« Oui, je pense qu’il y a clairement quelque chose à retenir de toutes ces blessures. » Sam Presti fait ici référence à cette campagne de phases finales marquée par les sorties sur blessures, graves, de Tyrese Haliburton lors du Game 7 de la finale NBA, ou plus tôt, de Jayson Tatum avec les Celtics.
« Cela fait maintenant plusieurs années de suite qu’en playoffs, les meilleurs joueurs de certaines équipes ne sont pas sur le terrain. On doit absolument sortir de cette posture défensive qui consiste à vouloir convaincre les gens, les joueurs et les équipes qu’il n’y a aucun lien entre la charge de travail et les blessures », réclame le dirigeant du Thunder.
S’il y a bien une équipe qui sait ce que signifie une saison à rallonge, c’est son Thunder. La franchise a disputé neuf mois de compétition, dont deux mois de playoffs à haute intensité, poussés jusqu’au bout grâce au tout premier Game 7 des Finales NBA depuis près de dix ans. Les champions ont même joué un 83e match officieux avec leur participation à la NBA Cup 2024.
« On frôle un niveau qui devient presque insultant. Ça ne veut pas dire que c’est la faute de quelqu’un. Ça ne veut pas dire non plus qu’on ne veut pas que les meilleurs joueurs soient sur le terrain chaque soir. Il ne s’agit pas de joueurs qui ne veulent pas jouer ou qui manquent de dureté ou quoi que ce soit dans ce genre. Mais je ne pense pas qu’on doive faire l’autruche et faire comme s’il n’y avait aucune corrélation », s'agace l'architecte du titre de 2025.
Son discours contraste avec la posture affichée par Adam Silver. Ce dernier, il y a un mois, affirmait encore qu'aucune donnée ne démontrait par exemple que la réduction des matchs réduirait le nombre de blessures.
« On joue presque deux fois plus qu’il y a dix ans »
« La raison, c’est que quand on se réfère aux données, celles-ci datent d’il y a dix ou vingt ans. Or, le jeu est devenu un sport totalement différent, même par rapport à seulement quelques années en arrière, à cause du nombre de possessions, de la manière dont les attaques fonctionnent aujourd’hui. Ce n’est plus juste des joueurs postés derrière la ligne à 3-points, attendant une prise à deux pour que le ballon ressorte. Il y a énormément d’implication sur chaque possession. En réalité, on joue presque deux fois plus qu’il y a dix ans, si l’on considère l’intensité et l’engagement physique sur chaque action », analyse Sam Presti.
L’ajout par Adam Silver de la règle des 65 matchs pour être éligible aux récompenses individuelles, combiné à la NBA Cup, a engendré de véritables embouteillages dans la seconde moitié de la saison régulière. Janvier et mars sont désormais les mois les plus chargés du calendrier NBA. C’est à ce moment-là que la majorité des équipes enchaînent le plus de back-to-backs. Résultat, des joueurs arrivent en playoffs à bout de souffle.
« Il faut prendre en compte le fait que tout le monde essaie de jouer un maximum de matchs à cause de la règle des 65 rencontres. Il faut aussi considérer que la deuxième moitié du calendrier est plus condensée qu’elle ne l’a été ces dix dernières années […] Du coup, on a beaucoup moins de souplesse dans le calendrier, un jeu qui pousse vraiment les joueurs à la limite comparé aux saisons passées, avec beaucoup plus de sollicitations et de torsions physiques. Et cette intensification physique, on l’a parce que c’est la direction que l’on veut donner au jeu », termine Sam Presti.