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Rachid Meziane, un pionnier français en WNBA

WNBA – Premier coach de formation européenne à devenir « head coach » dans la ligue féminine américaine, Rachid Meziane va prendre la tête du Connecticut Sun. Pour celui qui dirigeait Villeneuve d’Ascq et la sélection nationale belge, c’est une nouvelle vie qui débute.

Rachid Meziane, le nouveau coach du Connecticut Sun en WNBAUn mois après avoir été annoncé comme nouveau coach du Connecticut Sun, en WNBA, Rachid Meziane a rejoint les États-Unis ce week-end. Ayant fait ses adieux à son club de Villeneuve d’Ascq, l’entraîneur français de 44 ans débute officiellement sa nouvelle vie, une vie de pionnier puisque jamais aucune coach de formation européenne n’avait obtenu un poste de « head coach » dans la ligue féminine américaine !

« C’est de la fierté mais c’est aussi une pression supplémentaire car même si j’ai ouvert une porte, j’ai surtout envie que cette porte reste ouverte. Et que d’autres puissent nous rejoindre » nous explique-t-il ainsi.

Un bâtisseur

Une étape de plus d’un parcours atypique pour le technicien, qui casse les codes d’un milieu où les postes ont souvent été réservés aux anciens basketteurs et anciennes basketteuses professionnels. Rachid Meziane n’a lui goûté qu’à la Nationale 2, avant que les blessures ne le poussent à se diriger à plein temps vers le coaching.

« Mes grands frères et mon père étaient plutôt attirés par le football, mon père l’ayant pratiqué à haut niveau, et tout a commencé à la suite à un déménagement, à l’époque où ils montaient tous les « City stade » qu’on voit dans les quartiers populaires. Une fois qu’on y jouait au foot, avec notre ballon, on finissait par y jouer au basket. C’est quelque chose qui m’a plu, ça correspondait à l’après-JO de Barcelone avec la « Dream Team » qui, comme son nom l’indique, m’avait fait rêver » nous raconte le natif de Clermont-Ferrand. « Je me suis donc vite intéressé au basket et j’ai très vite été captivé par la culture tactique du jeu, l’esprit collectif… J’ai commencé à le pratiquer et, très rapidement aussi, en rendant service à mon club de l’AS Montferrand, d’entraîner des jeunes catégories. Et c’est comme ça, finalement, que j’en suis arrivé là aujourd’hui. »

La suite est un parcours de vie et d’opportunités qui le poussera vers le basket féminin, de son recrutement par la ligue Auvergne de basket pour s’occuper du Pôle Espoirs masculin et féminin, sa rencontre avec Stéphanie Dubois, une ancienne basketteuse pro qui devient sa femme puis son intégration à l’organigramme du centre de formation de Challes-les-Eaux après avoir rencontré le président du club alors qu’il visite des appartements avec sa compagne.

« Si je devais me définir, je dirais que je suis un bâtisseur. J’aime construire, travailler sur le long terme parce que quand on veut construire et développer une culture de la gagne, et pas seulement une culture de l’exploit, ça se fait dans le temps. Ça se fait à moyen terme et c’est pour ça que j’aime me définir comme un bâtisseur. »

Faire confiance au karma et au destin

Est-ce ce qui a attiré le Connecticut Sun, qui part sur un nouveau cycle avec le départ de sa coach, Stephanie White, et des leaders (Alyssa Thomas, DeWanna Bonner, Brionna Jones…) qui sont toutes « free agents » ?

« Il y a peut-être une partie de ça, même si je pense que la plus grosse partie est liée au succès de ces dernières années » reconnait-il. « Je suis champion d’Europe avec la sélection belge en 2023, on est championnes de France avec Villeneuve d’Ascq, vice-championnes en Euroleague alors qu’on sait que les équipes françaises ont du mal à faire partie du dernier carré en Euroleague, pas parce qu’on n’est pas bon mais parce qu’on n’a pas l’économie des clubs turcs ou à l’époque des clubs russes. »

Fier de ce qu’il a fait dans le Nord sur les six dernières années, Rachid Meziane avait été approché par le très riche et ambitieux club turc de Mersin en avril dernier. Villeneuve d’Ascq avait alors bloqué son départ mais, quelques mois plus tard, c’est la WNBA qui sonne à la porte. Impossible de priver le coach de cette opportunité.

C’est d’ailleurs une constante dans la carrière du coach, pourtant pas du genre à forcer les choses. À chaque fois qu’une porte se ferme, une autre, plus grande, semble s’ouvrir devant lui…

« Je dis souvent que c’est le karma, le destin, que les choses sont écrites. En effet, ne pas avoir eu cette opportunité à Mersin et rejoindre désormais la WNBA, c’est facile de dire aujourd’hui que c’est un mal pour un bien mais ce n’est pas des choses qu’on maîtrise. Mais au-delà des portes qui s’ouvrent, ça a toujours été très important dans mes valeurs de ne jamais forcer les choses. J’ai toujours respecté les fonctions que j’ai pu avoir en tant qu’assistant. On sait qu’on peut parfois avoir des assistants malintentionnés, moi j’ai toujours respecté les coachs avec lesquels j’ai travaillé. Et je ne suis jamais allé taper à la porte d’un club pour proposer mes services. Ça a été ma façon de faire, dans ma vie et dans ma carrière, de laisser le destin faire les choses. Et c’est vrai qu’avec le recul, l’histoire est belle. Surtout pour quelqu’un qui n’a pas été un basketteur professionnel, qui est un gosse des quartiers nord de Clermont-Ferrand, issu d’une famille ouvrière. »

Un contrat de quatre ans avec Connecticut

La belle histoire va donc continuer aux États-Unis pour Rachid Meziane, conscient de plonger dans un autre monde, un monde pas forcément toujours bienveillant pour les « outsiders ».

« Pouvoir compter sur une durée de contrat assez longue pour bâtir, ça rassure. Bien entendu, je prends la place d’un coach américain ou d’une coach américaine donc ça met une pression supplémentaire mais je ne veux pas me laisser polluer par cette pression négative. Je veux me concentrer sur mon travail et Connecticut me met dans de très bonnes conditions pour donner le meilleur de moi-même et c’est dans cet état d’esprit là que je vais y aller. »

Avec un contrat de quatre ans en poche, l’entraîneur français peut bâtir à moyen terme, comme il aime le faire.

« Il y a une vraie volonté d’être dans la coconstruction à tous les niveaux, au niveau de l’effectif ou du staff. Toutes les réflexions sont partagées, il y a beaucoup de consultation avec Morgan Tuck, la GM, ou Darius Taylor, le directeur des affaires sportives. Les décisions sont prises de façon collégiale, avec notre présidente Jennifer Rizzotti. J’ai vraiment le sentiment que Connecticut fait tout son possible pour me mettre dans les meilleures conditions. Même si je sais que rejoindre la WNBA, c’est vraiment sortir de ma zone de confort, par rapport à ce que je connais en France, il y a vraiment de très bonnes intentions de leur part pour me mettre en confiance. »

Car c’est un tout nouveau cycle qui commence pour le club, habitué des playoffs depuis 2017, avec notamment deux Finals perdues (2020 et 2022), qui devrait rebâtir un nouveau projet, avec notamment la française Leïla Lacan.

« On va mettre toutes les cartes sur table. Il y a un nouveau cycle qui se met en place, alors on veut être compétitifs, ne serait-ce que pour attirer des prospects et des jeunes joueuses, mais il y a une nouvelle page à écrire de l’histoire de Connecticut. C’est aussi rassurant de savoir que je rejoins une franchise qui fait confiance à ses coachs et qui donne l’impression de travailler sur le long terme avec ses managers. »

Des principes de jeu collectifs

Apprécié pour sa sérénité et le calme qu’il dégage depuis le banc, Rachid Meziane a aussi été recruté pour son style de jeu. Un style basé sur le collectif et le partage des responsabilités, tant en attaque qu’en défense.

« Les coachs ont forcément un style de jeu mais, pour moi, ce sont les joueuses qui définissent le jeu et donc la construction de l’équipe représente 85% du style de jeu qu’on va avoir sur le terrain » nous détaille-t-il encore. « Ce que j’aime, c’est avoir des responsabilités qui sont partagées, un scoring partagé, des efforts partagés. J’aime construire mes équipes avec l’idée de savoir qu’on peut marquer des points sur beaucoup de postes de jeu. Ça ne veut donc pas forcément dire construire autour de superstars ou, si on a des superstars, de les inscrire dans un projet de culture de jeu collectif. Pour parler purement basket, je veux que le ballon circule, avec du jeu de passes, du mouvement, une bonne alternance intérieur/extérieur, et donc développer une vraie culture tactique aussi. Je ne suis pas du genre à miser sur une seule joueuse et je cherche à rester fidèle à ce principe de partage. »

Des principes qui ont fait leurs preuves partout où il est passé.

« Si on regarde sur ces cinq dernières années à Villeneuve d’Ascq, j’ai cinq ou six joueuses qui sont à plus de dix points de moyenne. Aujourd’hui, la notion d’adresse et notamment de shoot à 3-points est incontournable également. Et puis la dernière chose, c’est le up-tempo, le fait de mettre du rythme. Sur le plan défensif, il y a évidemment des choses non négociables dans l’effort, l’énergie, la tenue des duels et le contrôle des choses basiques mais essentielles dans le très haut niveau : le rebond, le repli défensif. Je n’ai rien inventé mais revenir sur des choses simples, bien faites et efficaces, c’est vraiment le basket du futur. »

Et le fait de coacher en anglais ? Rachid Meziane n’est pas inquiet par rapport à ce changement, même s’il avoue prendre des cours pour développer sa prononciation et son vocabulaire, surtout en vue d’interagir avec la presse.

« On a toujours des joueuses étrangères dans nos effectifs, même si ça va être différent de manager une équipe majoritairement anglophone alors qu’on a plus l’habitude d’avoir une équipe majoritairement francophone. L’anglais du terrain ne me pose pas de problème, je ne suis pas sûr de pouvoir tenir des conversations de trois heures dans la rue, à parler de politique américaine, mais en ce qui concerne le terrain, je n’ai pas de doutes sur ma capacité à pouvoir le faire. Ça va être un défi, l’anglais, ce n’est pas ma langue maternelle mais j’ai déjà mis des choses en œuvre pour monter en compétence à ce niveau-là. Et ce n’est pas quelque chose qui me stresse. »

Il y a suffisamment d’autres défis, plus grands et plus piégeux, qui attendent le pionnier Français en WNBA.

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