Les Celtics sont plus grands et plus imposants à toutes les positions et pourtant, après deux matchs, les Warriors qui dictaient leur loi dans la raquette. Les hommes d’Ime Udoka s’étaient jusque-là empalés sur la défense de Golden State mais, cette nuit, ils ont été plus incisifs pour prendre de vitesse leurs adversaires et les punir avec 52 points inscrits dans la raquette alors qu’ils en avaient cumulé 58 lors des deux premiers matchs. En face, Golden State ne marque que 26 points. Au rebond, même domination avec 47 prises à 31 !
« Lors du dernier match, je ne nous avais pas trouvés bons dans notre attaque du cercle mais aussi pour trouver le joueur ouvert et poursuivre l’action, » expliquait Ime Udoka après la rencontre. « Ce soir, notre spacing était bien meilleur. Les gars ont fait preuve de patience pour trouver des lignes de pénétrations et atteindre le cercle. Les « deuxième chance » et les rebonds offensifs ont été énormes pour nous ce soir. »
Stephen Curry ciblé et ralenti
Si les Celtics ont pu utiliser les trois jours entre les Game 2 et 3 pour s’ajuster tactiquement avec un spacing plus intentionnel. L’un des changements majeurs entre ces deux matchs était toutefois une intensité et une agressivité décuplée pour les hommes d’Ime Udoka, comme c’était le cas après la défaite des Warriors lors du Game 1.
« En dernier quart-temps, ils ont juste joué plus dur, plus physique, » lançait froidement Andrew Wiggins. Malheureusement pour les Warriors, ce quatrième quart-temps était simplement dans la continuité de la première mi-temps. Tout le monde savait que les Celtics allaient débuter fort le match grâce à l’énergie de leurs fans, et malgré tout, les Warriors sont tombés dans le panneau et ont dû courir après le score toute la rencontre.
« En première mi-temps, nous n’avons pas du tout défendu le porteur de balle. C’était le plus gros problème, défendre sur le porteur de balle, sur le premier drive, » analysait Steve Kerr. « Ils n’ont pas vraiment joué différemment, ou changé de système. Ils nous ont juste battus en un-contre-un. C’était opération « portes ouvertes » dans la raquette, et ça a donné le ton de la rencontre. »
La recherche du « matchup » favorable est la clé de la NBA actuelle, et on a vu des Celtics attaquer systématiquement Stephen Curry. Ses deux fautes rapides l’ont forcé à être moins agressif sur le porteur mais les autres Warriors ont aussi souffert dans ce secteur. Draymond Green, en particulier, n’a jamais pu ralentir Jaylen Brown en première mi-temps et il était également beaucoup moins présent en deuxième rideau.
15 rebonds offensifs = 22 points inscrits en « deuxième chance »
« On dit toujours entre nous qu’on veut faire jouer nos adversaires avec la main gauche. C’est à dire les orienter à gauche car la main droite est toujours un point fort, et ce soir on les a laissés driver main droite, et c’est de ma faute parce que c’est à moi de donner le ton, » expliquait Draymond Green après avoir expliqué qu’il avait fait un match merdique. « Quand vous permettez à votre adversaire d’être à l’aise, en particulier chez eux devant leurs fans, ça devient très compliqué. »
Comme le répète Steve Kerr depuis le début des ses playoffs, tous les éléments d’un match sont liés les uns aux autres. Si vous ne contrôlez pas vos un-contre-un, votre défense doit effectuer plusieurs rotations. Avec les rotations, les face-à-face changent, et les attaquants peuvent trouver des brèches pour attraper des rebonds offensifs.
Le mouvement offensif des Warriors est un exemple flagrant de cette théorie. Cette nuit, les Warriors ont été mangés à leur propre sauce.
« Il y avait beaucoup de rebonds longs et on n’a pas pu faire nos écrans retards, » concédait Kevon Looney pour expliquer les 15 rebonds offensifs de Boston. Le déficit au rebond offensif est donc la conséquence d’un problème plus large, la défense en un-contre-un des Warriors. Ils ont perdu les deux matches dans lesquels ils n’ont pas pu contrôler leur vis-à-vis. Ce sera une priorité lors du Game 4.
L’impact de Robert Williams III
Les rebonds offensifs de Boston, et les 22 points marqués sur « deuxième chance » viennent également du choix tactique d’Ime Udoka de jouer grand. Alors que les Celtics ont eu du mal à défendre Stephen Curry avec deux intérieurs sur le terrain lors des deux premiers matchs, cette nuit, Robert Williams III en particulier a réussi à limiter la casse.
Sa présence sur le terrain permet non seulement à Boston d’avoir une menace au rebond et dans la raquette pour les alley-oops mais également une menace en défense pour limiter les points dans la raquette de Golden State. Son contre monstrueux sur Stephen Curry dans le dernier quart-temps a validé la victoire des Celtics.
« C’est un pion essentiel de notre plan de jeu, » confirmait Ime Udoka après le match. « Jouer avec des grands, prendre ces 15 rebonds offensifs, et marquer 22 points sur « deuxième chance »… On avait besoin de tout ça pour gagner le match. On veut imposer notre détermination et notre taille dans cette série. Évidemment, c’est plus facile à dire qu’à faire lors de chaque match mais quand on reçoit de telles contributions de Rob (Williams) et d’Al (Horford), on en récolte les fruits. »
Les Warriors ont prouvé lors des matchs précédents qu’ils pouvaient forcer la main d’Udoka et sortir Williams ou Horford. Lors du Game 4, ils se devront toutefois d’être plus agressifs et rigoureux pour ne pas attendre le troisième quart-temps pour jouer leur basket. Un très bon 3e quart-temps ne suffit pas pour gagner un match.
« On sait qu’on peut mieux jouer, avec la même intensité que dans le troisième quart-temps, pour ne pas endosser le rôle de l’agressé. Car ce soir, nous avons dû essayer de gagner le match deux fois, » reconnaissait Stephen Curry. « On doit corriger ça si on veut remporter le Game 4. »
Lors des ces trois premiers matchs, des détails ont fait la décision pour l’une ou l’autre des deux équipes. C’est la partie d’échec de ces Finals. Est-ce que les Celtics peuvent continuer sur la lancée du Game 3, en mettant la pression sur la raquette adverse ? Est-ce que les Warriors peuvent retrouver le rôle de l’agresseur pour dicter leur loi défensive et forcer Boston à ne pas jouer aussi grand ? Ce sont les questions auxquelles les deux équipes vont tenter de répondre demain, avant de passer leur grand oral dans la nuit de vendredi à samedi, lors du Game 4.
Propos recueillis à Boston