Figure de proue du basket britannique, John Amaechi est un homme en mission.
Depuis son passage en NBA dans les années 90 (Orlando, Utah notamment) pour compléter un CV rutilant (Pana’, Kinder Bologne, Limoges, Cholet…), le grand John a créé des émules dans son île natale et si Luol Deng a bien repris le flambeau sur le terrain en devenant le premier britannique de l’histoire à devenir All-Star NBA, Amaechi continue son combat pour rendre son sport plus populaire dans un contexte vraiment pas facile, tiraillé entre football, rugby… et même le billard.
Actuellement consultant de luxe pour la télé britannique, Amaechi est également un porte-drapeau de la cause homosexuelle depuis qu’il est sorti du placard à la fin de sa carrière professionnelle. Au centre de la controverse Tim Hardaway, John Amaechi n’a pas baissé la garde et continue de promouvoir le basket en ayant notamment permis la construction d’une salle ouverte à tous dans sa ville de Manchester.
John Amaechi, c’est 2m08 de gentillesse et une poignée de main qui demande le respect !
Que retenez-vous du Team GB ces dernières années ?
Qu’ils ont réalisé de superbes progrès depuis quatre ans…
Vous avez joué dans cette équipe aussi, ça a changé des choses…
Oh non, c’était il y a très longtemps ça. A l’époque nous n’étions pas bons du tout. Non ils ont effectué un grand bond mais le problème, c’est que toutes les autres nations continuent également de s’améliorer à une vitesse accélérée aussi. Et donc, si nous, on parvient à devenir meilleurs à notre rythme, des équipes comme l’Argentine, la Turquie, l’Espagne s’améliorent elles de manière exponentielle.
Vous êtes en tout cas très impliqué dans le développement du basket en Grande Bretagne, vous avez par exemple ouvert un centre à Manchester, le John Amaechi Centre.
Le problème dans ce pays est qu’il n’existe pas vraiment de salles accessibles pour les jeunes. Alors on a construit ce centre, et l’on espère en construire davantage dans le futur, où les joueurs peuvent disposer d’un coaching de haut niveau garanti et où ils peuvent venir à un prix abordable. C’est pour nous une étape cruciale pour améliorer la situation du basket en Grande Bretagne.
Quelle est véritablement la place du basket en Grande-Bretagne quand le foot, le rugby sont si présents dans la culture locale ? Comment pouvez-vous lutter face à cette concurrence déloyale ?
On peut lutter, mais vous savez, pour le moment, on est derrière le billard anglais [le fameux snooker, ndlr]. Pour l’instant, c’est comme ça mais l’Espagne a réussi, et là-bas aussi, le football est ultra puissant. Donc cela peut être accompli.
Vous avez connu plusieurs pays dans votre carrière, et on ne le sait peut-être pas trop mais vous avez commencé en France à Cholet avant votre passage en NBA, quels souvenirs gardez-vous de cette époque ?
C’était il y a tellement longtemps. J’ai joué à Cholet oui, c’était incroyable pour moi. C’était une expérience tout à fait spéciale pour moi de pouvoir jouer au basket et en même temps goûter à un autre style de vie dans d’autres pays. Ce sont de très bons souvenirs.
« vous pouvez aimer le basket, mais s’il n’y a pas les structures pour vous accueillir, cela ne marchera pas »
Londres va accueillir les Jeux, est-ce que vous pensez que cela peut avoir un impact similaire sur l’image du basket en Grande Bretagne comme avait pu l’avoir la Dream Team il y a 20 ans après Barcelone ?
Je pense que ça peut de fait stimuler et motiver les jeunes générations. Clairement, si vous regardez ce soir dans les travées [ndlr : le soir du match USA – Grande Bretagne], vous voyez que cet effet est avéré. Mais le problème des infrastructures demeure. Peu importe si vous avez été ouvert à un nouveau sport, si vous ne pouvez pas le pratiquer dans des conditions potables, ça ne marchera pas.
Quel est votre pronostic pour les JO ? Pour votre Team GB d’abord et pour le tournoi olympique en général ?
Pour Team GB, tout va dépendre de la capacité de nos joueurs à être capables d’atteindre leur niveau maximal au bon moment. Si Luol est le seul à pouvoir rivaliser dans ce contexte, notre équipe va avoir des problèmes rapidement. Ensuite, pour le tournoi, je vois clairement Team USA, l’Espagne et l’Argentine.
Ah, vous ne pensez pas que la France puisse y arriver ?
Oh, ils sont très bons mais je ne pense pas qu’ils puissent battre l’Espagne ou l’Argentine. Je vois ces trois équipes au-dessus, sur le podium et dans le désordre.
Propos recueillis par Emmanuel Laurin à Manchester