Les voies du Hall of Fame sont impénétrables. C’est une formule qui revient très régulièrement dès qu’il s’agit d’évoquer le panthéon du basket et notamment le système qui permet aux joueurs, aux coaches ou aux dirigeants d’y entrer.
On sait simplement que, pour devenir Hall of Famer, la personne concernée doit recevoir au moins 18 voix, sur un panel de 24 votants. Raconté ainsi, cela semble assez basique, mais le mystère reste entier.
« J’ai servi dans toutes les fonctions de chaque comité », raconte à ESPN Bob Cousy, 94 ans et membre du panthéon depuis 1971, dont il fut même le président. « Pour une raison ou une autre, je n’ai jamais pris le temps de m’informer sur le processus du vote. C’est assez byzantin et ça ne passerait sans doute pas devant la Cour Suprême. »
L’ancien meneur de jeu de Boston ne peut, lui-même, pas fournir davantage de détails. On peut se demander qui sont ces 24 votants ? Puis, qui les nomme ? Enfin, combien de temps ont-ils le pouvoir de sélectionner les futurs membres du panthéon ? Pour cette dernière question, la réponse est la suivante : trois ans.
Pour les deux premières interrogations, c’est plus mystérieux. Car contrairement aux panthéons du football américain et du baseball, l’identité des votants du Naismith Memorial Basketball Hall of Fame est inconnue du grand public. Nos connaissances se limitent simplement au site officiel de l’institution, qui annonce que les 24 votants sont composés de « Hall of Famers, dirigeants, membres des médias et autres experts du basket ».
Du secret pour plus d’intégrité
Pourquoi cette différence avec les autres sports ? Comme Bob Cousy, Jerry Colangelo n’est pas vraiment d’une grande précision… « Aucune raison particulière », répond le responsable du Hall of Fame. « C’est simplement que ça a toujours été comme ça. »
Il y a tout de même un avantage dans ce processus caché et qui semble contrintuitif : éviter les pressions. « On veut protéger les gens qui votent et cela permet d’éviter des choses qui peuvent se produire dans d’autres sports », précise Jerry Colangelo. « Si les noms sont connus, il y a potentiellement un souci d’intégrité. Parmi les votants, on a des coaches, des dirigeants, des journalistes qui travaillent encore. »
Garder le secret des décideurs, est-ce vraiment efficace pour éviter les polémiques et les pressions ? « Tous les Hall of Fame ont des défauts, car c’est la nature même du vote : il y a toujours un biais », explique un ancien votant. « Mais là, il n’y a pas de corruption. »
C’est aussi une garantie pour obtenir un vote plus juste, où les acteurs ne trembleront pas face aux possibles retombées médiatiques. « Pourquoi autant de confidentialité ? Ce n’est pas pour être secret, mais pour protéger les votants, pour qu’ils ne se retrouvent pas dans une situation inconfortable », assure John Doleva, le président du Hall of Fame.
Cela permet ainsi à un Hall of Famer de refuser de voter pour un ancien coéquipier, qui était pourtant éligible, sans que cela ne devienne un sujet de débat sur les plateaux de télévision ou sur les réseaux sociaux par exemple. Ce qui est déjà arrivé, apprend-on dans cet article de nos confrères d’ESPN.
Évidemment, les votants ne doivent jamais dévoiler leur identité et encore moins livrer les coulisses de leur vote publiquement. Si cela arrivait, quelle serait la sanction du Hall of Fame ?
« Pour être honnête, on n’a jamais connu une telle violation dans les médias », constate John Doleva, qui n’est donc pas en mesure de donner la nature de la sanction, elle-même secrète visiblement. Décidément, les voies du Hall of Fame sont toujours aussi impénétrables…