Il n’a certes pas porté le drapeau de sa sélection (cet honneur revenant au cycliste Chris Hoy) à l’instar de Yi Jianlan ou Pau Gasol, mais pour l’ensemble de son œuvre, Luol Deng pourrait de fait recevoir une médaille.
Exilé politique après la descente aux enfers de son pays de naissance, le Soudan, Luol Deng n’a eu de cesse de redonner à son pays d’adoption, démontrant avec force que l’amour du maillot peut être plus fort que les logiques financières du sport de haut niveau.
Plus pour un mois de Deng que pour un an de Team GB !
Avec son poignet en compote et un passif chirurgical lourd sur le dos, Luol Deng a coûté plus de 400 000 dollars à sa fédération. Mais sans hésitation aucune, Team GB a paraphé le chèque qui couvre l’assurance de son joueur majeur. Mais comme le raconte le General Manager Ron Wuotila sur Sports Illustrated, c’était un no-brainer !
« La première année, ça nous a coûté plus d’assurer Luol pour un mois que de nous occuper de tout le programme pour un an. Les gens ont été choqués de voir que l’on voulait payer ces sommes, mais on était à un moment charnière de notre histoire. Chris Spice [Le directeur des performances à la fédération britannique – un ancien hockeyeur] a été le plus courageux, il nous a dit : ‘C’est notre seule chance d’exister’. »
Et il avait raison. Malgré la présence de Deng, les Britons ont déjà pris cher contre leurs grands frères américains à Manchester. Mais parce qu’il est là, et ce depuis qu’il a l’âge de 12 ans, Luol Deng permet encore à son équipe nationale d’exister sur la scène internationale. Et les louanges méritées ne cessent de tomber.
« Un mec authentiquement bon »
« L’implication de Luol dans notre programme n’a jamais été altérée. Il a raté le premier été parce qu’il n’avait pas encore obtenu son passeport. Mais il est venu au camp d’entraînement et a incité les jeunes joueurs à participer. Beaucoup de nos joueurs ont grandi en suivant Luol. C’est un gars authentique qui fait ce qu’il fait pour son pays pour toutes les bonnes raisons. »
Son coach Chris Finch est dithyrambique, et c’est bien normal, depuis son arrivée en 2006, Deng est passé par toutes les étapes, prenant des avions improbables pour aller disputer des matchs en Bosnie, en Suisse ou encore au Belarus. Et maintenant que la Grande-Bretagne a retrouvé l’élite et le groupe A de la FIBA, il savoure le chemin parcouru.
« On revient de très loin. On n’obtient peut-être pas beaucoup de reconnaissance pour ce que nous avons accompli, mais le basketball britannique a énormément progressé. La preuve, c’est que maintenant, l’Espagne, la France se préparent pour nous affronter. »
Soudan, Alexandrie, Londres, Duke, Chicago…
Allégorie de son aventure personnelle chaotique, son expérience avec Team GB est tout aussi belle à voir. Trimballé entre le Soudan qu’il quitte précipitamment à l’âge de 5 ans alors que son père, ministre du pays en déliquescence, doit purger une peine de prison d’un an, Luol vit pendant 5 ans avec ses 11 frères et sœurs dans un 2 pièces à Alexandrie, en Egypte.
Il y découvre le basket et se prend rapidement au jeu grâce à sa taille héritée de son ascendance Dinka (une tribu du Sud-Soudan d’où provient également le regretté Manute Bol). Une fois libéré, son père Aldo rapatrie sa famille dans le quartier de South Northwood, dans la banlieue de Londres.
Inscrit au Brixton Topcats, l’histoire de Luol est en marche. Une histoire qui l’emmènera jusqu’aux équipes de jeunes dès l’âge de 12 ans et vers la NBA en passant évidemment par la case Duke, où son coach Mike Krzyzewski, a pu découvrir la classe internationale du joueur… mais également du bonhomme.
« Je ne vois pas comment Luol n’aurait pas pu jouer pour la Grande-Bretagne. Ce n’est pas rare que la NBA demande des assurances supplémentaires. Ce qui l’est davantage, c’est quelqu’un comme Luol. C’est un mec superbe qui est un joueur de classe mondiale quand il est en bonne santé. Il est une histoire incroyable, son esprit est formidable. C’est tout ce dont une équipe nationale peut rêver. »
Finalité ou nouvelle étape, ces Jeux Olympiques sur ces terres sont en tous les cas une belle récompense pour Luol Deng qui incarne plus que jamais l’identité du basket britannique.