaitre la quasi-totalité de mes joueurs et c’est plus un plaisir qu’un stress que de me retrouver sur le banc des Nets.

Abordez-vous les matches différemment ?

Oui et non. Oui parce que l’objectif reste le même à savoir dominer son adversaire et repartir avec la victoire. Non, parce qu’un match ne se gère pas de la même manière en étant présent sur le terrain ou pas. Maintenant si je veux faire passer un message à mes joueurs, ce ne sera plus en dirigeant le jeu balle en main mais en prenant un temps-mort. C’est une autre approche du basket, je travaille désormais beaucoup plus en amont, en essayant de préparer au mieux mes joueurs pour la saison et en analysant les forces et faiblesses de nos futurs adversaires.

En parlant d’adversaire, Miami sera-t-il votre plus grand rival cette saison ?

Nous avons à peine commencé le training camp. Laissez-moi d’abord me concentrer sur mon équipe et reposez moi la question dans quelques mois une fois que la saison sera bien entamée. Tellement de choses peuvent se passer d’ici aux playoffs que je préfère attendre et voir. Je suis trop bien placé pour savoir que parler du printemps en automne est dérisoire. A ce jour, nous sommes trente équipes sur la même ligne de départ. L’arrivée est encore si loin.

Le fait d’avoir été l’un des meilleurs meneurs du monde pendant une décennie facilite-t-il la transition de joueurs à entraîneur ?

Tout d’abord, je peux vous assurer que rien n’est facile dans le métier de coach, et je veux aujourd’hui m’excuser auprès de tous mes anciens coaches parce que ce n’est pas une place évidente à occuper. Mais j’ai eu la chance de côtoyer les plus grands entraîneurs au fil de ma carrière et je suis fier et honoré que les Brooklyn Nets aient fait appel à moi pour prendre en charge leur équipe. Cette franchise me tient à cœur comme vous pouvez vous en douter et je vais tout faire pour atteindre nos objectifs dès cette saison.

Quelle importance accordez-vous à un match de présaison, en particulier au premier de la saison ?

Nous avons déjà bien travaillé lors des premiers entraînements, mais rien ne vaut un match. A partir de demain, nous aurons une vraie base de travail avec des points précis à améliorer. Evidemment, la présaison me permettra de savoir quel rôle auront mes différents joueurs en début de saison régulière. Je ne vais pas faire jouer mes « vétérans » plus de dix à quinze minutes, mais vais essayer de voir sur qui je pourrai compter en sortie de banc.

La question de l’âge du groupe revient très souvent, notamment avec l’arrivée de trois vétérans comme Kevin Garnett, Paul Pierce et Jason Terry. Est-ce une problématique qu’il faudra gérer cette saison.

Pour moi, l’âge de mes joueurs n’est vraiment pas un problème, bien au contraire. Nous sommes très expérimentés et la plupart de nos cadres sont habitués depuis des années aux longs parcours en playoffs et aux matchs couperets. Ce sont de grands professionnels et leur éthique de travail est irréprochable. C’est justement pour cela qu’ils sont toujours aussi performants malgré l’enchaînement des saisons. Je peux vous assurer que l’on n’a jamais vu une équipe de gamins aller chercher le titre de champion. Cette question est donc le cadet de mes soucis.

Deron Williams a été très critiqué la saison passée, notamment dans les premiers mois de compétition. Comment se sent-il aujourd’hui ?

Deron est l’un des meilleurs meneurs de la ligue depuis des années. Il a très bien terminé la saison précédente et sera notre maitre à jouer sur le terrain. Avec des joueurs tels que Pierce, Garnett ou encore Lopez autour de lui, il sera All-Star en février prochain, je peux vous l’assurer.

En rentrant dans le vestiaire dans quelques instants, aurez-vous un petit pincement au cœur en ne voyant pas de maillot à votre nom accroché ?

Absolument pas. Les meilleures choses ont une fin. Je suis fier de ce que j’ai pu accomplir sur les parquets de la NBA, mais j’ai une nouvelle mission qui m’attend et c’est là que se focalise toute mon énergie et ma motivation. J’ai tourné la page. J’ai seulement hâte que la saison commence.

Propos recueillis au Verizon Center