Lucas Dussoulier parle d’un « tir de l’espace ». Voilà ce qu’il a fallu à Worthy De Jong et aux Hollandais pour décrocher, non pas la Lune, mais la médaille d’or dans le tournoi 3×3. Au détriment de Français qui ont pourtant plusieurs fois posé une main sur la médaille d’or.
Quand Franck Seguela, d’une claquette à 30 secondes de la fin, offrait deux points d’avance à sa formation (16-14). Ou quand, après que ce diable de Worthy De Jong a trouvé un moyen d’égaliser pour envoyer les deux équipes en prolongation, Timothé Vergiat redonnait un point d’avance aux Bleus (17-16).
Le même Français s’est retrouvé à devoir contester le tir final du Hollandais fou. Une « défense parfaite, Tim ne pouvait pas mieux faire », juge Lucas Dussoulier. Le genre de tir, à reculons et très compliqué, qui permet à l’attaque de battre la défense. L’adage, repris par Karim Souchu, est connu. « Il nous a déjà mis des tirs comme ça, on en a déjà mis contre lui aussi », relativise le sélectionneur.
Cruel et magnifique
Et c’est ainsi que se terminait la fabuleuse aventure des Bleus, partagés entre la fierté d’avoir remporté une improbable médaille d’argent. Et la déception d’être passés si près du plus beau métal olympique.
« C’est la dramaturgie du 3×3. Parfois on le déteste, parfois on l’adore. Ce soir, on l’a détesté un peu au début, mais on a tellement adoré sur d’autres séquences, sur d’autres matchs », formule Timothé Vergiat, « cuit physiquement et mentalement », comme les autres. « C’est le 3×3, c’est le sport qu’on connaît bien, qui est cruel, mais qui peut être magnifique aussi », complète Jules Rambaut.
Si la pièce n’est pas tombée du bon côté cette fois-ci, les Bleus n’oublient pas les fins heureuses qui ont jonché leur parcours jusqu’à ce grand final place de la Concorde. « On a gagné des matchs de fous furieux », lâche Timothé Vergiat en rappelant le point de départ de cette aventure : la Hongrie et son tournoi de qualification olympique il y a deux mois.
Non, il ne faut pas oublier que la Mongolie s’est retrouvée avec un paquet d’orteils à Paris : à deux minutes trente de l’issue, les Mongols n’avaient plus que deux points à inscrire pour se qualifier (15-19). Mais la catastrophe qui se profilait n’a pas eu lieu. Les Bleus l’ont emporté sur le fil après un tir décisif de Timothé Vergiat (21-20). Du bon côté de l’histoire cette fois.
Renverser des montagnes
Les émotions étaient encore au rendez-vous pour les Français une fois arrivés à Paris. Une victoire de deux points face à la Pologne pour démarrer, une autre d’un point face à la Lituanie… « Nous on adore ça, ces émotions-là. C’est un peu sadique de dire ça, mais c’est un peu pour ça qu’on joue aussi, pour ces émotions-là, dans les deux sens », poursuit Timothé Vergiat selon qui son équipe revient de « très, très loin ».
Car le bon départ de la formation tricolore a rapidement été gommé par les quatre défaites consécutives qui ont suivi. Au point que la dernière rencontre de poule face à la Chine a eu valeur de match couperet. La France est passée. Et « là, on a commencé à proposer des choses vraiment bien » selon Jules Rambaut. Et comment : des victoires face aux cadors de la discipline, les Serbes, puis les Lettons.
« On a battu les meilleures équipes mondiales, certaines qu’on avait jamais battues depuis dix ans. On a été bons au bon moment. Quand on a perdu des matchs un peu bêtes, ou alors sur des buzzers, on est restés solidaires. Je le dis depuis le début, c’est le groupe qui allait gagner. […] Et le faire ici, Place de la Concorde, on a renversé des montagnes ici. C’est symbolique », qualifie Karim Souchu.
« Personne n’attendait à ce qu’on soit là honnêtement, vous les premiers je pense », poursuit Lucas Dussoulier en s’adressant aux journalistes. « On a maximisé nos chances de faire un résultat, on ne se retrouve pas là par hasard. C’est le résultat d’énormément de travail avec 3×3 Paris et la Fédération, d’abnégation, de beaux moments mais aussi de moments terribles », poursuit Jules Rambaut, en terminant : « C’est quand même une très belle médaille autour du cou. »
Propos recueillis par Dimitri Kucharczyk à Paris.