Le fabuleux été de Joffrey Lauvergne

C’est un peu l’invité surprise de cette sélection bleue qui s’est envolée pour la Slovénie. Mais Joffrey Lauvergne, ou « le fils du boulanger » (en référence à son géniteur Stéphane, ailier rugueux en son temps) comme aime à l’appeler le sémillant David Cozette, n’a certainement pas volé sa place en Equipe de France.

Du banc de Chalon à la sélection nationale

Mis en couveuse à l’Elan Chalon de 2009 à 2012, la situation était devenue explosive lors de sa troisième saison en Bourgogne avec son coach Gregor Beugnot (désormais parti à Paris Levallois) et Joffrey a tranché dans le vif : décollage pour Valence. L’Espagne et la Liga ACB ne seront pourtant qu’une brève étape d’un mois car Lauvergne est contacté par le Partizan Belgrade.

Coéquipier fugace de Flo Piétrus (puis de Mickael Gélabale), Lauvergne arrive également en terrain conquis à Belgrade puisqu’il y retrouve Léo Westerman, son pote de l’INSEP. La greffe prend sans tarder avec Dusko Vujosevic, le coach exigeant mais formateur de talent du Partizan. Lauvergne va connaître une croissance express après son arrivée en Serbie en décembre dernier.

Le Partizan réalise le doublé Coupe – Championnat et Joffrey Lauvergne s’impose comme un intérieur majeur de cette équipe qui gagne. Il enchaîne les doubles doubles et impressionne par son engagement de chaque instant. Enfin canalisé dans le système Partizan, Lauvergne la boule d’énergie devient Lauvergne le pivot sélectionné en Equipe de France pour l’Eurobasket 2013.

Le volcan Lauvergne canalisé

Une ascension fulgurante pour celui qui, six mois plus tôt, se morfondait sur le banc de Chalon… Loin de Chalon, Lauvergne s’épanouit et aligne les trophées. Surtout, il prend en pleine poire les émotions fortes de la Serbie du basket.

« L’engouement était exceptionnel, c’est le sport numéro 1 là-bas. Après la Coupe, on n’a pas trop fait la fête, c’est surtout après le titre en Ligue de Serbie que l’on s’est lâché. Mais avec Dusko [Vujosevic], tout est sous contrôle. Il nous conseille beaucoup sur comment gérer le physique. »

Entré bien volontiers sous les ordres de son sorcier de coach, Lauvergne s’astreint à des séances supplémentaires pour continuer sa progression.

« Je veux progresser sur mon tir extérieur et la pénétration en dribble. Il n’aime pas trop les intérieurs qui s’écartent mais il voit aussi que j’ai bien progressé. Il faut dire que je fais 100 shoots réussis 4 fois par jour, il voulait, mais ça c’était avant que je sois appelé en Equipe de France, que je fasse 1000 shoots à 3-points réussis par jour. »

Drafté… mais pas de NBA à tout prix !

Pour ne rien gâcher à cet été en or, Joffrey Lauvergne a été drafté par les Denver Nuggets… qui ne sont autre que le club où évolue un autre ancien de l’INSEP, Evan Fournier. Alors, la prochaine étape est-elle de sauter le pas et d’aller jouer en NBA ? Lauvergne, le volcan en ébullition sur un terrain, met le holà !

« Pour le moment, je suis complètement au Partizan. Le fait d’avoir été drafté ne me donne aucune fierté particulière. C’était au second tour. Je préfère encore être en Europe et jouer que partir sans garantie à Denver. »

Le gamin a bien grandi ! Invité de dernière minute certes, Joffrey Lauvergne profite à plein de cette expérience en sélection. Energizer en sortie de banc pour aller secouer les baobabs sous les panneaux, le pivot du Partizan remplit un rôle similaire à celui de Joakim Noah lors du dernier Euro. La comparaison est volontairement osée, mais le profil d’intérieur physique et efficace qu’incarne le taureau de Chicago colle également à la peau de Joffrey Lauvergne.

Propos recueillis à l’INSEP