Il n’a mis qu’un tir primé de toute la soirée, mais comme souvent avec le plus prolifique shooteur de l’histoire de la NBA, il a visé juste au meilleur moment. Après son baroud d’honneur en fin de Game 5, Ray Allen a confirmé qu’il restait une arme très luxueuse et enviable en privant les Spurs de leur cinquième titre. Pour le champion 2008 et finaliste 2010, son tir de l’égalisation mardi soir restera comme l’un des plus importants de sa carrière.
Ray, pouvez-vous nous raconter ce tir à 5 secondes de la fin, comment vous avez vécu cette possession et le rebond de Chris Bosh ?
LeBron prend le tir et je sais alors qu’on a encore du temps. Je devais faire quelque chose et je suis allé dans la raquette en essayant de récupérer le ballon, ou au moins provoquer quelque chose. A ce moment, personne ne sait qui va récupérer la balle ni ce qui va se passer. Puis quand je vois CB (Chris Bosh) prendre le ballon, je reviens en arrière derrière la ligne à trois points. J’espérais être là où je le devais, sans en être franchement sûr. Mais avec des années de tirs, j’ai su trouver la position naturellement, à l’instinct.
Chris Bosh vient de dire que vous avez sauvé la saison. Quels sont les meilleurs mots pour résumer l’importance de votre tir ?
C’est un shoot dont je vais me souvenir pendant très longtemps. J’en ai réussi beaucoup à travers ma carrière mais celui là se classe très haut en raison du contexte, de la situation dans laquelle nous sommes alors. Nous étions mal embarqués compte tenu de la dernière minute et demi du match, mais toute l’année on a été résistants sans jamais rien lâcher. Nous avons gagné des matches en revenant de très loin, sans jamais abandonner. Gagner des titres implique souvent une part de chance, le rebond de la balle nous a été favorable ce soir mais ça n’a pas tout le temps été le cas. Nous avons été chanceux et c’est ce contexte qui rend ce tir si unique pour moi.
Vous avez été beaucoup critiqué pour quitter Boston et venir à Miami. Est-ce que ce soir, c’est une rédemption, un clin d’œil ironique ?
Je me concentre sur comment aider mon équipe. Depuis la première minute de mon arrivée, cette équipe m’a fait sentir comme chez moi. Boston a pris un chemin, moi un autre et quand je suis venu ici ils m’ont fait sentir que moi aussi j’étais membre de l’équipe championne. Donc la rédemption a été de gagner 66 matches, de terminer la saison avec le meilleur bilan de la ligue, de vivre ces playoffs et d’en arriver là où nous sommes aujourd’hui. J’ai passé une année extraordinaire avec ce groupe en dehors du parquet, grâce à l’esprit de camaraderie et la solidarité qui y règnent. Pour le meilleur ou pour le pire, nous allons encore combattre ensemble jeudi pour décrocher la lune.
Comment ressentez-vous en étant sur le parquet, cette impression d’énergie positive qu’influe LeBron sur toute l’équipe ?
Tout comme passe par lui, s’il est bien et qu’il est plein d’énergie, tout le reste de l’équipe le sent et s’en imprègne. S’il y a bien une chose que je m’attache à toujours faire avec lui, c’est de lui faire comprendre à quel point son aura, son intensité et son énergie affectent toute l’équipe. Il est un moteur quand il est sur le parquet. Sa façon de débuter les matches, de clore les quarts temps, sa défense, c’est un poids terrible à porter pour un seul homme de déterminer le rythme de son équipe. Il doit donc faire en sorte de toujours garder cet état d’esprit positif, de maintenir le cap dans la bonne direction. Nous, on le suit.
Ray, vous étiez sur le parquet pour le dernier Game 7 de l’histoire des Finals en 2010. Personne n’a gagné à l’extérieur sur un match décisif depuis 1978 et vous-même aviez perdu avec Boston à Los Angeles. A quel point savourez-vous donc l’avantage du terrain ?
C’est génial de pouvoir le jouer ici, clairement. Le dernier match 7 dont j’ai fait partie, il y avait cette sorte d’épaisseur dans l’air, ce sentiment que tout est contre vous. Nous étions en tête en début de quatrième quart temps mais nous avons manqué d’énergie. On était cuit, en panne d’essence. C’est là que jouer devant son public est crucial car ça donne cette énergie supplémentaire qui construit des momentum. C’est ce qui s’est passé ce soir.
Propos recueillis à Miami